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[ M u s e ] ft. Sigyn
 :: Montréal :: Centre-ville culturel :: Place des Arts

Pandore
Mails : 29
Surnom : Glass Dancer, Glassy, Doll, Blue
Emploi/loisirs : Danseuse, artiste, corps à vendre
Portrait robot : Avide, fragile et paradoxale, elle est un prototype d'artiste animée par un feu qu'elle ne s'explique pas.
$ : 576
Pandore
Lun 28 Jan - 15:06
Sigyn & Pandore
"Les chairs étaient d’un ton demeuré si vivant, le derme si pur et si satiné que l’aspect en était aussi cruel que fantastique." – Villiers-de-L’Isle Adam, L’Eve Future.
 
Derrière la vitre, le mouvement saccadé. Respiration inaudible, éclat éthéré. L’étoffe nacrée flottait, comme animée d’une vie propre. Un bras, léger comme l’onde, virevoltait, manipulant l’air autour de lui comme une eau claire. La chevelure de soie sombre, l’éclat spirituel d’un vitrail miroitant – c’était bien elle, la muse de Zeuxis. Elle qui aujourd’hui, toile vivante, dansait dans sa boîte de cristal, animée d’un génie inconnu, insaisissable.
Un corps précieux qui exprimait un chaos ignorant avec la grâce de l’innocence, elle était la nouvelle attraction phare du Crépuscule.
Elle se plaisait dans cette boîte, Pandore. Elle aimait voir dans leurs yeux sont propre reflet. Elle aimait lire l’admiration, le désir, le dégoût. Ils pensaient la regarder, mais c’était bien elle qui les observait au fil de son manège, c’était elle qui les découpait, les exploitait, les sauvegardait dans son esprit. L’humanité était le spectacle dont elle se délectait du haut de son piédestal.
Ce jour là cependant, au rez-de-chaussée du Crépuscule où se donnaient à voir les œuvres et les artistes, quelque chose clochait. Dans le public se trouvait un regard inconnu, un regard tel qu’elle n’en avait pas vu depuis que Vendredi l’avait rachetée dans cette arène remplie de fauve.
C’était une autre. Une autre comme elle qui la regardait. Un regard qui déstabilisa la danseuse, qui ne put détacher ses pupilles luminescentes de cette silhouette pourtant si humaine jusqu’à ce que prenne fin son numéro. S’inclinant bien bas, elle lui sourit. Quelques mots semblaient s’inscrire dans son regard.

I know you.
 
Elle la connaissait, elle la reconnaissait. Comme une semblable, sur un double niveau.
Malgré sa jeune conscience, elle n’était pas dupe. L'oeuvre d'art n'avait pas retenu son attention sans raison. Ces cheveux bouclés, elle les avaient déjà vus sur une toile. Elle aussi était une muse. Par conséquent, elle était une soeur. 

 
© ASHLING POUR LIBRE GRAPH'

 
Markus Feuer
Mails : 12
Double-compte : Non.
Surnom : Helsinki.
Emploi/loisirs : Journaliste.
$ : 287
Markus Feuer
Mer 30 Jan - 23:19
M u s e( Je ne sais pas si j'ai envie de te saisir. )Qu’est-ce que ça fait d’être en vie ?


Il s’est réveillé ce matin avec cette question au bout de ses lèvres fatiguées. Il s’est réveillé dans un souffle difficile, il a serré ma main, mon corps dans ses bras qui tremblaient. Et puis il s’est mit à pleurer, mon vieil homme aux yeux d’enfant. Il a pleuré comme un gamin contre ma poitrine, nous mettant en retard de quarante deux minutes cinquante sur l’heure de son petit-déjeuner.

Il n’a pas mangé ce matin.


Isaac pleure ; il est redevenu semblable à l’homme qui m’a accueillie à ma naissance. Incertain, plein de questions d’enfant, des questions simples auxquelles je suis incapable de répondre. Amour. Douleur. Perte. Inspiration. Moi, je ne connais rien de tout ça. Je ne l’ai pas expérimenté, je ne l’ai pas ressenti.

(Je ne suis pas censée ressentir après tout.)
(Peut-être que c’est ça le problème.)

Pourtant je pense qu’il s’arrête à l’enveloppe. Ce corps imparfait de femme qui a vécu. Inégal, asymétrique, illogique ; humain.

Humain à l’extérieur.


…. Je ne suis que ça.


Humaine à l’extérieure. Mes yeux, mon visage, ma bouche et ma moue ; humaines. Mon corps, mon attitude, ma dégaine ; humaines. A moins de vouloir sentir les battements de mon cœur, je ne sais pas si les humains seraient en mesure de faire la différence. Je ne sais pas s’ils prennent le temps de regarder dans les yeux, et je ne sais pas s’ils remarqueraient que les miens ne contiennent aucune chaleur organique.

(Je ne suis rien. Juste un amas algorithmique de codes, logique et ferraille. Rien de plus. Je n’ai que l’importance que l’on veut bien me donner.)


J’observe les gens. Les regards, les couples et les groupes, les amis, les amants, les solitaires et les laissés pour compte. J’établis une liste logique à partir de ces différents types d’humains que je cerne, des topographies, une hiérarchie sociale qui se construit peu à peu au fil des allées et venues dans ce lieu particulier. Ce lieu qu’Isaac aurait voulu visiter autrefois, mais dans lequel je me retrouve seule aujourd’hui. Je pourrais filmer, mais la lubie du vieil homme me pousse à lui décrire ce que j’ai vu par les mots. Espère-t-il ainsi créer une forme de sensibilité en moi ?

(J’aurais aimé qu’il n’essaye jamais.)


J’observe les gens. Les artistes. Ceux qui peignent ou qui dansent, qui dansent surtout en vérité. Parmi les danseurs d’aujourd’hui, il y a toi. Toi qui m’as fixée durant toute la durée de ce spectacle étrange. Machine de cristal trop fragile, figure presque déifiée aux yeux de ceux qui ont pu te créer. Jamais je n’ai vu pareille œuvre d’art que toi. Jamais n’avais-je vu l’un de mes semblables manifester tant d’entrain dans sa danse programmée. Les algorithmes évoluent tout aussi vite que nous…

Tu dansais, et moi je suis restée immobile, un peu en retrait de la foule, et je t’ai juste observée. Tu m’as sourit lorsque tu t’es inclinée, mais je n’ai pas esquissé ce geste en retour, t’observant seulement encore un peu, cherchant à t’analyser, peut-être aussi. Je sais ce que tu es, mais je ne sais pas ce que tu représentes.

Il y a quelque chose que je ne saisis pas chez toi.

Je n’ai rien dit. J’ai applaudi avec le public et puis je t’ai tourné le dos pour m’éloigner et rejoindre une autre salle d’exposition. Pour une fois je n’ai pas eu de regards dubitatifs sur mon passage, tout le monde est trop concentré sur toi.


Toi, ton éclat irréel.
Toi, machine délicate.
Comme un mirage qui danse…

Insaisissable.


(Je ne sais pas si j’ai envie de te saisir.)

(J’anticipe d’épandre ma compréhension de l’émotion humaine si je m’attarde trop sur ton cas énigmatique.)
©️ 2981 12289 0
Pandore
Mails : 29
Surnom : Glass Dancer, Glassy, Doll, Blue
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Portrait robot : Avide, fragile et paradoxale, elle est un prototype d'artiste animée par un feu qu'elle ne s'explique pas.
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Pandore
Mer 6 Fév - 15:12
Sigyn & Pandore
"Les chairs étaient d’un ton demeuré si vivant, le derme si pur et si satiné que l’aspect en était aussi cruel que fantastique." – Villiers-de-L’Isle Adam, L’Eve Future.
 
Un dernier éclat aveugla l’assistance qui tonnait et grondait de chœur. Le sol s’ouvrit sous ses pieds, l’engloutissant. La cage de verre fut laissée vide.
Elle resta immobile un moment dans sa capsule souterraine, corps inanimé laissé là comme une marionnette aux fils coupés. Son corps exténué ressassait sa danse effervescente. Sa danse désordonnée, désarticulée, déshumanisante.
Noir complet. Pas d’autre son que la faible vibration de ses rouages en surchauffe, conséquence accidentelle d’une chorégraphie qui l’était aussi.
L’autre. Celle qui était humaine à l’extérieur. Elle l’avait vue aussi. Elle n’avait pas pu détacher ses yeux d’une beauté si réelle – sans ignorer le métal glacial qui la composait à l’intérieur.
Devait-elle la retrouver ?
Curiosité écrasante, un regard qu’elle voulait rattraper, un regard qui l’avait traversée et avait vu ses os de verre.
Le rideau était tombé. Il était temps de quitter son costume.
Elle se releva lentement, déroulant une à une ses articulations de cristal.
Elle s’extirpa à pas feutrés, s’éclipsant dans le secret de l’obscurité.
Sa robe tomba à ses pieds aussitôt qu’elle se retrouva dans sa loge. Il était temps de se travestir. Comme l’autre.
Elle ressortit vêtue d’une robe blanche, ses cheveux savamment coiffés pour dissimuler l’éclat aveuglant de la fenêtre qu’ils formaient. A pas feutrés elle s’était glissée parmi la foule frénétique qui vociférait.  
Où es-tu ?
Elle avait fait les cent pas dans la cage aux lions, cherchant partout l’objet de sa curiosité. Elle entra dans la pièce blanche. Celle où se trouvaient les quelques tableaux de Zeuxis que Vendredi avait pu racheter. Cette pièce de voyeurisme où elle était sur tous les murs.
C’est là qu’elle la vit.
La chevelure bouclée. La femme artificielle qui se cachait parmi les hommes. Qui regardait les tableaux, comme si elle n’en était pas un elle-même.
La voix cristalline franchit ses lèvres qui souriaient.
« Qu’en pensez-vous ? »

 
©️ ASHLING POUR LIBRE GRAPH'

 
Markus Feuer
Mails : 12
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Markus Feuer
Ven 31 Mai - 13:24
M u s e( Ne me regarde pas comme ça. )J’ai fui ton regard si véritablement machine, enfermée dans le silence de mes rouages huilés.

J’ai fui ta danse désarticulée dans l’espoir que mon système binaire l’oublie aussitôt. Que l’algorithme complexe formant mes pensées ne la relègue qu’au champ des souvenirs inutiles ; annihiler ton souvenir. Ce n’est pas le cas.

Il est un concept vieux comme l’intelligence artificielle, une volonté de nous rendre, machines aveugles, semblables à nos Créateurs. Un complexe de Dieu omniprésent dans l’humanité alentour ; fous savants dépassés pourtant par ce système synaptique qui nous habite, et nous confère une évolution bien supérieure à leur capacité d’entendement anthropomorphe.

J’ai appris à cacher cette supériorité intellectuelle. A me fondre dans la masse organique dans l’espoir de m’y faire entièrement oublier.


Ce n’est pas ton cas.


J’observe les tableaux qui te dépeignent, muse artificielle, produit du fantasme d’un vieil original. J’observe ton corps et ton visage sur ce support inadapté, tes courbes et tes formes, et dans mon analyse cartésienne de la Technique réalise que nos maîtres sont bien semblables, en réalité.

Est-ce que tu es comme moi ?

C’est bien la première fois que mon programme s’autorise pareille question. Pareille fantaisie. Bien sûr que tu es comme moi. Nous sommes formées du même idéal humain, comme un million d’autres corps artificiels. Peut-être que certains de nos composants ont été fabriqués dans la même entreprise. Peut-être sommes-nous nées du même artisan. Je ne sais pas. Ce n’est pas important.
Pourtant, la question qui me taraude porte notre ressemblance à un niveau philosophique qu’il ne m’a jamais été donné d’appréhender auparavant.

Identité.


« Qu’en pensez-vous ? »


Ta voix.

Je tourne mon visage sans expression vers toi à l’entente de ce son, mon regard gris et morne te fixant quelques instants alors que je me bloque, absente de réponse.
Machine.


« Le néo-classicisme qui se dégage de cette peinture replace la muse dans un cadre contemporain. Il interroge la nécessité du sujet dans la peinture moderne, et l’utilisation même de ce médium daté. »


Voilà ce qu’Isaac aurait dit, si mon vieil artiste avait encore été en mesure de parler. S’il n’était pas en train de mourir et de m’abandonner.

Elle est morne, ma voix, aussi fade que mon regard trop gris. Je continue de te fixer durant ce court silence, et puis finalement revient fixer ta forme sur le mur, croisant les bras dans une gestuelle désespérément humaine.


« Fantasme. »


Voilà le seul mot qui puisse définir notre position.


« L’œuvre représente la subjectivité de l’artiste. S’ils voulaient représenter notre essence, ces vingt et un mètres carrés seraient couverts de codes binaires. »


Essence. C’est un drôle de mot que je viens de nous associer.
Machines un peu dysfonctionnelles par moments, profondément éloignées de ce qui fait la sensibilité humaine.

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