Otherworld, FFX

L’ambiance est toujours électrique. Sur le ring miteux, les combats s’enchainent dépourvus de règle et de remord. Les muscles se tendent et se déchirent, les corps se percutent, se cognent, s’auréolent de rouge, de bleus et de milles autres teintes. On dirait une peinture d’Egon Schiele en plus saturée, en plus violente et décadente. Ça pête à la gueule de tant de mouvements et d’énergie.
Ça gueule aussi. Beaucoup. Ça parie sur son champion, insulte, frappe  parfois dans la foule car le combat est partout.
C’est ce qu’aime Logan. Cette vie sans fard, brute où il peut être n’importe qui et personne à la fois.
Il rentre dans la salle, se faufile entre les hommes, écarte d’un mouvement de coude ceux qui gênent son passage.  Ça grogne, il les rembarre et les protestations se taisent en réalisant que l’enmerdeur est un combattant. Ça n’est pas très difficile à deviner d’un autre côté. Il a son costume de scène, pseudo peau de loup réalisée en fausse fourrure de mauvaise qualité. C’est cheap mais ça remplit son office.
Il écarte les cordes du ring, saute sur la scène et dans un élan théâtrale, léve les bras au ciel, secoue plumes et breloques attachées à ses cheveux et à son costume. Il fait le beau, le fier, pousse un « ahhhouuu » dans la salle et ceux qui ont pariés sur lui répondent à l’appel.
Il sourit. Ça l’amuse Logan. L’excite. C’est encore un gosse après tout et les morveux de son espèce aiment avoir leur instant de gloire.
Il retire sa pelisse, dévoile sa carrure sèche et musclée. Ses épaules sont carrées, son ventre un peu creux malgré les abdos. Il ne mange pas trop et ça se voit.  
Il attache négligemment sa tignasse indisciplinée en une queue base inesthétique, esquisse un sourire carnassier et mauvais et sous les acclamations de l’arbitre, le combat commence.

Ça cogne, esquive, encaisse mais rapidement la solution de l’affrontement se dessine : Logan se fait laminer. Le mec en face de lui a bien plus de techniques et la force de ses coups n’arrivent à inverser la tendance. Il accuse plus qu’il ne porte et les rictus de douleur s’enchainent sur son visage dégoulinant de sueur.  Son corps le brûle, l’endurance en bout de course.
Il tient bon pourtant, ne s’avoue vaincu à aucun moment.
Il est teigneux, pugnace, orgueilleux.
Il peut crever qu'il ne ploiera pas l'échine car seule la mort aura sa soumission. Les autres eux, ont juste le droit au mépris, à la haine, à la colère et aux hurlements;
Au Loup en lui qui montre les crocs et le maintient en vie.  

CARACTERE
- Il est simple et nature et à tendance à se moquer des personnes superficielles ou sophistiquées.
- Peu pudique (pour ne pas dire absolument pas).
- Personnalité très entière et franche. Il ne connait ni le tact, ni la diplomatie, ni les avis tièdes.
- Sanguin. Ses colères  (régulières) sont aussi dévastatrices que ces crises de larmes (rares).
- Orgueilleux et fier, il peut être d'une très belle mauvaise foi et il se vexe facilement.
- Aime jouer à tout et n'importe quoi (surtout au flipper) mais juste quand il gagne. Il est donc mauvais perdant.
- Il possède un assez bon sens de la justice sociale.
- Quand il rigole, sourit ou est heureux, on voit qu’il est encore un peu un enfant.
- Peut être plutôt très sympathique quand il en a envie.
- Parfois très immature et influençable.

EDUCATION :
- Son éducation n’est pas très bonne. Il est peu cultivé et a dû mal à lire. Il parle vulgairement et son sens de la politesse n’est pas vraiment poussé.
- Il a fumé pour la première fois à 9 ans, a commencé à boire vers 13 ans et a tester la drogue à 15. S’il continue à pas mal boire aujourd’hui. Il s’est calmé sur la cigarette et les stupéfiants divers.
- Il a appris la débrouille pour palier au manque. Il est bon bidouilleur, vole, ment, arnaque. On peut faire beaucoup de choses sans argent.

HAINE ET ARMES :
- Il se bat avec des poings américains. Dû à son caractère sanguin, il se retrouve parfois au centre de combat de rue et de paris.  Quand il gagne, il empoche une partie des sommes.
- Car les puissants et les blancs ont castré la fierté des amérindiens, il déteste tout politique et homme de pouvoir. Il aimerait les butter jusqu’au dernier même si déjà buter le violeur de sa soeur serait un bon début.
- On lui a déjà proposé de rentrer dans un gang mais il a toujours refusé jusqu'à présent. Il bosse parfois pour des petits groupes criminels quand il est question de refaire le portrait ou d'intimider quelqu'un.
- Quand il part pour une "mission" risquée, il a tendance à se droguer pour être moins anxieux.
- Il pense ne pas craindre la mort, n’a aucunement peur des coups et des blessures et les supporte bien.

VIE QUOTIDIENNE
-Par définition plus que pauvre, il s’habille de façon négligée avec ce qu’il trouve en friperie, soit, la plupart du temps, un jean, un t-shirt, un sweat et des baskets. Il n’a par ailleurs pas de logis hormis un squatte qu'ils partagent avec d'autres "clandestins" et crèche souvent dehors chez des potes ou des coups d'un soir. Pour cette raison il n’est pas toujours très propre sur lui, a parfois des poux et sent souvent "le Mâle". Lui proposer une douche est un bon moyen de vous en faire un ami. Par contre, préparez vous à dire adieu à votre ballon d’eau chaude et à le voir débouler devant vous  à poil, un air ravi au visage et un « fucking god, c'est trop bon » aux lèvres. Eh oui, il n’est pas pudique l’animal.
- Quand il a la place de s’étaler dans un lit, il s’étale, colle les personnes à côté de lui, ayant pris l’habitude de dormir dans le même lit que ses frères. Il ronfle et bave par ailleurs. C’est un véritable calvaire.
-N’ayant pas le choix d’être difficile, il mange de tout même s’il adore le fast food ou la bouffe chinoise et italienne.
-Il ne crache jamais sur de la thune. Chaque mois, il envoie une partie à sa famille et dépense l'autre en conneries. Il se dit qu'il n'a pas encore longtemps à vivre et qu'il est alors inutile d'investir.

AUTRES :

- Il est bisexuel même s'il est par ailleurs clairement « follophobes » et crachera sur tout ce qu'il considéra comme "faible".
- Ses relations affectives sont celles d’un adolescent. Elles sont souvent floues, immatures et spontanées. Il n’a pas vraiment de petits cases et un individu peut très vite passer d’ennemi à ami, plan cul, amant …
- Le sentiment d’appartenance et les liens fraternels sont très importants pour lui.
- Il a été dépisté séropositif il y a peu. Sans argent, il n'a pas de traitement même si l'infection est encore asymptomatique. Il se protège toujours depuis. Ses amis proches et les personnes avec qui il couche le savent mais il tait ce détail aux autres par honte. Il s’est promis un jour de contaminer "un connard de violeur".
- S'il y a une chose capitale pour lui, c'est le consentement. Chacun fait ce qu'il veut tant que les personnes impliquées sont ok. Les mecs qui respectent pas ça mérite de crever.
- Il aurait aimé un nom de famille anglophone car on ne peut pas dire que "Duval" pue franchement la classe
- Il n'est pas très grand (1m74)

Quel est votre avis par rapport aux Androïdes ?Des boîtes de conserves. 'Sont inutiles. Le monde vivait aussi bien sans mais au fond, j'men calisse, c'est pas mes affaires. Mon nokia ça m'suffit. ça c'est basique. Essentiel.
Quel est votre avis par rapport aux Humains ?J'men calisse et les blancs j'ai envie d'les varger. Comme les fiottes d'ailleurs. Les hispaniques et les blacks c'est les plus cools. C'est un peu des bro'.
Quel est votre avis par rapport aux Réfractaires ? Ces mecs, ils badtrippent pour rien. Ils ont vu trop film de SF aux vues. 'Devrait aller baiser leurs femmes, ça baisserait leur tension.
Quel est votre avis par rapport aux Exovedat ? Qu'ils arrêtent de bâdrer l'monde. Y'en a pas besoin de leur crisse de foutaises.
Quel est votre avis par rapport aux Artilect ? C'des bullshits. J'en varge toute la journée des androides et j'peux dire qu's'est des codindes. Y'en a jamais un qui monte dans les rideaux, alors non, z'sont pas plomb dans la tête.

Beaulieu, Eddy de Pretto


La bicoque était misérable. Le mobilier était vétuste, ça puait la clope et le joint, les murs prenaient l’humidité et des auréoles de moisissures grises recouvraient par endroits le papier peint délavé. Objectivement, c’était  ce qu’on pouvait appeler un trou. Un trou néanmoins chauffé et propre. « Un palace » en un mot pour Logan qui avait même pu prendre une douche et se départir de sa crasse, chose qui, pour un sans-domicile, constituait le luxe des luxes.  

Tout cela il l’avait eu grâce à Daniel, un grand black d’une bonne quarantaine d’années qui, selon ses dires, avait passé pas mal de temps  en taule dans sa jeunesse. Il avait tué un mec en défendant sa copine, plaidant aussitôt la légitime défense, mais l’affaire avait été vite classée et il avait payé cher, la justice d’un blanc immaculé le condamnant à grands coups de « meurtriers ».

« J’avais déjà rien et l’autre mec avait des bidoux à s’en torcher le cul avait-il ajouté, amer. J’avais aucune chance.

Dan’ avait soufflé vers le plafond, se retournant dans le lit pour faire face au gosse à ses côtés.
« Et toi, tu viens d’où ?  T’es un mioche, tu devrais pas être dans les rues à ton âge. »

C’était une phrase de vieux con paternaliste et protecteur ; de celles qui énervaient et touchaient tout à la fois Logan qui jamais alors ne manquait une réplique aimable.

-J’vais ce que je veux Vieux. Et je viens d’la réserve de kahnawake, c’te foutu bled où tout le monde se la ferme et boit car personne veut ouvrir sa gueule de peur que les Pourris nous coupent nos subventions.

Il claqua de la langue. C’était un tic qu’il avait pris en prison et qu’il reproduisait inconsciemment quand il était contrarié.

« Il y a deux ans, ma soeur s’est suicidée car elle avait été traquée et violée par un blanc. C’est un truc assez courant alors personne n’a fait de bruits. Ni le clan, ni mon père, ni mes frères. ’S avaient peurs ces cons. J’ai pas tenu.  J’me suis barré en ville pour faire justice et retrouver ce bâtard d’enculé. »

Ses dents se sont serrées et une ride de contrariété est venue barrer son front.
Ça le dégoûte. Ça l’énerve. Il veut cogner. Son poing se crispe sur le drap.

"Au debut j’ai voulu rejoindre ma cousine, une meuf qui s’appelle Ada, mais j’l’ai jamais trouvé alors j’ai vécu dans les rues quelques temps en volant et en tabassant mais j’me suis fait chopper par les flics lors d’une baston et j’ai fait quelques mois de prison. Ils ont voulu me calmer. C’était raté. J’étais fou à la sortie. Sans cadre. Sans limite. J’aurais frappé n’import’qui.

Un jour, lors d’un combat de rue, j’ai été remarqué par un mec. Il m’a dit que j’me battais bien et m’a proposé de participer à des combats illégaux en ring. Ç’m’a bien plu et j’ai foncé sur l’occaz alors maintenant, je défonce des gueules.  Parfois j’me bats contre des hommes, parfois contre des robots. J’m’en fous, j’ai des bidoux et un squatte pour dormir avec d’autres jeunes. De temps en temps, quand j’fais des « missions », j’ai même des infos sur le mec qui aurait violé ma sœur. »

Logan se lève, va chercher sur la table son couteau, passe son poing américain et se rassoit. Un rictus malsain a fleuri sur ses lèvres.
De ses phalanges de métal, il caresse la mâchoire du grand Black . Dan n’a pas peur. Il connait ce regard, partage sa haine même si la sienne s’est adoucie avec l’âge.

«Comme ça, le jour où je le trouverais, je frapperais jusqu’à ce qu’il ne soit plus reconnaissable et qu’il se pisse dessus. Après je lui couperais la queue pour lui faire manger. »

Son poing a quitté le visage de l’homme et ses doigts caressent à présent le tranchant du couteau.

« A la fin, je l’égorgerais en l’obligeant à me regarder dans les yeux. »

Il repose l’arme. L’idée même de saigner cette enflure semble l’apaiser.

« Je crois que je serais heureux après… »

La phrase avait été dite sans certitude. Au fond, il n’était sûr de rien, gamin immature et paumé, rejeton de haine qui s’accrochait à l’idée que la vengeance seule sauvait.
C’est du moins ce que disait le visage de Dan qui avait acquiescé sous un « je comprends » attristé.
Je comprends mais j’approuve pas. Y’a d’autres avenirs pour les gosses comme toi.
Un pti’boulot, un logement, une blonde, un char et le fait de jouir de la vie même si celle-ci est une chienne.
Dan aurait aimé lui offrir tout ça. Il aurait aimé l’offrir à la terre entière mais il n’était personne alors il faisait juste ce qu’il pouvait ; à son échelle.

-Dis Gamin, ça te dirait de baiser ?

La question était venue spontanée, comme une évidence. Dan avait envie de baiser parce que le gosse lui plaisait, bandant déjà à l’idée, sûr que la proposition serait accepté. Il ne s’attendait pas à la réponse.  

-Ça va pas être possible…., Logan s’était tu un instant, gêné. - J’suis séro…

Il avait hésité à le dire, puis l’avait expulsé avec précipitation, le terme toujours douloureux et honteux dans sa bouche.
Dan en avait perdu ses mots, répliquant un pauvre « ah… » de malaise.
C’était jamais facile de se retrouver confronter à la claque du VIH.  

-Désolé … ça t’es arrivé comment ? Enfin sauf si tu veux pas le dire hein, je comprendrais ! »

Il avait demandé malgré le tabou et la peur du virus, la seule peut-être qui guettait nombre de ses frères.
Logan avait hoché la tête sous un « c’est pas grave t’inquiète » puis avait repris.

-Je sais pas trop… Surement un rapport... Je me sentais pas trop bien il y a quelques mois et on a fait un test « au cas où » et il s’est révélé positif…
Ça m’a choqué au début et je suis allé casser la gueule à un mec pour me défouler… c’est là que je suis allé en prison…

Il avait soupiré, s’était redressé contre le mur pour s’asseoir dans le lit. Dan’ le regardait et à ses yeux, on comprenait qu’il ne savait trop quoi penser.

-Les combats, tout ça, c’est une sorte d’attentat suicide en fait c’est ça ?

Le grand black avait hésité à poser sa question car, s’il n’était pas sentimental, un tel avenir était trop moche pour un gosse d’à peine 18 piges.

-  Ouais, on peut dire ça… J’ai pas de thune pour les traitements alors j’ai rien à perdre. De toute façon j’finirais bien par crever comme un chien…

La réponse était sans équivoque et un silence s’était installé, pesant et triste ; un de ceux qui ne devraient pas à avoir à s’installer quand on parlait de baiser.

-Tu sais Gamin, c’est pas grave pour moi si t’es sero’, j’ai des capotes, on se protégera et c’est bon.

Dan’ avait sourit, rassurant. Logan avait hésité quelques secondes, troublé. Il avait acquiescé sous un « ok » et avait laissé tomber ses oripeaux d’homme sous le tracé d’un croc.

Ça avait été un moment cool car Dan’ était un mec cool ; un grand black pas épargné par la vie et qui avait connu sa fin suite à un putain de virus mal soigné. Personne n’en avait parlé. C’était rien qu’un pauvre. Tout le monde s’en foutait.