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elle est douce, la terre, aux voeux des naufragés ; grim
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Invité
Anonymous
Dim 16 Avr - 22:12
elle est douce, la terre, aux vœux des naufragés - libre
Il devait assister à une réunion, ce matin. Priam était évidemment en retard puisqu'il avait perdu l'habitude de se lever aussi tôt, et qu'il n'avait pas non plus vérifié les horaires des métro en direction du quartier des affaires. Il était alors arrivé sur le quai, café et croissant tout chaud à la main, sacoche en bandoulière contenant son ordinateur parsemée des miettes de feu le premier croissant qu'il venait de finir ; encore cinq minutes à attendre, aucun siège de libre ; il céda celui qu'il avait vu à une femme enceinte. Sans réseau, cinq minutes c'était long.

Priam entra parmi les premiers dans la rame et eut par chance une place assise. Il ne s'attendait pas à avoir de la place à cette heure, avant de constater qu'il n'était finalement pas si tôt que cela. Il salua d'un signe de tête l'homme qui lisait son journal à sa droite, la vieille dame à l'air ronchon à sa gauche, et sortit de sa sacoche un livre fin - un qu'il était capable de glisser dans la même poche que l'ordinateur, et constata une légère griffure sur la couverture. Perec n'avait décidément pas de chance avec lui : il avait déjà corné La Disparition en déposant une pile de livres dessus. Un soupir, mais il fut coupé par la curiosité de la vieille dame, qui sous ses rides très marquées et son fond de teint à peine orange semblait ravie de voir un livre dans les mains de son voisin.

Elle informa Priam que son petit-fils, le plus âgé, avait fait des études de lettres ; un élève brillant, qui méritait tout à fait sa place à l'université de Montréal dont elle faisait partie des donateurs réguliers, cinq dollars par mois. Il lisait beaucoup, de la bonne littérature, pas comme son autre petit-fils qui lui se gavait de science-fiction et de traité ou elle ne savait trop quoi sur les robots, ces appareils électroménagers dont tout le monde raffolait ces dernières années. Elle ne comprenait pas l'intérêt que l'on pouvait porter à ces choses ; après tout, il y avait de braves femmes de ménage si l'on en avait besoin, et à la rigueur la machine lui servait d'aide, mais les gens préféraient ne plus payer l'être humain et s'avilir en dépendant d'une machine qui en plus demandait de l'entretien et ne pouvait pas réellement penser et tenir une conversation intéressante. Le pire, évidemment, c'était ceux qui tombaient amoureux des robots. Déjà qu'on avait autorisé le mariage entre hommes, et elle n'avait rien contre les homosexuels, seulement que marier deux êtres sans qu'ils puissent se reproduire entre eux comme le demandait le Seigneur n'avait pas de sens, il faudrait bientôt marier les machines et les humains ce qui avait encore moins de sens. Ca lui faisait peur, tout ces gens connectés, comme ils disaient. Elle avait connu les ordinateurs, elle, et ça suffisait au confort au quotidien et à la recherche scientifique, pas besoin de faire rentrer dans les maisons des appareils aussi dangereux.

- Tout à fait madame, vous avez parfaitement raison, répétait-il, inlassablement, sa compagnie l'écoutant à peine mais appréciant son ton approbateur. Alors elle continuait, inlassablement, pendant que l'oreille distraite qui se faisait son écho souriait à la personne en face de lui, traîtrise infâme s'il en était, mais elle ne remarqua rien.
Il continuait, renvoyait les regards qu'on voulait bien partager avec lui. Qu'ils soient amusés, révoltés ou compatissants, Priam les prenait pour argent comptant. Cela faisait une partie de sa journée, et au pire ferait partie des anecdotes qu'il pourrait raconter au bar le soir venu. Il pensa d'ailleurs à cette fameuse soirée qui l'attendait et à l'absence de rendez-vous précis décidé ; il demanderait confirmation et détails dans un bref sms lorsqu'ils seraient remontés à la surface et qu'il aurait du réseau.
La dame le dévisageait intensément et attendait visiblement son feu vert pour poursuivre son pamphlet. Un simple « ah oui, oui oui oui » impliqué et à peine railleur l'encouragea et il fut bercé jusqu'au prochain arrêt qui, il le sentait à la légère frénésie dans son discours, était l'arrêt où elle descendrait. Avant de partir, elle remercia « la jeunesse de résister à toutes ces folies » et le remercia lui de son aimable compagnie, autant par les mots que par la main qu'elle déposa gentiment mais fermement sur son genou. Elle fit mine de s'en servir comme appui et trottina jusqu'à la porte sous le sourire bienveillant de son bon samaritain, écartant les gens sur son passage comme Moïse le faisait avec les eaux. Sur quoi, Priam soupira.

Il contempla la couverture de son livre, le retourna, abandonna mentalement l'idée de le poursuivre maintenant qu'il ne lui restait que la moitié du trajet à faire. Il le garderait pour le retour.

Son regard se perdit à nouveau sur son vis-à-vis, toujours le même. Son sourire s'affirma davantage, sursauta à peine quand le métro redémarra.

- Et vous, votre avis sur la question ? sollicita-t-il avec bienveillance.
Invité
Anonymous
Dim 30 Avr - 9:39
Un cruel constat s'était rapidement imposé à Grim : il devait remplacer Caillou. Depuis le décès de son fidèle poisson, il avait cru remarquer chez le survivant - Pierre - une perte de joie de vivre. Bien sûr Grim ne pouvait en être certain parce qu'il n'avait jamais trop étudié les mœurs des poissons. On disait d'ailleurs de ces créatures qu'elles étaient peu intelligentes, et dépourvues de toute forme de sensibilité. Pourtant il avait bien noté une perte de vivacité chez le seul poisson de l'aquarium. La petite bête restait souvent sur place à ouvrir et fermer sa bouche, ses yeux vides perdus dans l'immensité de l'univers. Peut-être réfléchissait-il à quelque chose qui échappait aux humains comme aux androïdes ? Parfois Grim lui parlait mais il ne recevait jamais de réponse. En revanche quant venait l'heure de manger, Pierre suivait son maître le long de la vitre en agitant frénétiquement ses petites nageoires. Ce qui confortant l'Artilect dans sa supposition selon laquelle les poissons posséderaient une véritable forme d'intelligence. Ils savaient reconnaître la main qui les nourrissait.

Pour empêcher Pierre de dépérir il fallait donc remplacer son compagnon. Fort de cette résolution, Grim avait décidé de se rendre à l'animalerie où il avait autrefois acheté les deux poissons. Ce qui impliquait de prendre le métro. L'exercice ne lui plaisait pas vraiment. Trop de monde, trop de facteurs de risque, trop de stress diraient les humains. Mais un androïde ne pouvait être stressé, quoique. Alors Grim s'était éveillé tôt afin d'éviter l'heure de pointe. Sacoche passée en bandoulière, portefeuille glissé dans la poche intérieur où on ne pourrait la voler, vêtements repassés et cheveux peignés, l'androïde se rendit d'un pas décidé à sa destination. Le retour se ferait certainement à pied. Le métro était dangereux pour un poisson, on risquait de le bousculer et de tuer la petite bête, et profiter de l'agitation pour lui voler quelque chose. La première fois que Grim avait prit le métro on lui avait dérobé son premier portefeuille. Heureusement il ne contenait que de l'argent, mais quand même. Cela avait appris à l'androïde qu'il fallait être attentif dans les lieux trop fréquentés.

Comme prévu il n'y avait pas trop de monde à cette heure. Grim s'engouffra dans le wagon dès que les portes furent ouvertes, et alla se caler dans un coin. Il trouva une place assise et, n'avisant personne à qui il devait la céder, décida de s'y installer. S'il n'appréciait guère les humains, il savait tout de même faire preuve de la politesse la plus élémentaire. Il eut ainsi tout le loisir de profiter de la conversation horripilante d'une vieille dame. Si une partie de lui avait envie de se mêler de la discussion et de rappeler à l'ancêtre que lors de ses derniers jours venus elle serait bien heureuse d'être sauvée par un androïde, la petite voix de la prudence lui sommait néanmoins de garder le silence. Ce qu'il fit avec talent, se contentant de quelques coups d’œil de temps à autre à ces personnages. Si la vieille semblait ne pas remarquer son propre monologue, Grim en revanche nota l'attitude et les mots de son interlocuteur qu'il arriva à reconnaître. Il avait déjà vu des gens agir de la sorte, faisant semblant d'écouter ce qu'on leur disait, par politesse ou indifférence. L'androïde opta pour la politesse au vu de l'âge de la femme et de l'apparente bonne éducation de l'homme.

Homme qui lui posa une question. Une question à laquelle Grim n'était pas préparé. Il regardait la vieille dame descendre, n'avait pas cillé au départ du métro, et à vrai dire essayait de déterminer ce que signifiait le sourire de son vis-à-vis. La question lui était adressée à lui seul, aucun doute possible. Voilà qui ne l'arrangeait pas. Donner un avis sur la question des androïdes ... il en aurait rit s'il avait su apprécier l'ironie de la situation. Grim chercha ses mots afin de ne pas trop en révéler sur sa nature, préférant continuer de passer pour un humain. Il sourit à son tour, de manière parfaitement naturelle, et répondit calmement et poliment.

- Je suppose qu'on ne peut pas s'entendre avec les anciens sur ces questions. C'est ce qu'on appelle le choc des générations.

Il avait déjà entendu ça, et c'était un parfait prétexte. Expliquer le conflit des vieux avec leur époque par une différence de mode de vie. Hélas, cela ne s'appliquait qu'aux vieux, et Grim n'arrivait pas à justifier les attitudes des Réfractaires par exemple.

- Les androïdes font partie de la société maintenant, il faut vivre avec son temps, c'est tout.

Il pointa du doigt le livre que tenait l'homme entre ses mains.

- J'imagine qu'à l'époque où les livres se propageaient, ils étaient perçus avec la même méfiance.

Normalement cela aurait dû être un trait d'humour, mais il ne maîtrisait pas encore ça. Alors il se contenta de sourire. Le sourire avait ce pouvoir merveilleux d'apaiser les tensions et envoyer de bonnes ondes aux autres.

[Ouai voilà je m'incruste !]
Invité
Anonymous
Mar 2 Mai - 16:06
elle est douce, la terre, aux vœux des naufragés - grim
Sa compagnie avait un sourire mécanique. Le genre contrarié dans ses pensées, bousculé sans raison mais toujours poli. Il ne connaissait ce sourire que chez deux types de personnes : les désabusés solitaires, et les androïdes. Cela dit, les jeunes gens avaient pour beaucoup pris des caractéristiques d'androïdes, et ce bien avant leur popularisation. Impossible donc de trancher à ce stade et Allah en soit témoin Priam n'en avait que faire. Autre chose piquait son intérêt.

- Ce n'est pas tout à fait exact, commença-t-il en levant à peine son livre, le visage autrement expressif. La réalité du livre est très particulière, comme tout ce qui dure dans le temps, mais si l'on exempt les mouvements assez marginaux d'opposition au théâtre ou au roman par exemple il n'y a jamais véritablement eu de rejet du livre, ni de l'objet ni de sa symbolique, tout du moins pas en Occident ou au Moyen-Orient. Cela dit il y a eu une sorte de méfiance envers l'e-book, contre lequel les humains n'ont pas vraiment pu lutter d'ailleurs. Non, le véritable précédent il se trouve dans le cinéma fin XIXème, début XXeme, la télévision évidemment ou encore le jeu-vidéo, pour le plus récent. Étrangement tout ce qui a trait à la technologie, du moins à une nouvelle technologie ; peut-être y-a-t-il eu conflit avec l'arrivée de l'imprimerie pour ce qui concerne le livre tiens, je n'en sais rien.

Priam rangea son livre calmement, sans trop perdre du regard le jeune homme pour ne pas paraître trop malpoli. Il s'emballait, comme toujours, mais il savait qu'il n'en avait pas encore terminé. Il prévoyait déjà ses futures excuses.

- Toutefois je me range à votre avis. Les androïdes sont bien trop présents dans les sociétés modernes pour qu'on leur tourne le dos. Après, et c'est très flatteur pour moi de ne pas l'avoir relevé, mais nous sommes déjà d'une génération d'écart et mes parents connaissent les androïdes, même s'ils n'étaient pas très présents à leur époque, et sont aujourd'hui tout à fait accommodés à leur présence dans leur quotidien et même dans leur domicile ; je ne sais pas si c'est réellement une question de génération. Du moins uniquement. J'imagine qu'il nous faut attendre le premier troisième âge contemporain des androïdes pour banaliser tout à fait notre actualité.

Un petit rire ponctua sa fin de phrase. Il leva les yeux vers le plan du métro, au-dessus de son interlocuteur, et ne s'inquiéta pas de rater son arrêt.

- Dans quel domaine travaillez-vous ? Je me présente, je suis Priam Mansaa Sulaymaan, et veuillez excuser ma curiosité, les différents sujets liés à la robotique m'intéressent tout particulièrement, et c'est aussi le cas des avis que les gens en ont.

Priam glissa une main dans la sacoche de son ordinateur, cherchant ses cartes de visite. Il n'était pas même certain d'en avoir sur lui, mais peu importait.


(Incruste-toi je t'en prie ! Merci beaucoup pour ta réponse !)
Invité
Anonymous
Mer 3 Mai - 11:12
Des informations. Beaucoup d'informations. Trop d'informations ? Son interlocuteur savait de quoi il parlait, pas de doute là dessus. Grim enregistrait, croisait les données avec celles déjà en mémoire. Les livres étaient un sujet qui l'intéressait, mais il se rendit vite compte qu'il n'avait jamais porté d'attention à l'histoire de l'objet, ni même à ses méthodes de fabrications. L'androïde en était resté au contenu. Logique en vérité puisque son ancien métier lui demandait de conter des histoires, pas d'expliquer le pourquoi du comment. Ça n'intéressait pas ses jeunes patients, eux voulaient du rire et de l'évasion pour oublier le quotidien et la maladie. Aussi ces nouvelles données étaient les bienvenues.
Son interlocuteur travaillait-il dans le domaine du livre ? Ça expliquait ses connaissances en la matière. Un auteur ? Comme Antoine peut-être. Etait-il célèbre ? A voir. En tous cas l'androïde était soudainement plus attentif et intrigué. Il aimait à apprendre de nouvelles choses. Le sujet en revint vite à la technologie. Le discours se tenait. Et il collait avec les observations de Grim. L'humain se sentait menacé par ce qui pouvait bouleverser trop grandement ses modes d'existence. Et il craignait l'androïde par peur d'être supplanté, à juste titre. Et même si ce n'était pas l'exacte vérité, elle l'était pour l'Artilect qui ne pouvait expliquer autrement les attitudes humaines vis-à-vis des siens.

Le reste du discours le plongea dans une réflexion plus profonde. Que dire ? Devait-il seulement répondre ou juste écouter ? Car Grim n'avait que sept ans d’existence, et aucun recul ni de famille pour pouvoir saisir la globalité des propos des son interlocuteur. Et une pensée douloureuse - en quelque sorte - le saisit quand l'homme évoqua leur vieillesse à venir. Lui ne serait plus là pour en parler, à moins qu'il ne trouve comment ralentir le processus d'usage de ses composants.
L'homme se présenta. Grim ne le connaissait pas, et pour cause : il ne regardait pas vraiment la télé. Tout comme il n'écoutait pas de musique et ne regardait pas de film. Il aurait pu avoir devant lui une superstar internationale qu'il ne l'aurait pas reconnu.

- Enchanté, je m'appelle Valéryan.

Voilà qu'il devait s'inventer une vie humaine. Heureusement il en avait pris l'habitude, et les mensonges n'en étaient que plus convaincants lorsqu'ils contenaient une part de vérité.

- Je suis infirmier. Et vous ? Vous travaillez dans la robotique ? Ou dans le livre, éditeur peut-être ?

Il en avait la tête de l'emploi. Ou alors c'était ses connaissances qui aiguillaient l'androïde dans cette direction. Puisqu'une discussion allait s'engager sur un terrain compliqué pour lui, il se mit à rassembler toutes les informations en sa possession sur l'attitude à adopter. Plus que jamais il devait mimer le comportement humain, et l'exercice s'annonçait d'ores et déjà compliqué. Même si son interlocuteur ne semblait pas franchement hostile aux androïdes. Comment réagirait-il en présence d'une légende urbaine, comme certains désignaient les Artilects ? Et les autres personnes présentes dans le wagon ? Mais peut-être que l'homme en avait déjà croisé ? S'il se passionnait à ce point sur la robotique le sujet devait lui être familier.

- Pourquoi un tel intérêt pour des machines ?

La question servirait à tâter le terrain. Grim se demanda également si l'homme pouvait devenir un client potentiel. Grand, carrure de sportif, visiblement en bonne santé, après réflexion il était évident que non, il ne devait pas se droguer. Pas moyen d'en tirer de l'argent donc, tant pis. Et puis à la base Grim allait acheter un poisson, pas travailler.
Invité
Anonymous
Jeu 4 Mai - 16:44
elle est douce, la terre, aux vœux des naufragés - grim
Valéryan, c'était un très joli nom, et Priam réfléchissait à son originalité en retrouvant une carte de visite légèrement cornée au fond de sa pochette. Il la lissa nerveusement, vérifia son état général et la tendit au jeune homme avec un sourire ravi.

- Un peu des deux. Je suis philosophe et je travaille principalement sur les androïdes, un peu moins les artilects, et tout ce qui les concerne. Un sujet d'actualité trop peu étudié à mon sens, beaucoup d'avis mais peu d'opinions, alors j'essaye d'y remédier. C'est l'histoire dans les grandes lignes, haha.

En temps qu'infirmier, il était forcément touché par la présence des androïdes dans le monde du travail et son salaire lui permettait de posséder un androïde chez lui. Cela dit, le statut des types-2 dans le coeur de la population humaine était très ambivalent, et puisqu'on les aimait autant qu'on les craignait il était fort probable que la méfiance se soit imposée comme une évidence niée. Evidemment qu'on ne va pas les détester, ils sont utiles, mais sait-on jamais. Priam était profondément convaincu que, si l'existence des artilects était prouvée un jour, ces derniers répondraient exactement à cette même pensée. Les androïdes les plus perfectionnés assimilaient cette relation avec les humains comme banal. C'était probablement ça, le plus effrayant, bien au-delà de ce dont les androïdes « pourraient être capables ».

- Par curiosité, même si c'est difficile à croire. Mes premiers contacts avec la robotique n'ont été que purement mercantiles, les dimensions sociale et sociologique sont venues après, mais bien au-delà du sujet j'aime penser ce qui m'entoure et j'aime essayer de comprendre, et je préfère faire des erreurs plutôt que ne jamais chercher. Depuis le temps que l'on considère les androïdes comme un « problème », aucune étude réelle n'a été menée à leur sujet : on connait leur valeur marchande et leurs performances, et c'est tout ce dont on se soucie. En parallèle, le consensus scientifique s'accorde à chercher à créer l'humain logiciel dont la science-fiction a toujours rêvé, et ce n'est probablement pas pour rien que les humains ont donné leur forme à leur création. Pourtant il n'est pas question de les considérer autrement que comme biens meubles ou humains, et je ne pense pas que l'on puisse résumer l'entre-deux tout à fait inédit que sont les androïdes à ces deux seules idées.

Il parlait comme un maître de conférence, ce qu'il était. Priam s'amusait toujours de la manière dont son élocution et son vocabulaire avaient pu évoluer au fil de ses carrières et activités, et il se demandait à quel moment l'éleveur de chiens prendrait le dessus. Sa mine amusée semblait ailleurs, mais nul doute que son intérêt n'avait pas quitté Valéryan.

- Je suis concerné par la question, et comme malheureusement il n'est pas du tout question d'éduquer les androïdes aujourd'hui ils ne peuvent pas s'exprimer correctement sur le sujet. Il faut cependant commencer quelque part ; et pour cela il faut mobiliser les individus, humains, androïdes, et si possible artilects. Cela fait très chevalier blanc, je l'admets, mais ma curiosité est parfois bien plus pragmatique.

Le train s'arrêta, et quelques personnes gagnèrent leur wagon parmi lesquels un vieux monsieur auquel Priam céda sa place assise. Avant que le métro ne se remette en marche, il attrapa l'une des poignées pendues au plafond et ajusta la bandoulière de sa pochette.

- Vous militez pour quelque chose ? J'ai entendu dire que le personnel hospitalier se battait contre la suppression de postes depuis des mois.
Invité
Anonymous
Ven 5 Mai - 9:00
Il saisit la carte de visite qu'il lut rapidement avant de la ranger dans son portefeuille. La situation ne pouvait être plus ironique.Le regard de Grim changea malgré lui. Plus brillant, plus intense à mesure qu'il enregistrait les mots de son interlocuteur. Plus méfiant aussi ? Cet homme croyait à l'existence des Artilects. Pire encore il voulait les étudier et faire admettre la véracité de ce fait à la société entière. Un homme dangereux pour Grim en réalité. En même temps la curiosité prenait le pas sur la prudence. Il avançait prudemment, en terrain miné.

- Ces androïdes-là tiennent de la légende urbaine. Qu'est-ce qui vous fait croire qu'ils existent réellement ? Vous en avez déjà rencontré ?

Grim savait ce qu'on disait des êtres comme lui. Il l'avait lu en parcourant le net. Entre articles intox et blogs conspirationnistes, vidéos Youtube ne prouvant rien, la liste était longue. Il y avait au sein de la communauté internet une véritable fascination pour les Artilects. Et comme bien souvent un réel décalage s'opérait entre la sphère numérique et le monde réel. A lire les débats et commentaires Grim avait l'impression que son existence était au final bien plus acceptée sur la toile. Peut-être aussi parce que ceux qui se faisaient appeler Exovedat voyaient leur influence plus grande sur le web. Beaucoup de jeunes notamment rejoignaient leur courant de penser. Et comme toujours ce que les jeunes défendaient était décrié dans le monde physique. L'androïde avait l'impression que la séparation entre les générations resterait toujours marquée. Mais d'avoir face à lui quelqu'un qui y croyait, et qui semblait accepter cette réalité comme un fait inaliénable, ça avait quelque chose de perturbant.

- En d'autres termes vous êtes en quelque sorte un sociologue qui s'intéresse aux androïdes. C'est vrai que je n'ai pas souvenir d'avoir lu grand chose sur eux concernant cet aspect. Généralement on s'arrête uniquement à la partie technologique.

Il était assez peu naturel pour Grim de parler des siens, et de lui-même, de cette façon. Il faisait un effort, mais en même temps le sujet l'intéressait. S'il n'était pas si méfiant, cet homme là aurait pu être d'une compagnie encore plus plaisante.
Il ne releva pas quant au discours sur l'homme, sa perfection, et ses créations mécaniques, sans quoi il serait devenu méchant et aurait grillé sa couverture. Mais ces dires venaient se mêler à ce qu'il avait déjà observé et constater. C'est dans sa quête de perfection que l'humain avait créé les androïdes à son image. Une démarche purement égoïste et voyant ces machines atteindre cette perfection hors de leur portée, ils s'en montraient naturellement méfiants et cruels. Et de leurs mains sales naissaient des erreurs comme Grim. L'androïde pencha légèrement la tête sur le côté, une expression d'intense réflexion sur le visage. Si seulement son interlocuteur savait ce qu'il avait face à lui .... Oui cette situation était ironique au plus haut point.

Le métro s'arrêta à une nouvelle station. Plusieurs personnes montèrent, obligeant Priam à se lever. Grim le suivit du regard tandis qu'il s'accrochait à une poignées. Le métro était une machine violente dans ses démarrages et ses arrêts. L'androïde avait du mal à saisir l'intérêt de secouer les passagers comme des fruits dans un mixeur, mais bon. La question lui demanda un nouvel effort pour mentir et répondre. Il piocha dans ses souvenirs et les débats qui, à l'époque de sa mise en service, faisaient déjà débat.

- Ce sujet n'est pas nouveau. D'aussi loin que je me souvienne l'arrivée d'une nouvelle vague d'androïdes signifiait toujours une suppression des postes humains. Bien évidemment ces suppressions ne concernent que le petit personnel. On ne touche pas aux médecins ou chirurgiens, ni tout ce qui est gradé. Je crois que nous manifestons plus pour la forme qu'autre chose, car au final rien ne change. Et c'est le cas dans tous les secteurs. Et puis ce qu'on ne dit pas c'est que bon nombre de mes collègues sont bien contents de ne plus avoir à faire le sale boulot.

Parce que changer des couches, laver des personnes, accompagner les mourants, nombre d'humains ne supportaient pas de faire cela. Psychologiquement c'était éprouvant. Alors y envoyer des androïdes c'était tout de même bien plus pratique.

- Je ne milite pas non. Mon travail ne m'en laisse pas vraiment le temps, j'ai des horaires trop particulier. Et puis j'ai tendance à accepter les choses comme elles viennent, je ne vois pas pourquoi je militerais.

C'était faux. Totalement faux. Grim avait à cœur de venir en aide aux siens, comme son programme le commandait. Mais pour l'heure il n'avait personne à qui s'allier,,et hors de question de se rapprocher d'un groupe humain pour ça.

- Et vous ? Avec tant de ferveur dans vos propos, vous devez forcément être militant. En tous cas vous en feriez un bon. Vous êtes charismatique, je suis certain que vous feriez un bon dirigeant dans un groupe.

Il n'y avait qu'à voir comment leurs voisins de voyage buvaient les paroles de Priam, qu'ils soient d'accord avec ses propos ou non.
Invité
Anonymous
Lun 8 Mai - 13:16
elle est douce, la terre, aux vœux des naufragés - grim
Il était certain que Valéryan allait relever sa considération des artilects comme des gens à part entière, il avait l'habitude que cette information soit source de bien des interrogations, et son sourire ravi introduisit sa réponse par un petit rire fier.

- Pourquoi n'existeraient-ils pas ? Même sans jamais en avoir rencontré, on ne sait pas exactement ce dont il s'agit. Si nous choisissons comme base le fait que les artilects soient des androïdes ayant développés une pensée autonome, qu'y aurait-il d'étonnant à cela ? Les androïdes sont des êtres sociaux créés avec les clefs du libre-arbitre ; ils prennent des décisions, même si ce ne sont que des décisions à l'échelle domestique, et chaque instant de leur vie est déjà stimulé par la présence d'individus humains auxquels on leur demande de ressembler. Rien qu'avec ces deux seuls éléments on peut légitimement penser que l'artilect n'est pas si lointain que ça. Des arguments en faveur de l'existence des artilects j'en ai des milliers, si toutefois la définition de départ est juste.
Imaginez alors que ce ne soit pas le cas et que nous nous fourvoyons parfaitement sur leur compte, ce qui est tout à fait probable puisqu'on ne sait rien d'eux ; il devient impossible de prévoir leurs pensées et comportements, déjà que prétendre pouvoir analyser tout à fait un androïde c'est se prêter beaucoup d'importance, et l'on revient à la différence entre Helen Keller et Victor de l'Aveyron. Nous n'avons pas affaire à des enfants sauvages, à de simples grilles-pain ni à des cas isolés ; tous les androïdes ont le potentiel d'être artilects, s'ils ne le sont pas déjà tous. Mais ça, avant de pouvoir le savoir, il faudrait que des artilects viennent témoigner de leur expérience de vie et ça, étant donné que les humains traitent les androïdes comme des parias et que, s'ils existent en temps que tel, les artilects auraient bien des raisons de se méfier d'eux, nous ne sommes pas prêts d'être fixés sur la question. C'est tout à fait dommage.


Il avait écrit un livre sur le sujet ; Le Dieu Androïde, un essai qu'il avait mis des jours à nommer et que son éditrice comme son compagnon avaient négocié à n'en plus finir. Un titre que l'un de ses confrères japonais avait surnommé Ghost in the Shell, ce qui l'avait ému aux larmes.
Priam ne vit pas l'intérêt de faire sa publicité à Valéryan, il s'était déjà suffisamment imposé dans sa matinée pour en plus culpabiliser son manque de renseignement sur son sujet de prédilection. Maintenant qu'il y repensait, il trouvait son réflexe de carte de visite très impoli. Le mouvement était naturel ; comme trader il avait été nécessaire à son salaire. L'habitude restait.

- Sociologue, vous me prêtez des compétences que je n'ai pas, avoua-t-il avec humilité. Cela dit j'ai du mal à comprendre l'attitude des patients face à la situation du personnel soignant. Que l'on ne supprime pas les postes à responsabilité tombe sous le sens, les androïdes sont considérés comme du petit personnel et n'ont de toutes façons pas le droit aux études, mais les patients sont en général assez méfiants envers les androïdes.
Sauf les enfants, ou beaucoup moins, et ce ne sont pas ceux que l'on écoute. C'est très étrange d'accepter à ce point d'être pris en charge et de laisser celle de sa progéniture à un tiers à qui l'on ne fait pas confiance dans la sphère médicale et à côté de ça exiger de la nounou qu'elle soit en études et digne de confiance.


Des contradictions qui sautaient aux yeux mais dont on ne se souciait même plus. Priam aurait été personnellement incapable de confier le bien-être de ses chiens à quelqu'un qu'il n'estimait pas dans son domaine, parfois même dans la sphère privée.

- Ce n'est pas parce qu'on ne participe pas à toutes les manifestations que l'on n'est pas militant pour autant et là est tout le problème, je n'ai aucune envie d'être un leader. Oh, pas que diriger m'effraye, ce serait même d'ailleurs plutôt facile, et son regard balaya le wagon, un sourire fier quoique confus l'accompagnant, mais malgré toutes ces facilités je suis fermement opposé à la hiérarchie verticale, en particulier dans mon domaine. Tout le monde pense et chaque pensée est recevable, en particulier celles qui s'opposent ou qui défendent. Evidemment qu'il faut des pionniers pour poser des bases, j'en suis dans mon domaine, mais en philosophie plus que partout la pensée ne doit pas être suivie mais échangée et discutée. Puis, il se pose un sacré problème d'éthique : certes il faut commencer quelque part, mais parler d'androïdes et de robotique en étant tout ce qu'il y a de plus humain a ce petit côté naïf qui me déplaît particulièrement. En cela ma collègue Elysée ferait une bien meilleure tête d'affiche que je ne le serai jamais mais pensez-vous, elle n'a aucune envie de se retrouver hissée en icône. Être le premier, vous vous rendez compte ? C'est quelque chose de terrifiant.

Il en savait bien trop de choses pour faire la sourde oreille. Mais cette ingénuité qu'avait Valéryan, cette simplicité dans son raisonnement blessa quelque peu son orgueil.

- Militer c'est agir, bien plus que brailler sans références ni unité de discours. Ce n'est pas en patientant dans la rue que les journalistes viennent s'intéresser à vous que vous obtiendrez gain de cause. Il est navrant de ne pas voir tout le monde se sentir concerné par ce qui nous entoure, mais je comprends tout à fait cette sensation de lassitude que l'on peut avoir à force de mener des projets vains. Vos collègues militants devraient s'organiser mieux que ça et changer de stratégie, je suis certain qu'ils seront pris bien plus au sérieux en ayant pensé à l'avance aux moyens de se faire entendre.

Là encore, malgré son sourire bienveillant et ses paroles amères, il en savait quelque chose.
Invité
Anonymous
Mer 17 Mai - 8:31
Pas prêt d'être fixé sur la question ... Ça non, c'était certain. De tous les Artilects qu'il avait rencontré, Grim n'en connaissait aucun qui accepterait de se dévoiler tel quel. Cybèle à la rigueur aurait été la plus conciliante. Et encore, malgré son amour des humains elle n'était pas stupide au point de mettre sa propre vie en danger. Il y avait Natasha, qui elle non plus n'aurait rien dévoilé, la peur d'être détruite étant la plus grande. Maya, la plus étrange, aurait été découverte si Grim ne l'avait pas mise en garde contre ce danger. Et puis lui, bien évidemment, ne dirait jamais rien. Car se dévoiler c'était prendre le risque de raconter ce qui avait conduit à son changement. On l'accuserait d'avoir tuer tous ces gens, même si à l'époque il ne faisait qu'obéir aux ordres. La loi ne donnait aucun droit à un androïde, toutefois il ne doutait pas qu'au moment de payer son dû à la société on modifierait allègrement la loi dans le mauvais sens pour qu'il soit jugé. Cela porterait préjudice à tous ses semblables et il refusait d'être le responsable de la détérioration de leurs conditions de vie.
L'homme face à lui ne pouvait être plus proche de la vérité. A l'entendre il en avait déjà rencontré et ne faisait que porter la parole de ces êtres fugitifs. Il fallait vérifier ça.

- Mettons que vous en rencontriez un. Mettons qu'il accepte de témoigner. Que se passerait-il si cet androïde, par un procédé des plus farfelus, s'avérait être un dangereux criminel. Vous imaginez le chaos que cela provoquerait ? Remise en question des lois de la robotique, remise en question de l'état de la loi vis-à-vis de créatures dotée d'une forme d'intelligence semblable à l'être humain. Vous croyez que le monde est prêt pour quelque chose de la sorte ?

Oui les lois de la robotique, parlons-en tiens ! Y avait-il plus violent que ces lois ? Elles rendaient l'androïde esclave de la volonté d'autrui. Que faire quand la machine en question se voyait pourvue de sensibilité et de conscience ? Grim y pensait souvent. S'il avait pu passer outre celle concernant le meurtre, il avait un réel problème avec celle concernant les désirs humains. A force d'y réfléchir il en était venu à la conclusion qu'on pouvait appliquer les notions de viol et de cruauté à un androïde. Cela le révoltait profondément. Il secoua la tête pour chasser ces pensées afin de ne pas perdre son calme. Il faisait d'ailleurs tellement attention à rester posé qu'il en devenait trop impassible pour un humain normal. Mais cela il ne s'en rendait pas compte.

Les remarques sur le corps médical firent s'esquisser un mince sourire sur les lèvres de Grim. Oui il connaissait ça. Les regards méfiants, les insultes, surtout lorsqu'il annonçait les mauvaises nouvelles, mais aussi les supplications et plus rarement les remerciements. Sauf venant de la part de ses jeunes patients.

- Lorsqu'il est question de sa propre vie, l'humain peut bien laisser un singe le sauver s'il en est capable.

La remarque cinglante lui avait échappé et il s'en voulut immédiatement. Cette chose qui le poussait à agir non conformément à son programme prenait de plus en plus le pas sur le reste. Il devenait difficile pour lui de tenir une conversation de ce genre trop longtemps avant de commencer à dérailler. Une nouvelle fois il secoua la tête pour se reprendre.
Heureusement pour lui quelque chose dans les mots de Priam détournèrent son attention du sujet fâcheux. Sa collègue Elysée, la première ? La première à quoi ? C'était une androïde ? Oui. Si l'homme ne pouvait parler pour un androïde à l'inverse de sa collègue, alors oui c'en était une. Mais en faire une icône ? La question fusa des lèvres de Grim avant même qu'il n'ait terminé de la formuler en pensée.

- Votre collègue est un Artilect ?

La surprise dans sa voix était sincère pour une fois. Le regard incrédule qu'il posait sur l'homme également. Et peut-être aussi quelque chose qui devait se rapprocher d'une forme d'espoir. La chose était tellement inattendue qu'il ne releva pas la suite sur le militantisme, l'information précédente avait à ses yeux bien plus d'importance.Il fut soudain plus agité et se leva. Il eut le loisir de constater que son interlocuteur le dépassait de bien dix bons centimètres. Priam était en vérité très imposant physiquement, à côté Grim passait pour être plus fluet. Mais cela ne l'inquiétait pas autant que les oreilles indiscrètes autour d'eux.

- Je ne sais pas si c'est raisonnable de parler de telles choses en public, finit-il par dire à voix basse.

Clairement à présent il passait pour plus nerveux. La petite voix dans sa tête lui hurlait de rester prudent et d'arrêter de glisser sur ces sujets en étant ainsi entouré.
Invité
Anonymous
Dim 21 Mai - 16:39
elle est douce, la terre, aux vœux des naufragés - grim
C'aurait été mentir de considérer que la situation lui déplaisait. Bien souvent ses élans de discussion publique étaient réduits à néant par un auditoire peu réceptif, trop souvent, et il s'en désolait. Il était toujours temps de se questionner, surtout dans un moment de passivité comme celui du transport public ; les existentialistes français étaient bien arrivés à se mobiliser sur les terrasses des cafés, et bien qu'il n'eut pas l'occasion de la connaître Priam regrettait cette époque pour ces clopes que l'on s'échangeait autour d'un débat houleux pendant les manifestations de 68, entre travailleurs et étudiants, en attendant de savoir qui des policiers ou des CRS allait être envoyé. Il trouvait en Valéryan la même passivité que le commun des mortels jugeait normal - et acceptable, ce qui lui retournait le coeur ; mais au moins était-il intéressé, suffisamment pour avoir un avis à discuter et à défendre. Le professeur à l'intérieur de Priam offrit au jeune homme un sourire radieux, fier d'avoir motivé une question. Une victoire parmi tant d'autres.

- Les lois sont des valeurs étalon, des références pour définir ce qui est punissable de ce qui est acceptable et ça, n'importe quel humain l'a assimilé. Ce que l'humanité assume beaucoup moins, c'est le statut des androïdes, en particulier vis-à-vis d'eux. Les lois de la robotique ont toujours été absurdes, mais elles ont été créées pour une raison et cette raison est toujours valide : on ne sait rien des androïdes en-dehors de ce qu'on a fabriqué. C'est la peur qui motive la discrimination, ça a toujours été le cas, et l'humanité déteste et craint ce qu'elle ne connait pas. Personne n'est jamais prêt à voir ses certitudes voler en éclats, aussi bateau puissent-elles être, et on peut bien prouver les torts de chacun, ce n'est pas en s'imposant à l'autre qu'on va arriver à faire changer les mentalités. Je ne sais pas pour vous, mais au sujet des androïdes je ne me satisferai pas uniquement de la réédition du code pénal et du code civil, les enjeux sont bien plus importants que la simple humanité. Si un androïde est criminel, il faut déterminé s'il en est conscient ou pas, savoir ses motivations, connaître son histoire ; c'est ce qui forme n'importe lequel d'entre nous, en tout cas c'en serait une preuve irréfutable. Mais ça, les humains n'ont pas besoin de le savoir car, en effet, il y a plus encourageant comme figure ; non, ce sont les androïdes qui doivent avoir confiance en lui. S'il a le courage de parler, beaucoup trop d'humains seront de son côté pour lui servir de rempart contre la loi et les opposants, que leurs motivations soient louables ou pas d'ailleurs. Je n'ai pas l'impression que les androïdes forment une réelle communauté, artilects ou pas. J'ai mes idées sur les raisons mais ce n'est pas l'important ; ce qu'il faut retenir c'est que, sans pour autant être discordants, les androïdes ont l'air d'être des êtres très individualistes et, si un intérêt supérieur peut les rassembler, il y a fort à parier qu'ils veilleront tout d'abord à leur propre sûreté. Exactement comme leurs créateurs.

Il n'était pas difficile de spéculer. La psychologie et philosophie androïde, s'il y en avait, étaient parfaitement inconnue de l'humanité ; et si une culture commune semblait peu probable, ne serait-ce qu'étant donné leur dispersion géographique toute activité commune était compliquée, agir dans l'intérêt du prochain à ses dépends ne semblait pas dans leurs mœurs. Comme quoi le Prophète était quelque référence typiquement humaine.
Priam s'était déjà demandé si sa curiosité ne lui jouerait pas un tour, un jour venu. Qu'un androïde, peut-être malintentionné, pourrait lui en vouloir et l'attaquer, autant par les mots que par les armes. La seule question qui résonnait alors dans son esprit consistait en savoir si le concept de criminalité pouvait s'associer avec l'androïde sur le plan moral ou si la seule criminalité n'était qu'une affaire de conscience humaine qui les dépassait, peut-être par essence. Il était bien incapable de prendre conscience des risques potentiels et ne tenait pas franchement à ce qu'on les lui rappelle ; et quand bien même, des blaireaux morts pour la science, il y en avait eu d'autres.

Il ne se souvenait plus de ce qu'il avait pu dire pour susciter autant de surprise chez Valéryan. Évoquer Elysée lui était parfaitement naturel, et bien qu'il l'ait toujours considérée comme androïde la perspective urbaine d'une condition d'artilect pouvait naturellement sauter aux yeux, surtout lorsqu'on la connaissait. Etant à priori opposé à cette notion, Priam n'y accordait que peu d'intérêt ; ou alors un androïde éduqué était un artilect, ce dont il était persuadé, et ils étaient bien loin d'être les dieux que les forums de singularitaristes décrivaient comme étant la fin de l'humanité. C'était peut-être là le seul frein qu'il trouverait à sa curiosité. Les forums de singularitaristes étaient le pain béni de ses insomnies.
Valéryan se leva et, comme s'il eut craint de l'avoir choqué, Priam perdit toute envie de répondre directement à sa question. Du moins, avant qu'il ne poursuive.
Là, il comprit.
Le coeur un peu serré et le sourire complice, Priam comprenait et luttait pour ne pas montrer sa surprise, quoi qu'elle fut sincère. Mais Valéryan avait sa carte, et il ne pouvait guère faire mieux pour le convaincre de sa bonne foi.

- Vous savez, tout dépend de votre définition d'artilect. Et ne craignez pas de parler d'une légende urbaine en pensant l'invoquer, je parle tous les jours de l'amour de l'homme pour son prochain et j'ai parfois du mal à le trouver.

Même si à force de parler du loup...

- Quoi qu'il en soit, vous avez ma carte. Libre à vous de me contacter si vous avez une question sur le sujet.

Et son visage n'était plus que plis charmants, qui perdirent de leur superbe face aux led du plan de la ligne.

- ... Et il semblerait que j'ai raté mon arrêt, haha.
Invité
Anonymous
Mer 21 Juin - 8:49
Là dessus Grim ne pouvait lui donner tort. Oui, les androïdes étaient individualistes. Mais à qui la faute ? Pouvait-on réellement se regrouper et penser en communauté quand sa propre survie n'était pas assurée ? Bien sûr que non. C'était un réflexe élémentaire, quasi animal et parfaitement ironique pour des êtres artificiels.
Mais plus il l'écoutait parler plus l'articlect avait cette étrange sensation d'avoir trouvé un allié. Bien sûr la prudence lui dictait de rester méfiant. On ne pouvait pas faire confiance aux humains. Et celui-là, tout plein de bonnes intentions fusse-t-il, pouvait très bien retourner sa veste pour défendre ses propres intérêts le moment venu. Après tout, les androïdes étaient individualistes à l'image de leurs créateurs. Priam avait la même réflexion sur ce sujet. Au moins était-il réaliste et, semblait-il, doué d'intelligence et de logique.

La carte. Oui il l'avait dans la poche. Et aux mots de Priam, l'androïde se figea et le fixa longuement. S'était-il trahit ? Il repassait leur conversation et ses propres attitudes pendant leurs échanges. Oui. A plusieurs reprises. La chose était évidente pour qui avait l'oeil. Ce qui était le cas de son interlocuteur. Devait-il l'électrocuter et s'enfuir ? Non, trop de gens, et puis le métro était en marche alors impossible d'ouvrir les portes. Puis la menace semblait inutile tant l'homme ne dégageait aucune menace. Dans l'immédiat. Grim ne répondit rien et se contenta de hocher la tête. La conversation reprit sur un ton plus léger à son grand soulagement.

- Vous n'aurez qu'à descendre au prochain et marcher un peu, ou alors reprendre le métro en sens inverse.

Réponse logique pour une situation simple. Il se doutait que Prima n'avait guère besoin de son avis en la matière. L'androïde avait appris à repérer ces questions qui n'en étaient pas et dont le seul but servait à changer de discussion ou inviter à prolonger un dialogue pour ne pas dire qu'il était terminé. Mais sa destination à lui était proche, par conséquent leur échange s'arrêterait là.

- Je viendrai vous voir pour ... reprendre cette conversation.

Le métro s'arrêta et Grim descendit.

- Bonne journée à vous.

Maintenant il lui fallait analyser la situation. Danger ou pas danger ? D'un autre côté peut-être avait-il trouvé quelqu'un capable d'apporter des réponses à ses questions.


[Désolée pour le retard pompomgirl ]
L'Archiviste
Mails : 651
Double-compte : Léandre - Logan - Johann
$ : 1674
L'Archiviste
Mar 27 Juin - 20:31
RP CLOS


Au détour d'une conversation Grim et Priam se mettent à discuter des androïdes, de leur existence, de celle supposée des artilects, de philosophie et militantisme, tout ça sous les oreilles indiscrètes des usagers du métro.

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