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[Fini]Hang in there ! | ft. Azel
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Jeu 30 Aoû - 20:41
hang in thereAzel & Demetri
La nuit avait depuis longtemps déjà recouvert la ville de son sombre manteau d'étoiles, mais Demetri ne parvenait pas à trouver le sommeil. Rentré depuis quelques mois de ses missions humanitaires, il s'enfonçait dans une routine qui l'ennuyait : il partait bosser deux à trois demi-journées par semaine, était de garde quelques nuits par mois et vagabondait le reste du temps dans les ruelles de Montréal afin d'en découvrir les secrets. Comparé à tant d'autres personnes, il n'avait pas à se plaindre mais la solitude commençait sérieusement à le bouffer. De longues années passées à voyager de pays en pays n'avaient pas eu que des avantages et, maintenant qu'il s'était enfin sagement posé, il n'avait pas un seul ami avec qui s'amuser. Horchata était certes présente et l'inondait d'affection, mais il manquait toujours quelque chose. Quelque chose que les personnes qu'il avait beau ramener pour réchauffer son lit ne lui avait jamais donné.

À force de tourner dans son lit, Demetri finit par se lever.
Il se passa un peu d'eau sur le visage, s'habilla et décida de sortir en laissant son husky à la maison –qui était de toute façon endormie comme une souche dans son panier. Fermant la porte à clef, il partit en fourrant les mains dans ses poches, le regard plongé dans les étoiles, en laissant à ses jambes le bon soin de le perdre dans la ville. L'air vespéral qui caressait ses joues encore humides termina de le réveiller, écartant Morphée pour quelques heures.

À force de s'égarer, les fêtards, les lumières crues des lampadaires et l'animation des rues laissèrent place à une quiétude relaxante. Il choisit de s'asseoir sur un vieux banc décrépi et d'attendre que la fatigue ne vienne le chercher pour rentrer, écouteurs vissés aux oreilles, mais on ne lui en laissa pas l'occasion.

Son téléphone se mit à sonner, coupant par la même occasion sa musique, et il fronça les sourcils en voyant le numéro de l'hôpital pour lequel il bossait s'afficher. Il réfléchit un instant, se rassura en se rappelant qu'il n'était normalement pas de garde aujourd'hui – et qu'on ne pouvait donc pas le réprimander pour quoi que ce soit – et finit par décrocher. Une secrétaire lui répondit, la voix rapide et inquiète.

« Bonsoir Monsieur McLagan ! Désolée de vous embêter à une heure aussi tardive, mais on a besoin de vous … On a un blessé sur l'île de Sainte-Hélène et aucune de nos ambulances n'est à proximité. Pourriez-vous aller stabiliser cette personne le temps qu'on arrive jusqu'à vous ? »

Se mettant en route après s'être levé d'un bond, Demetri demanda plus d'informations à la secrétaire qui fut en peine de lui répondre. Visiblement, la personne qui avait appelé avait le souffle trop court pour donner plus d'informations sur son état, en dehors de son emplacement précis. Le parc Jean-Drapeau. Il connaissait bien, y étant déjà allé à plusieurs reprises pour faire de l'escalade sans trop s'éloigner de chez lui … mais au vu de l'heure, la victime devait être un de ces fêtards en manque de sensations fortes qui n'avait rien trouvé de mieux qu'entrer sans permission dans le parc ! Il raccrocha après avoir remercié la secrétaire, qui s'excusa à nouveau du dérangement, et il courut jusqu'à la station de métro la plus proche.

Jetant un coup d'oeil aux horaires et aux différentes voies, il sauta dans le premier partant en direction du parc et demeura debout, trop impatient et turbulent pour oser s'asseoir. À force de taper du pied et de gigoter devant les portes vitrées du train, les quelques têtes qui se trouvaient dans le métro s'étaient toutes tournées vers lui avec incompréhension, mais il ne leur jeta pas un seul regard, le cerveau surchauffant bien trop pour le remarquer. Il s'attendait au pire.

Genre : retrouver un ivrogne complètement torché
Ou : retrouver un ivrogne pendu contre un mur d'escalade.
Ou : pire encore, retrouver une bande de potes imbibés et suspendus dans le vide.

Demetri choisit finalement de laisser ses pensées macabres de côté. Sitôt parvenu au bon arrêt, il se remit à courir en zigzaguant entre le peu de passants présents sur l'île et ne s'arrêta que lorsqu'il put voir les grilles du parc se dresser devant lui. Bien sûr, elles étaient fermées : l'heure tardive avait vu les quelques membres du parc rentrer à la maison et pas une seule lumière n'éclairait les lieux. Appeler le numéro du parc et attendre bien sagement qu'on vienne lui ouvrir était toutefois exclu – et il ne se voyait pas attendre là en sachant que quelqu'un était sûrement gravement blessé non loin – alors il ne réfléchit pas un seul instant avant de grimper les grilles pour sauter de l'autre côté, atterrissant sans effort dans le parc.

L'adrénaline bouillonnant dans ses veines, il dut cependant garder la tête froide et réfléchir à ce qu'il devait faire ensuite. Ayant été appelé en urgence, il n'avait pas le moindre matériel sur lui. Il partit donc fouiller le secrétariat et les vestiaires afin d'y débusquer le nécessaire : entre autre un baudrier, des mousquetons, une trousse de secours … Il lorgna un instant les casques (d'une criarde teinte orangée) et se décida à en prendre un lorsqu'il vit que certain portait une lampe frontale. Au vu de la noirceur et du manque de lumière, il consentit à attraper un casque et à l'enfiler, ne s'encombrant toutefois pas davantage ; ne connaissant aucunement l'état de la victime, il était question de minutes … et elles pouvaient être bien frêles.

C'est pourquoi Demetri s'empressa ensuite au niveau des parois naturelles d'escalade, son ridicule casque de protection flamboyant sur le crâne. Levant les yeux au ciel, il chercha une silhouette dans l'obscurité, soulagé d'avoir pensé à prendre une lampe tant la nuit dévorait toutes les formes sur lesquelles il posait les yeux. Il marcha un instant, dépassant les murs d'escalade d'entraînement et les faibles pentes et ne s'arrêta que lorsque son pied buta contre quelque chose. La lumière de sa lampe se reflétait violemment contre quelque chose, visiblement en plastique. Il se baissa donc et posa les doigts sur un inhalateur – assurément celui de la victime.

Relevant les yeux sur la paroi devant laquelle il se trouvait, il trouva enfin la personne qu'il cherchait. Mais contrairement à ce qu'avait dû penser l'infirmière qui avait répondu à son appel, elle était suspendue dans le vide…

Son cœur manqua un battement.
Inspirant profondément, il se força au calme en se rapprochant, parvenant plus distinctement à voir ce qu'il se déroulait : la victime (visiblement un homme de son âge) semblait au moins consciente. Retenu par son équipement, il était assis sur son harnais, les pieds appuyés contre la paroi et paraissait presque l'attendre ; un peu comme l'aurait fait un ami plus doué que lui en grimpe et qui, une fois en haut, le narguerait…

« Hey !! Tout va bien !? Les secours ne vont pas tarder à arriver ! »

Au vu de la hauteur qui les séparait – huit bon mètres bon sang! –, il cria pour essayer de faire savoir sa présence. Demetri ne perdit toutefois pas de temps à attendre une réponse et, une fois assuré que son équipement était correctement mis et qu'il ne risquerait rien à grimper, débuta son ascension. Le but était de parvenir aussi vite que possible auprès de cette personne pour l'aider à monter jusqu'à la plateforme naturelle située juste au dessus de lui, faire un rapide diagnostique de son état avant de, si possible, l'aider à redescendre. Assurément un travail de pompier, mais il n'allait pas cracher sur un peu d'action… et possédait les compétences de grimpe requises, à défaut d'en avoir le rôle. Escalader avait toujours été un de ses passe-temps…

« Vous m'entendez !? Tout va bien se passer … »

Peut-être était-ce plus pour lui-même que pour cet homme, mais Demetri ne cessa pas de lui parler. Les prises et la roche lui blessaient les mains, son souffle se saccadait à vue d'œil mais il n'arrêta pas de parler, de le rassurer, de l'appeler… jusqu'à finalement parvenir à ses côtés. Une fois à son niveau – et avant toute chose – il prit le temps d'abaisser la luminosité particulièrement crue de sa lampe frontale, la gardant toutefois allumée pour discerner les traits du jeune homme.

« Je vais vous aider… Vous pensez pouvoir grimper un tout petit peu plus ? »

Dans le cas contraire, il allait devoir le soutenir. Le faire descendre sans la présence d'autres ambulanciers pouvait s'avérer risqué. Déjà que la situation était incongrue et inhabituelle, il préférait jouer la carte de la sécurité.

Aussitôt à ses côtés – et malgré leur position tout sauf pratique pour ce faire –, Demetri le détailla de haut en bas à la recherche d'une blessure sévère ou d'une preuve visible de son mal-être. Ses lèvres avaient une légère teinte bleue et son souffle était aussi court que le sien (si ce n'était même plus) … La secrétaire qui l'avait appelé avait rapidement fait part d'un problème respiratoire, qu'il ne pouvait que confirmer en entendant sa respiration sifflante. L'inhalateur trouvé au sol allait sans le moindre doute aider. Il avait bien fait de ne pas le laisser derrière lui.

« Si vous n'arrivez pas à parler, hochez simplement la tête d'accord ? J'ai retrouvé votre inhalateur … »

S'asseyant de la même manière, Demetri approcha doucement l'objet trouvé et n'hésita pas un instant à l'appuyer contre les lèvres du jeune homme, l'observant avec une douceur mêlée d'inquiétude. Il espérait sincèrement que l'inhalateur suffirait à l'apaiser un minimum.

« Tenez… Inspirez un bon coup. »
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Azel Lavoie
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Azel Lavoie
Sam 1 Sep - 18:41
Au dessus de sa tête. Étoiles. Douces. Et belles. Lumineuses. La nuit. Aux murmures secrets. Tombée depuis plusieurs heures. Sur la ville, endormie. Les parcs et la falaise. De Jean-Drapeau. Silencieux. Vide aussi. De visiteurs. D'enfants qui crient. D'adultes aux bavardages incessants. De regards, comme il ne les aime pas. Qui scrutent les failles et cherchent les détails. Ou l'inverse peut-être. Pour lui c'est pareil. Déteste les murmures qu'il entend. Les quelques fois où il est venu en journée. Déteste payer également. Pour grimper un rien du tout. Huit ou douze mètres. Avalés en trop peu de temps. Avec Tyler ou bien sans. En écho fade à leurs montagnes, loin d'ici, de Montréal. En copie imparfaite aux parois que l'on trouve là bas. En consolation maigre pour palier au manque, des paysages et des sensations, de l'air frais au creux de ses poumons. Abîmés. Sur lesquels il a forcé pour venir, en courant, une fois le magasin fermé. Avec l'envie de grimper. Dans le cœur et dans les tripes, dans sa poitrine serrée. Dans ses jambes aussi. Puissantes après toutes ces années passées sur les chemins, les falaises. À flanc de montagne pour toucher du bout des doigts le ciel ; atteindre leur paradis. Cet endroit sauvage où le silence est maître. Et la nature libre et magnifique. Rien à voir avec l'endroit où il est ce soir, perché presque tout en haut. Le souffle rauque et brisé.

C'est arrivé comme ça, par notes délicates d'abord, une gêne au fond de la gorge. Puis plus fort avec tous les efforts accumulés. La course pour arriver, avec le sac à dos, puis le portail qu'il a grimpé. Le mur ensuite, à toute vitesse. Une fois puis deux puis trois. Par différentes voies. Ridiculement peu complexes pour lui. Jusqu'à ce que ses poumons se crispent. Décident de s'arrêter. Que l'air lui manque tellement qu'il lâche tout, tombe dans le vide et se retrouve brisé un peu plus par le choc. Maintenu heureusement par la corde, le dernier ancrage auquel il s'est amarré. À quelques pas à peine du sommet.

C'est arrivé oui. Et il a voulu prendre son inhalateur, l'a lâché. À cause de ses mains tremblantes, à cause de l'incapacité à retrouver sa respiration. Parce qu'il s'étouffe, cinglé dans son harnais. Avec son air en boîte loin sous ses pieds sur terre. Quand lui est si haut, incapable de bouger. À part pour basculer légèrement, poser les pieds sur la roche, s'appuyer et soulager son corps. Tendu à l'extrême de cette crise qui le secoue. Téléphone. Il y songe quelques secondes après, entre deux inspirations agonisantes. Fait au mieux pour l'attraper. Ne pas le faire tomber. Et s'il pourrait appeler sa mère ou Tyler, il se décide à être raisonnable. Compose un numéro dont il n'a pas l'habitude. Pour tomber sur une voix de femme, professionnelle à souhait. Qui fait chaud au cœur cependant quand elle demande ce qu'ils peuvent faire. C'est rare qu'il les appelle Azel mais il est là, et sans son inhalateur n'a aucun moyen pour diminuer la crise. Pas de cette ampleur.

"N-Need help... P-Please..."

L'anglais est habituel. Parlé si souvent avec Tyler ou sa mère qu'il ne se rend pas compte. Pas dans son état. Avec la Mort au bord des lèvres bleuies, qu'il repousse par un simple filet d'air avalé comme il le peut. Par une volonté trop grande. Même si les mots ont du mal, s'arrachent avec une peine immense.

"Q-Quickly... P-Parc Jean D-Drapeau..."

Il voudrait ajouter que c'est au mur d'escalade. Éclate en une quinte de toux qui l'en empêche et coupe l'appel pour se concentrer sur l'oxygène qu'il doit attraper. En attendant que quelqu'un arrive. Vienne le chercher. En dehors des horaires, il en a conscience bien sûr, mais n'a que ça. S'accroche comme il le peut, les doigts serrés à en saigner sur son propre pantalon. Attend et attend encore. Avec aux oreilles le son de la ville. Devant les yeux, sa tête rejetée légèrement vers l'arrière, la lueur faible des étoiles cachées en partie par la pollution lumineuse. Des lampadaires. Des enseignes. De toutes ces choses qui ne sont pas naturelles et gâchent ce qu'il aime tant. Et les fixer le fait oublier un peu le temps qui ne parvient pas à passer. Quand il revient à lui c'est à cause d'une voix. De quelqu'un venu jusque là. Pour l'aider, et Azel espère de toutes ses forces que son regard n'aura pas de pitié. Même si le ton employé dès le départ suffit pour lui faire comprendre que ça ne sera pas le cas. Sûrement. Qu'il est plus professionnel que beaucoup d'autres. Que tous ces infirmiers qui ont pu l'observer ainsi, quand la nouvelle de sa maladie l'a dévastée.

Sûrement oui. En tout cas il grimpe. Avec aisance, comme lui. Quand il n'est pas bloqué comme un idiot. Quand la maladie ne le pétrifie pas comme maintenant. Et il tourne la tête vers lui, halète toujours. Oblige des mots à s'échapper.

"I c-can't... N-Need..."

De l'air. Juste un peu. Pour se donner les forces qu'il trouve toujours en temps normal. Quand il n'est pas pris par une crise de cette envergure. De cette violence parce qu'il est allé trop loin. En oubliant de prendre sa bonbonne, laissée à la maison. Aggravée par l'inhalateur, tombé au sol. Qu'il ne remarque pas tout de suite dans la main. La vue brouillée par des larmes accumulées. Qui s'appuie contre ses lèvres finalement sans qu'il ne comprenne comment. Parce qu'il met un moment à percuter les choses. Les paroles et puis les gestes. Ouvre finalement la bouche en plaquant ses doigts sur ceux de l'inconnu pour attraper une gorgée de son médicament, dans un geste mécanique. Habitué. Peut-être un peu trop. Tant pis. Il laisse les produits faire leur effet, rapidement heureusement. Sent sa gorge se dénouer juste un peu, accepter le passage d'un peu plus d'oxygène. Reprend des couleurs. Des forces. Pas assez. Avec détresse il appuie une seconde fois, en a besoin. En sachant bien que ça ne suffira pas. Qu'il lui faut plus.

"J-Je vais... Je vais essayer..."

C'est dit tout d'une traite. Un petit peu mal articulé avec l'inhalateur contre sa bouche, qu'il repousse doucement en direction de l'inconnu pour ne pas de nouveau le faire tomber. Avant d'attraper la paroi à pleines mains. Une grimace sur le visage à cause de ses muscles crispés, de son souffle saccadé. Têtu pourtant, plus que la Mort qu'il repousse encore. Tandis qu'il part a l'attaque des derniers mètres avec lenteur. En remerciant silencieusement tous les saints d'avoir amené cet homme si vite. Qu'il remerciera aussi, quand ils seront en haut. En sécurité. Ce qui est bien vite le cas, ou alors il se l'imagine cette vitesse.

Qu'importe. Ses pieds touchent le haut du roc et il se hisse, là respiration rauque encore, s'étale sur le dos dans un soupir de soulagement. Car c'est dur à chaque fois d'atteindre le sommet quand le corps ne peut plus continuer. Dur de pousser sur des jambes faibles ou de tirer sur des bras fatigués. Sur un corps en manque d'air. Mais il a réussi. Et sans l'autre gars il ne l'aurait pas fait.

"Merci d'être venu si vite..." Chaque phrase est dite trop vite. Gâchis de son souffle si précieux. "J'ai besoin d-de mon inhalateur.. Encore.. Please.."

Pour patienter le temps des secours. Ne pas la laisser s'aggraver de nouveau, la crise. Qui fait siffler sa gorge et ses mots.
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Dim 2 Sep - 18:01
hang in thereAzel & Demetri


Maintenant fermement l'inhalateur contre ses lèvres, Demetri l'observait inspirer le médicament à plein poumons mais n'en était pas pour autant soulagé. Il ne pourrait se détendre qu'en voyant les urgences arriver. De plus, le plus dur était encore à venir et il n'était pas dit que la crise allait bien gentiment s'atténuer et disparaître. Il finit par récupérer l'inhalateur et le rangea soigneusement dans une poche pour ne pas risquer de le refaire tomber ; ils avaient déjà eu de la chance qu'il ne se casse pas en se fracassant en contre-bas et mieux valait ne pas tenter le diable.

« Doucement … Prenez votre temps. »

Du mieux qu'il le put, il chercha à le soutenir et à l'aider lorsqu'il le vit commencer à monter. Le sommet n'était pas bien loin, mais leur ascension était lente et douloureuse. Demetri ne manqua pas la grimace de douleur et le souffle erratique du jeune homme, mais ainsi suspendu au dessus du sol, il lui était difficile de faire quoi que ce soit d'autre que d'espérer que tout se déroule bien et que ses collègues se bougent un peu le cul.

Ils finirent toutefois par réussir à atteindre le sommet.
Demetri l'y hissa, craignant un instant que ses jambes ne le lâchent, mais il n'en fut rien : le jeune homme était parvenu à grimper malgré son souffle qui mourait hors de ses lèvres. Il le laissa s'étaler sur le sol mais s'agenouilla de suite à ses côtés, desserrant son équipement d'escalade et ses vêtements. Une fois fait, il plaça délicatement son crâne sur ses cuisses pour l'aider un maximum à respirer tout en lui évitant la moindre gêne. Il vérifia ensuite, plus par habitude que par nécessité, son rythme cardiaque en déposant ses doigts contre sa jugulaire : son coeur tambourinait violemment contre sa peau. Il fallait qu'il se calme…

Sortant l'inhalateur de sa poche, il le plaça à nouveau contre ses lèvres avec douceur, le laissant inspirer à sa guise. Trop concentré à surveiller sa respiration, il n'entendit pas les remerciements. Il réfléchissait plutôt à la meilleure manière de lui venir en aide malgré son peu d'équipement… et le constat fut plutôt amer : à part attendre les urgences, il ne pouvait guère faire plus.

Soupirant doucement, Demetri le félicita en écartant quelques mèches de son front humide. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était le rassurer et le forcer à respirer profondément. Il était plutôt impressionné que, malgré la situation, ce jeune homme parvienne à prendre sur lui pour grimper encore quelques mètres ; il avait une incroyable volonté.

« Bravo ! Vous avez bien grimpé. Ne parlez pas trop, gardez votre souffle… Et suivez mes inspirations. »

Avec sérieux, il inspira profondément par le nez, remplissant ses poumons d'oxygène avant d'expirer par la bouche, voulant qu'il fasse de même. Il continua quelques instants avant de dégainer son téléphone pour appeler l'hôpital et être redirigé vers l'ambulance la plus proche.

« Je suis bien arrivé. … Oui… On est au sommet de la paroi de huit mètres. Préparez bonbonne et masque à oxygène, c'est une détresse respiratoire … Je ne sais pas, non … Vous êtes bientôt là ? … D'accord. »

L'appel fut rapide, juste ce qu'il fallait pour relayer des informations.
Avec un sourire engageant, Demetri plongea son regard dans celui du jeune homme, sa main enfouie dans ses cheveux se faisant cajoleuse. Après avoir un instant joué avec ses cheveux, il se mit à lui masser la nuque et les temps dans une tentative de le détendre un peu.

« L'ambulance arrive. Essayez de reprendre votre souffle au maximum, je vous aiderai à descendre en rappel quand ils seront là. »

Il ne restait plus qu'à tendre l'oreille en espérant rapidement capter le son strident de l'ambulance…

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Azel Lavoie
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Azel Lavoie
Mer 12 Sep - 18:47
Sourires. Sur ses lèvres pâles. Sourires. Même quand il inspire. À plein poumons le médicament, sans une plainte, sans un cri, en regardant l'homme avec ses deux yeux. Noyés dans les larmes, noyés dans les cieux. La nuit noire aux étoiles. Qui baigne leurs corps. Le visage près de lui. De cette personne venue jusque là. Pour le secourir. Le secourir lui et ses poumons défaillants. Lui et sa maladie. Punaisée à ses chairs, agrafée à sa vie. Lui et son entêtement. Aussi. Qui fait qu'il est ici. Qu'il grimpe dès qu'il le peut. Quand il est triste ou heureux, qu'importe. L'escalade c'est juste lui. Et Tyler pour sûr, pour toujours son ami, qui accompagne ses pas, se nourrit de ses gestes. S'abreuve à ses exploits et s'émeut des sourires. L'aime, tout simplement, pour ce qu'il est. Avec ses défauts et ses qualités, son foutu caractère. Qui le pousse à parler même avec ses poumons hurlants. La détresse de son souffle. Géré tant bien que mal par le rythme imposé, par le brun penché sur lui et qu'il regarde Azel, toujours. Sans sourciller. Comme une ancre à laquelle il s'accroche. Le temps que passe le temps, qu'il fasse son œuvre. Sur la crise surtout, même s'il sait. Qu'elle durera tant qu'il n'aura que l'inhalateur. Épaisse au creux de sa gorge. Douloureuse. Lutte contre la Grande Mort qui plane. Au dessus de leurs têtes, frôle doucement sa nuque. De ses longs doigts glacés, remplacés bientôt par ceux de l'homme ; en caresses égarées.

"J'ai froid..."

Ça le prend aux tripes. Ça lui secoue le corps. Il a froid et c'est long d'attendre là, en cherchant un souffle qu'il ne retrouve pas. Il a froid et c'est plus vif à chaque seconde qui passe, donne la tête qui tourne, noie ses yeux encore si bien qu'il les ferme. Et se perd dans le noir, lentement. Sans cesser de se demander si c'était pas la fois de trop. Si on lui interdira pas de grimper. De nouveau comme on l'a déjà fait par le passé, ou s'il finira par en mourir de s'obstiner ainsi. De se mettre en danger. En prenant pas les crises à temps, en tirant sur son corps. Sur les limites surtout qu'il peut supporter. Ça serait pas arrivé sûrement s'il avait pris son masque et la bouteille avec lui. S'il n'avait pas fait tomber son assurance-vie. Ça serait pas arrivé s'il n'avait pas décidé de se faire plaisir seul. En se disant capable de tout, surtout de ça. Ça serait pas arrivé non mais il aurait très bien pu la faire dans son lit la crise alors à quoi bon regretter ? Ça aurait même pu, sans raisons, être encore plus violent. Le mener à l'hôpital avec sa mère en larmes. Un Tyler rongé d'angoisse. Des machines partout autour et l'horreur qui recommence. Mais non. C'est un peu moins grave que ça l'a déjà été, il le sent, il le sait. Même si accuser le coup avec les minutes qui passent est compliqué. Que ses lèvres restent bleues un peu et qu'il claque des dents. Vient attraper de sa main libre, celle de l'homme qui courait sur sa peau. Pour la serrer aussi fort qu'il peut.

"Ça va... aller..."

Il le dit pour deux. Pour lui, pour eux. Pour rassurer parce que même si son inconnu en a sûrement vu d'autres, il sait lui comme c'est impressionnant. Les crises de cette ampleur. Avec son souffle qui racle sa gorge à chaque respiration qu'il force. Le son, qui s'échappe de sa bouche. Tyler dit toujours qu'il ressemble à Dark Vador. Pour dédramatiser, quand en haut d'une paroi il doit attraper sa vie. Et la serrer fort, trop fort, pour qu'elle combatte la Mort. Parce qu'elle rôde souvent près de lui. Menace. De le prendre quand ses poumons ne font plus leur boulot de poumons. Quand il tousse et crache parce que ses voies du souffle ne sont plus qu'un agglomérat de fils épais qui ne laissent rien passer. Quand il peine à garder les pieds sur terre et la tête hors de l'eau. Comme maintenant. 

"J-Je..." Inspiration. "On va y arriver..." Expiration. Lentement. Ou presque. Parce que quand on s'étouffe c'est pas souvent qu'on arrive à contrôler. À pas paniquer. Et Azel ça il réussi à le faire, à peu près. Garder son calme. Sa sérénité. En apparence du moins, c'est ça de gagné. "P-Parlez-moi.... De vous... Ou d-de tout..." De quelque chose. Pour faire passer le temps. En attendant d'entendre le son des ambulances qui l'emporteront. Est-ce qu'il viendra son sauveur ? Avec lui au milieu du rouge et du blanc ? Il aimerait bien. Ne le dit pas cependant. S'économise en efforts alors qu'il en a déjà fait. Sans doute beaucoup trop juste pour parler. Écoute les mots. Tout ce qui sortira de la bouche au dessus de lui. Tout ce qu'il s'appliquera à lui dire. Et le son lointain des sirènes, qui se rapprochent avec les secondes. Font monter la pression.

"Elles arrivent..."

Murmuré si bas qu'il n'a peut-être pas entendu. Comme une parenthèse au milieu de leur petit monde d'infini. D'étoiles et de ciel. De souffles envoyés vers la vie.
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Mar 9 Oct - 21:04
hang in thereAzel & Demetri
Ce ne fut qu'au moment où il entendit l'autre jeune homme essayer de le rassurer avec de faibles "ça va aller" qu'il remarqua la boule de stress logée au fond de sa gorge. Jusqu'alors, ses gestes s'étaient faits instinctifs, d'une mécanique habituelle et bien huilée. Pourtant, plus les secondes s'égrenaient, plus le stress grandissait en lui ; il montait par vague, allant et venant au rythme des inspirations saccadées et bruyantes de celui qu'il essayait de rassurer et d'assister au mieux, tantôt en lui adressant des mots de réconfort tantôt en lui demandant d'essayer au maximum de suivre sa propre respiration pour avoir le soulagement de l'entendre respirer. Il n'avait qu'une peur : qu'il clamse de froid ou par manque de souffle.

L'entendre se plaindre du froid ne fit que renforcer cette crainte, qu'il s'obligea à ravaler. D'un geste rapide, il défit sa veste avant de redresser le jeune homme pour la lui enfiler. Sitôt fait, il lui frotta le dos avec vigueur en le plaquant à nouveau contre son corps, dans une tentative de lui partager un peu de chaleur humaine.

« … Désolé. Je n'ai que ma veste, mais on a des couvertures dans l'ambulance ! »

Toujours dans l'ambulance.
Avant, lors de ses interventions d'urgence à l'étranger, c'était relativement habituel. Il fallait souvent faire avec ce que l'on avait sous la main avant de recevoir des vivres de la part du gouvernement ou d'autres associations. Mais maintenant qu'il bossait comme ambulancier, tout était différent : il savait que le matériel n'était pas loin, il pouvait visualiser les compartiments dans lesquels il était rangé, mais il ne pouvait s'en servir pour soulager au mieux une victime… et c'était à s'en arracher les cheveux.

Il inspira tranquillement pour écarter toute pensée. Les minutes continuèrent de s'écouler, bien trop longuement à son goût. Demetri ne montra toutefois rien des émotions qui bouillonnaient en lui. Il se devait de conserver son sang froid.

« Parler de moi ? » Il répéta avec douceur en agrippant ses deux mains dans les siennes. Elles étaient congelées. « … Je m'appelle Demetri et je suis arrivé dans cette ville y a peu de temps. J'étais un secouriste sans frontières avant de me poser comme ambulancier. » Avec un petit sourire, il amena ses mains au niveau de son visage pour leur offrir un peu de chaleur en essayant d'exhaler gentiment dessus, de les frotter entre ses paumes… « J'ai un chien adorable que j'ai adopté au Mexique … Elle s'appelle Horchata. …Et vous ? Comment vous appelez-vous ? »

Il désirait pouvoir poser un nom sur ce visage, sur ces lèvres bleuies, ce corps glacé, mais surtout sur ces yeux emplis d'une lueur combattante. Ce regard qui lui disait qu'il n'abandonnerait pas son souffle à la nuit.

Puis, enfin. L'attente fut récompensée. Il capta les cris lointains des sirènes de l'ambulance. Ils devenaient de plus en plus puissants à mesure que le véhicule se frayait un chemin dans la nuit et, bientôt, il put en reconnaître les deux passagers : on lui avait envoyé Skyler, son binôme habituel, et Emma, une ambulancière attentionnée et bavarde avec laquelle il lui arrivait de parler people durant les pauses café. Pas qu'il apprécie particulièrement ce sujet, mais c'était toujours amusant de pouvoir casser un peu de sucre sur le dos des stars.

« Bien ! On va pouvoir redescendre… Comment vous vous sentez ? Vous pensez être capable de descendre en rappel seul ? »

Le moment de descendre était venu.
Se relevant gentiment en aidant le jeune homme à faire de même, il lui resserra son équipement d'escalade, s'assurant que tout soit bien en place, et lui refila même le magnifique casque orange qu'il portait jusqu'à présent.

Il allait devoir descendre en rappel pour atteindre le sol et l'ambulance, de laquelle ses deux collègues venaient d'extirper un brancard. Ceux-ci l'aideraient sans aucun doute à se défaire de tout son matériel, une fois arrivé en bas, et le prendraient en charge. Mais Demetri ne pouvait s'empêcher de se montrer un peu inquiet pour la descente. Il valait sûrement mieux qu'il descende en rappel avec lui plutôt que de le laisser faire seul, mais il préférait lui demander s'il s'en sentait capable ou non. Peut-être dans une volonté de lui offrir l'opportunité de se battre jusqu'au bout ? Lui-même n'avait aucune idée d'où venait cette idée idiote et risquée…

Ancrant ses prunelles grises dans les siennes, il ajouta avec un sourire avenant :

« Il n'y a aucun mal à compter sur moi si jamais vous ne vous en sentez pas capable. »

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Azel Lavoie
Ven 12 Oct - 15:54
Le souffle arrive par à-coups. Plusieurs fois. S'écrase contre ses côtes. Se brise contre ses tripes. Lui fait du bien, et puis du mal ; arrache des grimaces et des soupirs. Qu'il contrôle moins bien que son calme. Mais qui se calme un peu. Sans doute. Quand son sauveur lui parle de lui. De tout. De ce qu'il est, de ce qui compte. De ce qu'il fait et de ce qu'il a fait. De son chien, aussi, et à ces quelques mots Azel sourit. Car il se l'imagine, vaguement, Horchata dont il ne connaît rien. Est-ce qu'elle est noire ? Ou blanche ? Est-ce qu'elle est grande ou plutôt petite ? Toutes ces questions qu'il voudrait lui poser. Prononcer. Si seulement il n'était pas forcé de rester là. Là les paupières abaissées et la bouche ouverte sur ses souffles de Vie. S'il parvenait à se calmer tout simplement. Sauf qu'il sait. Azel. Il sait que s'il pouvait le faire il n'aurait jamais appelé. Jamais demandé de l'aide. Il sait parce que ça fait des années désormais qu'il est comme il est. Handicapé comme dirait la société. Malade pour les médecins. Mais vivant, juste vivant. Avec ses poumons en carton qui crient. Supplient. D'accorder un peu de répit. Ce qu'il ne sait pas faire non, continue à s'entêter. Parvient à murmurer. Un seul petit mot, le seul finalement qui compte.

"Azel..."

Une simple réponse brève. Puis reprendre son souffle. Avant de les entendre, de se forcer encore. Elles arrivent, qu'il chuchote. Elles arrivent et ça veut dire beaucoup. La fin des souffrances. Le début du ballet, des machines et des hommes. Avec leurs questions et leurs ça va aller. Alors qu'ils n'en savent rien de ça, si ça va aller. Parce qu'ils n'ont pas vécu sa maladie. Ne se sont jamais étouffés. Sans rien pouvoir y faire non, rien à part attendre. Que l'ambulance arrive. Qu'un médicament plus fort calme la crise. Pour reprendre le cours de la vie jusqu'à la suivante, en se demandant quand ça sera. Non ils n'ont jamais connu ça, ne le connaîtront sûrement jamais. Tant mieux pour eux, car Azel ne souhaite ça à personne. D'être impuissant face à son propre corps qui se bat pour rencontrer la Mort.

Malgré tout c'est ça qu'il dit lui aussi, "ça va aller." Parce qu'il en est sûr. Parce qu'il se connaît. Il sait qu'il peut le faire, qu'il va y arriver. Et qu'il ne mourra pas là, pas sur une paroi ridicule comme celle du parc. De toute façon il n'a pas encore vu tous les sommets du monde. Alors il hoche la tête, sourit même, les yeux grand ouverts. Se redresse déjà. En tremblant sur ses jambes trop grandes, en se tenant à lui aussi. À cet homme qu'il prend pour appui mental et physique. Sur lequel il se concentre. Bien sûr il râle vaguement au casque qu'il lui pose sur la tête. Marmonne qu'il n'a rien d'un débutant, sans que ça soit intelligible. À cause de son traître de souffle qui l'en empêche. Lui refuse le droit de ne pas être sage. C'est rien ces mètres qu'ils ont à descendre pourtant et Azel ne comprend pas l'intérêt de lui coller ça sur le crâne. Se dit qu'il doit s'inquiéter, Demetri, de le voir dans cet état, sans arriver à lui pardonner sur le moment. Même s'il sait qu'il le fera bientôt, dans dix secondes ou cinq minutes, à la fin peut-être de la paroi.

"Seul.. Ça ira..."

Ne vous en faites pas, ils le disent ses yeux quand il le regarde.Car Azel a l'habitude. Des risques et des dangers. Qu'il a fait plus fou que ça. Avec Tyler surtout chez eux. Sur ces sommets connus et grimpés maintes fois. Mais tout ça il ne peut pas l'expliquer. Se positionne pour descendre. Il se sait assuré. Puis après tout c'est lui qui les a posé les prises en montant. C'est sûr il le sait. Aussi il redescend. Un pied après l'autre trop lentement. À un moment il s'arrête, renverse quelques secondes la tête vers l'arrière. Le temps d'observer le ciel parce qu'il a la tête qui tourne et la respiration trop épaisse. Prudent malgré tout. Malgré son entêtement. Sa volonté de réussir. Malgré le fait qu'à un moment il pense qu'il n'y arrivera pas. Songe même à appeler Demetri. Puis il arrive en bas. Comme ça par miracle. On le récupère. Il se dégage vaguement de ces mains qui l'oppressent, donne un coup d'épaule, faible, pour s'arracher aux aides. Veut le faire lui même, se défaire du harnachement. Sans qu'on lui en laisse l'occasion ou bien le temps..

Ça, ça le contrarie et Azel serre les dents. Se laisse asseoir sur le brancard sans pour autant obéir au reste. Aux demandes pour qu'il s'allonge. Têtu encore. Parce qu'il attend Demetri. Sourd jusqu'à ce qu'il arrive. Pour murmurer ensuite dans un sourire.

"Ça porte malheur... D'être en retard au premier rancard..."

Et prend une gorgée d'air tout aussi difficile que les autres en acceptant de s'installer. Parce qu'il veut bien plier, maintenant qu'il est arrivé. Même s'il hait ça qu'on le touche. Qu'on le tâte. Qu'on s'inquiète pour lui et qu'on mette ce qu'il aime en péril. Quand les médecins plus tard demanderont à ce qu'il cesse le sport. La grimpe et la marche.

Hors de question.
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Dim 14 Oct - 21:20
hang in thereAzel & Demetri

Azel.
Il sourit en l'observant ronchonner devant le casque qu'il lui oblige à porter, notant son prénom dans un coin de son crâne. Il était toutefois assuré de s'en rappeler sans trop de soucis lorsqu'il vit avec quelle hargne il s'accrochait à la vie. Son regard était si assuré et plein de vie qu'il ne pouvait que le laisser descendre seul malgré sa crainte de le voir s'effondrer à tout instant. Il parvint à l'encourager d'un petit « on se rejoint en bas, en un seul morceau ! » avant que l'insouciant n'entame sa descente petit à petit. Huit mètres, ce n'est pas beaucoup qu'il tenta de se rassurer, mais il savait ô combien cela pouvait être dur de faire quoi que ce soit de ses membres lorsque le souffle manquait. Il se souvint de son corps gelé et tremblant contre le sien, de ses lèvres bleues et ouvertes à la recherche d'oxygène…

Soupirant, Demetri entama à son tour la descente. Il ne perdit pas un instant à regarder autour de lui ou à vérifier son équipement ou ses appuis, trop occupé à prendre le moins de temps possible pour rejoindre le brancard qu'il savait prêt à accueillir Azel. Il arriva aisément en bas et se pressa aussitôt vers l'ambulance, saluant ses deux collègues avec un air soulagé.

« J'ai jamais été aussi heureux de vous voir ! » Il lâcha avec amusement avant que Skyler ne lui réponde d'une petite tape affectueuse sur l'épaule. Maintenant qu'ils étaient là, son stress pouvait enfin s'évanouir. Azel était entre de bonnes mains, bien qu'il ne semblait pas désireux de vouloir les laisser faire. Il le lorgna avec un regard sérieux tandis qu'il le rajusta avec dextérité sur le brancard, grimpant ensuite sans gêne dans l'ambulance pour en extirper un masque à oxygène et une bombonne. Avec douceur, il en attacha les lanières autour de son cou en écartant les quelques mèches de cheveux qui gênaient, s'adressant finalement au jeune homme.

« Je ne suis pas en retard, tu es descendu comme une fusée. »

Il passa sans réellement s'en rendre compte au tutoiement, faisant froncer les sourcils de ses deux collègues qui se jetèrent un regard inquisiteur. Demetri ne s'y attarda pas et laissa le soin à Emma de rentrer le brancard dans le véhicule.

« Bien joué Demetri ! » Skyler le gratifia d'un petit sourire, qu'il ne tarda pas à lui rendre. Lui qui ne souriait ou ne s'exprimait généralement pas beaucoup, ça lui faisait d'autant plus plaisir. Il sentit toutefois que la fatigue affluait, désormais que l'adrénaline s'était évanouie, et retint un petit bâillement. Son collègue ajouta : « Je suppose que tu montes avec nous ? »

Il hocha la tête et rejoignit Emma à l'arrière, auprès de Azel. Il aurait pu s'installer à l'avant avec Skyler pour lui tenir compagnie et changer la radio selon ses goûts, mais il ne se voyait pas laisser Azel seul après ces longues minutes passées à attendre les urgences.

Emma lui avait placé son masque à oxygène sur le visage et celui-ci lui en mangeait une bonne partie. Désormais qu'il pouvait respirer, Demetri se sentait lui-même plus serein. Il remercia donc sa collègue et attrapa une couverture, qu'il déplia sur le corps du jeune homme avant de s'asseoir non loin. Le moteur se mit à ronronner, faisant doucement vibrer le véhicule qui se mit alors en mouvement ; ils partirent tout aussi rapidement qu'ils étaient arrivés, laissant derrière eux la grimpe de huit mètres et le parc, zébrés du rouge et du bleu des gyrophares.

« Heureusement que tu étais dans le coin ! La plupart des ambulances de garde étaient toute dans le même périmètre… » Emma entama la discussion en s'attelant autour de Azel, défaisant quelque peu ses vêtements pour vérifier ses constantes et s'assurer que sa respiration ne soit pas gênée. Demetri la laissa faire et répondit d'un petit rire en observant Azel à la dérobée. « Oui… quelle soirée. Et je ne serai même pas payé ! » À cela, elle secoua la tête avant de faire savoir à son patient qu'au moindre souci, il ne devait pas hésiter à s'exprimer en retirant le masque ou en lui attrapant le bras.

Demetri ôta un instant son regard de cette scène pour jeter un coup d'œil à l'extérieur. La nuit était telle qu'il ne voyait pas grand chose, mais il savait qu'ils ne mettraient pas beaucoup de temps à rejoindre l'hôpital le plus proche. Le jeune homme allait pouvoir être pris en charge et placé dans une chambre pour se reposer de toutes ces péripéties… Il en était soulagé.

« Tu travailles demain ?
Oui… je suis de garde normalement. Et toi ? Tu enchaînes deux nuits ? »

La discussion était étonnamment légère. Ils discutaient tout en surveillant attentivement Azel, bien que son état soit visiblement stable. Demetri pouvait le voir respirer et il lui semblait même qu'il avait légèrement repris des couleurs. Avec un sourire, il lui attrapa la main (qui demeurait glacée) et la serra dans la sienne.

« On est bientôt arrivé. Pas trop épuisé…? »


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Azel Lavoie
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Azel Lavoie
Jeu 18 Oct - 16:01
Il se montre penaud Azel. Honteux, rien qu'un peu. De s'être entêté ainsi. Comme un enfant rétif à qui l'on aurait passé trop de caprices. Se ratatine, misérable sous le regard clair et trop sérieux. De cet homme qui l'a aidé ; sauvé. Qui a porté son souffle, surtout, alors qu'il n'y avait qu'eux deux. En haut du monde ; en haut de tout. En haut d'une ville qui ne dort jamais et qui paraissait pourtant si loin. Quand il se laissait bercer par son odeur, par les caresses sur ses doigts ou ses cheveux. Quand il était plongé dans ses rêves et dans ses mots pour cesser de penser. À la Vie et à la Mort. À sa tête qui tourne et son souffle étriqué sur ses lèvres bleuies. Aux promesses, aussi, prononcées avec les mains de Tyler serrées au creux des siennes. Et tous ces "Je t'abandonnerai jamais" murmurés au creux des nuits ; complices quand pour plusieurs fois ils se sont perdus à s'aimer. Mais surtout pour ne pas les bafouer ces dites promesses à force d'étouffer. À cause de son propre corps et de ses poumons. À cause de cette maladie qui l'a pris, comme un présent pour sa dix-huitième année. Mauvaise loterie piochée à sa naissance, en ironie d'avoir passé tout ce temps dans le bonheur, la bonne santé et l'amitié. Ding ding, ta vie continuera avec ce boulet chevillé aux pieds.

Alors bien sûr il à honte. Baisse le regard en le laissant faire. Puis le relève quand il l'entend parler. Plaisanter. Avec lui. Et il rate un battement son cœur, l'étouffe un peu au rythme du bonheur. Qu'il laisse revenir en lui malgré la situation, le masque sur sa bouche et les lanières contre son cou comme tant de carcans et de prisons. Sous lesquels il plie. Par manque de choix. Puis laisse ses yeux se fermer de longues secondes alors que ses poumons se calment. Écoute. La conversation entre la collègue et Demetri. Vogue aussi. Un peu. Sur le son rassurant de sa voix. Se calme. Doucement. Sur une expiration. Une inspiration.

Sourire. Qui se pose sur ses lèvres. Quand il les entend. Sans réagir pour autant, dans un premier temps. Reste là, étendu sous la couverture. Ne bouge pas. Ballotté par le mouvement de la route, se laisse aller. Soudainement épuisé, comme après chaque crise. Il voudrait avoir le courage de s'endormir. De s'en remettre à eux. À Demetri mais aussi à elle, et à lui. Mais tout ce qu'il parvient à faire c'est soupirer. Rouvre les yeux pour fixer son sauveur quand il lui parle, sourit encore une fois. En refermant ses doigts sur les siens à la recherche du courage, rien qu'un peu car l'angoisse commence à l'étrangler. De l'autre main il soulève le masque. Fatigué.

"Je pourrais dormir pendant cent ans.."

C'est toujours beaucoup d'efforts de lutter. Contre la Mort et son soi-même. Et il doit beaucoup se reposer Azel. Après tout ça. Tout ce temps passé à combattre et pour quoi ? Juste pour vivre. Quelques années de plus, jusqu'au jour où ses poumons décideront qu'ils en ont assez, et cette pensée tâche ses yeux d'une ombre, qu'il masque en détournant son regard, inspirant quelques grandes gorgées d'oxygène avant de continuer.

"Mais je vais attendre d'être chez moi pour ça..." Car il va rentrer vite, qu'il se dit. C'est toujours comme ça, renvoyé chez lui avec des conseils et des mises en garde. "Je dois appeler ma mère.. Pour la prévenir.. Et mon meilleur ami aussi..."

Tyler. Tyler qui va lui en vouloir. Se haïr de ne pas avoir pu être là. Tyler qui va se faire souffrir. Jusqu'à l'accepter. Le fait qu'il n'aurait rien pu faire. Mais ce n'est pas le temps pour penser à ça, et Azel avec toutes ses forces s'accroche aux doigts. Aimerait bien qu'ils le réchauffent. Cependant il garde cette pensée pour lui et se contente d'en frémir.

"Tu resteras avec moi quand on y sera ?"

J'aime pas les hôpitaux. Qu'il se retient de dire. Mais ses lèvres qui se pincent elles le racontent pour lui.
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Dim 21 Oct - 22:35
hang in thereAzel & Demetri


« Appelle-les demain, il est déjà tard et mieux vaut ne pas les réveiller. Ou tu peux leur envoyer un message… Tu as ton téléphone avec toi ? »

Ça lui faisait plaisir de voir Azel prendre des couleurs et parler avec une voix de plus en plus claire. Elle sortait de ses lèvres moins enrouée et mourante, quoique toujours aussi usée. Le changement restait toutefois à noter et demeurait soulageant pour lui qui l'avait vu à bout de force, en haut de sa paroi. « Tu veux que je reste à l'hôpital avec toi ? » Demetri fut un instant surpris. Les lèvres pincées lui indiquèrent vite la raison pour laquelle il devait le vouloir à ses côtés, alors il répondit d'un sourire et d'un petit hochement de tête. « Je ne vais pas pouvoir t'accompagner tout de suite, les urgences te prendront en charge et établiront un diagnostique… mais je pourrai être là dès que tu seras placé dans une chambre. Ça te convient ? »

Il était touché que Azel requiert sa présence. Peut-être n'était-il qu'un substitut pour combattre une crainte de l'hôpital ou pour éloigner la solitude, mais la demande était touchante. Il ne pouvait pas refuser et le laisser seul, avec son souffle vacillant et son masque à oxygène. Pas alors qu'il avait manqué étreindre la mort pour avoir voulu gravir huit pauvres mètres. Au fond, il sentait que Azel était comme lui, un combattant plein de fougue et de volonté de se surpasser et qu'il n'aurait pas abandonné son souffle cette nuit-là, mais il se demanda un instant ce qu'il se serait passé s'il n'était pas sorti, s'il avait dû attendre les secours. Perché en haut de sa paroi, les lèvres grande ouvertes à la poursuite d'un air qui lui manquait, les yeux désespérément tournés vers les étoiles en une recherche muette d'aide ou de courage… Il ne voulait pas y penser.

En l'entendant parler d'attendre d'être chez lui, il se retint de lui rappeler qu'il ne rentrerait pas cette nuit. Peut-être même pas la suivante, en fonction du diagnostique établi par les urgences et des dégâts causés par la crise. Demetri préféra se taire et observer un instant au-dehors, avant de jeter un coup d'œil sur les traits du jeune homme.

La fatigue. Il pouvait aisément la lire sur son visage, mais surtout dans ses yeux lessivés et ternis. Son sourire se fit plus doux lorsqu'il sentit sa main se refermer sur la sienne et il ajusta la couverture sur son corps dans un geste presque maternel, ne manquant pas l'air amusé de sa collègue qui le taquina d'un : « Qu'est-ce qu'il s'est passé là-haut, au juste ? »

Il ne répondit tout d'abord pas.
Que s'était-il passé ? Rien de remarquable. Il avait grimpé comme un fou jusqu'en haut de la paroi pour venir en aide à un autre fou ayant décidé de sauter par dessus des barrières par amour de la grimpe. C'était assurément une histoire risible, bien que les conséquences auraient pu être fâcheuses.

« Je suis juste allé chercher cet idiot. »

Demetri parlait de lui avec une certaine familiarité. Peut-être était-ce le sommeil qui commençait à le rattraper ou l'empathie et la compréhension qu'il cultivait pour lui. Azel lui semblait similaire sur de nombreux points et il ne pouvait que par moment se voir en lui ou se demander ce qu'il aurait fait à sa place. Il s'agissait d'un sentiment étrange qui, couplé au sous-entendu de sa collègue, lui arracha un léger rougissement.

Il fut coupé dans ses pensées par un petit claquement contre la paroi les séparant du conducteur. Un petit signal pour dire qu'ils venaient d'arriver, qu'il manquait plus qu'à se parquer. Se tournant vers Azel, il le gratifia d'un clin d'œil taquin en ajoutant : « La princesse au bois dormant est d'ailleurs arrivée au palais ».

S'étirant aussi longuement que lui permettait le toit du véhicule, il débloqua les roues du brancard et attendit que Skyler ne vienne en ouvrir les lourdes portes pour descendre et faire suivre le carrosse de Azel, auquel il accrocha la bonbonne d'oxygène. Le poussant avec l'aide de Emma, ils parvinrent rapidement aux urgences où les attendaient quelques infirmières averties de leur arrivée.

« Bon, je te laisse ici. On se rejoint plus tard dans ta chambre ! »

Il avait après tout accepté de l'accompagner…


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Azel Lavoie
Jeu 1 Nov - 23:10

Azel sourirait encore s'il était en état. S'amuserait des mots et des précautions prises par Demetri à l'égard de ses proches. Se moquerait un peu, sans doute aussi, avec gentillesse. De le voir s'inquiéter ainsi. Rirait avant d'assurer que ça va, parce qu'après tout ça serait le cas. Sauf qu'à l'instant il n'en est plus si sûr, les yeux dans le vague et les paupières lourdes ; le cœur en chamade. Et les doigts qu'il serre. Qu'il serre très fort entre les siens tandis que l'ambulance file en hurlant à travers la ville. Lui fait monter l'angoisse à Azel, en un nœud coulant autour de sa gorge. En quelques coups de poings qui tapent et cognent le fin fond de estomac. En quelques larmes surtout qui tapissent son regard, et qu'il détourne légèrement. En se contentant de hochements de tête pour répondre aux questions. Oui il enverra un message même s'il sait qu'ils seront réveillés son frère, sa mère, et qu'ils s'inquiètent sûrement parce qu'il ne donne pas de nouvelles, parce qu'il n'est pas encore rentré. Oui il veut qu'il reste avec lui à l'hôpital aussi. Et oui ça lui convient, parce que faut dire qu'il a pas vraiment le choix. Les salles d'examen y a pas le droit d'y emmener quelqu'un, et il se souvient des visages inquiets de ses parents à l'extérieur. De leurs murmures angoissés et de sa propre peur. Tapie contre son ventre pour le ronger, alors que les Vautours et leurs blouses blanches ne cessaient de lui tourner autour.

Et ils expliquaient des choses, des choses trop compliquées et en taisaient d'autres également, répétaient des mots, des sentences. Tu es malade Azel, tu as la mucoviscidose, et aujourd'hui ça lui colle encore à la peau tout ce qu'il a pu entendre, les menaces de mort planant au dessus de sa tête tandis qu'il s'étouffait, exsangue dans son lit aux draps blancs, un masque à souffle sur son nez. Comme maintenant. Ou presque pareil. Comme dans pas longtemps, parce qu'il sait bien au fond qu'il ne rentrera pas. Pas ce soir. Pas tant qu'ils n'auront pas passé son corps au crible, cherché le moindre signe de dégradation. Pas tant qu'il n'y aura pas eu les mises en garde, encore, et surtout les sermons. Tu forces trop. Tu devrais arrêter. Te poser. Penser à ta mère, à ton père. À tous ceux qui tiennent à toi. Et à chaque fois Azel il y pense à tout ça. S'accroche à son air pour ne pas sombrer. Ne pas affronter. Les hommes en blancs et la douleur qu'il leur fait aux gens. Et qu'il se prend dans les dents depuis toutes ces années. À chaque fois qu'on l'emmène dans une ambulance après qu'il ait trop forcé. Ça n'est pourtant pas souvent arrivé. Juste assez pour qu'on lui enfonce les paroles dans la tête. Pour que la culpabilité commence violemment à l'étrangler à chaque fois où il serait allé trop loin. Même si ça n'était pas plus loin qu'une autre fois. Seulement son corps qui dit non, de temps en temps. Et ça c'est comme maintenant.

Alors bien sûr il ne peut pas dormir. Ne s'y autorise pas. S'en veut, un peu. Mais ne le dit pas. S'angoisse encore davantage au fur et à mesure que les secondes passent. Et serre plus fort la main entre ses doigts. Souriant comme un enfant malade à l'entente de la question, et surtout de la réponse. Son cœur affolé, toujours, et le corps tremblant car ils arrivent. Azel n'a pas besoin d'entendre Demetri pour le comprendre.

Il ferme les yeux. Prend une inspiration trop longue. Qui brûle ses poumons. Se pare. D'artifices et de mensonges. Se prépare. À dire que ça va. Car si ça va pas là, ça ira plus tard, il le sait, se connaît. Les a vécues plusieurs fois les crises, assez pour pouvoir avancer que celle-ci finira par s'effacer totalement, comme si elle n'avait jamais existé. Et c'est tant mieux car demain il reprendra sa vie comme elle est, entre ses fleurs et ses bêtises, comme diraient ceux qui ne le connaissent pas assez. Ceux qui ignorent à quel point c'est ça sa vie, les sommets à grimper et les marches infinies sur les sentiers. À admirer la nature. À se mettre en danger, rien qu'un peu et puis frissonner. À se sentir entier au milieu des roches et du silence. Maître du monde une fois les derniers mètres passés. Quand l'Horizon à perte de vue s'étend, magnifique. Et toutes ces choses dont on ne peut le priver, au risque de le voir se faner. Se détruire. Disloqué en fragments acérés comme ça a déjà été le cas par le passé. Avec ses yeux dans le vague, son poison sur la langue. Sa colère au cœur qui l'incitait aux hurlements. À la violence. Envoyée de toutes ses forces contre sa mère. Mots durs. Habillés de haine. Puis lassitude. Au bout de longtemps.

Sanglots dans le noir. Et même idées noires. Qui le font frissonner à y repenser.

"Thank you my pretty knight..."

C'est rien qu'un murmure juste avant d'être emporté. Quelques mots dans la marge. Parenthèse volée. Des instants de plus qu'il arrache au temps. Un dernier regard, qui s'accroche au sien et puis plus rien. Plus rien d'autre d'autre que les couloirs bordés d'inconnus. Les questions auxquelles il ne répond pas, un froid au creux de la main et la main posée sur son masque, comme par peur de s'en voir privé. Les laisse faire, un peu ailleurs. Les laisse faire, en fermant les yeux. Encore. Un long moment. De nouveau buté et pourtant. Pourtant au bout d'un moment il finit par lâcher. Plus du bout des lèvres qu'autre chose.

"My name is Azel Lavoie et j'ai la mucoviscidose." Il rouvre les yeux. Les braque sur le médecin à ses côtés. Attend. Pendant presque longtemps. "Et je veux voir l'homme qui m'a amené jusqu'ici."

Les sourcils sur le visage de l'homme se froncent. Et après un œil jeté à son patient lui assure qu'il va le chercher. Alors Azel attend encore. Plusieurs minutes. La tête dans ses montagnes, les yeux dans les nuages. Attend, attend, attend. Le nez sous le masque toujours, qu'il n'a pas lâché, puis tourne la tête. Quand la silhouette se profile, sourit. Un peu plus en forme, ou juste un peu moins, un peu incertain. Quant à ce qu'on dit ou ce qu'on fait dans ces cas là, quand on demande à voir quelqu'un qu'on connaît même pas. Mais est-ce que c'est vrai ça ? Qu'il le connaît pas ? Il sait pour Horchata et c'est ça qui compte.

"Je n'ai pas encore envoyé les messages... But it's ok, they can wait a little longer..." Dans son lit il se pousse un peu. Au cas où l'homme veuille s'asseoir. Mais il se demande s'il va rester et combien de temps. Sait qu'il est tard. Qu'il est venu pour lui, déjà. "Je voulais vous remercier à nouveau pour ce que vous avez fait pour moi..." Une pause. Le temps de sourire. D'inspirer aussi. Dans le masque à nouveau. "C'était plus gentil que tout ce qu'on a pu faire jusqu'à maintenant." Il ne compte pas Tyler. Ni ses parents. Mais tous les autres. Les ambulanciers qui ne lui auraient pas laissé le choix si ça n'avait pas été lui. Cet homme-ci.
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Dim 11 Nov - 16:01
hang in thereAzel & Demetri


Il s’en alla en direction de la salle d’attente, à défaut de pouvoir accompagner Azel lors des examens que lui feraient passer les infirmières et les urgentistes pour s’assurer que sa vie ne soit pas en danger. Mais lui, il savait que ce n’était plus le cas : le réel danger avait plané en haut de la paroi d’escalade lorsque, seul et démuni face à sa crise, Azel n’avait pas eu quiconque sur qui compter pour lui venir en aide. Il était désormais entre de bonnes mains et il n'y avait plus à stresser...

Baillant à s’en décrocher la mâchoire, Demetri salua les personnes présentes dans la pièce d’un mouvement de la main avant de partir s’asseoir. Peu importait l’hôpital, les salles d’attente étaient toujours pareilles avec leurs chaises en plastique, leurs magazines et leur odeur de désinfectant intoxicante.

Il soupira longuement. La machine à café lui faisait de l’œil.
Farfouillant dans ses poches, il trouva quelques pièces abandonnées et les compta avec espoir, mais se rendit bien vite compte qu’il n’avait pas suffisamment pour se payer quoi que ce soit. L’image de son porte-monnaie reposant sur la table du salon se fit même une petite place derrière ses paupières pour le narguer davantage. Se renfrognant dans sa chaise, il consentit à attendre bien sagement qu’on vienne le chercher, les mains dans les poches. La fatigue le faisait piquer du nez mais il réussit à ne pas s’endormir, sous le regard brillant d’amusement d’une grand-mère qui l’observait à la dérobée depuis son arrivée.

On vint bientôt le chercher. Il s’agissait d’un jeune infirmier — assurément un apprenti ou un stagiaire — qu’un des urgentistes avaient dû dépêcher pour l’appeler, les médecins faisant rarement les trajets par eux-même. Demetri avait plus d'une fois rencontré des personnes qui, de par le poids inexistant de leurs nombreuses années d'études, se croyaient au dessus de tous et se permettaient des regards dédaigneux...

Saluant la grand-mère qui lui répondit d’un hochement de la tête, Demetri consentit à suivre l’infirmier, profitant des longs couloirs blancs et longilignes qu’ils traversaient pour réfléchir. Il ne connaissait pas spécialement Azel, que devait-Il dire ? Devait-il faire connaissance et entretenir des discussions légères pour l’apaiser jusqu’à ce qu’un proche ou même le sommeil ne vienne prendre sa place ? Ils arrivèrent devant la porte de sa chambre avant qu’il ne trouve les réponses.

L’infirmier le laissa là, ayant accompli son devoir, et Demetri le remercia avant d’entrer dans la chambre. Son regard rencontra aussitôt la silhouette de Azel et il lui offrit un sourire lumineux, ravi de le voir moins pâle et moins anxieux qu’un peu plus tôt.

« Sage décision. Il est tard… tu peux les avertir demain matin! »

Ils reprenaient leur discussion de tout à l’heure comme si de rien n’était, comme s'ils n'avaient jamais été interrompus par l'arrivée aux urgences et son état de santé ; ça le faisait sourire. Le voyant s’écarter légèrement, Demetri prit place à ses côtés sans véritablement réfléchir, gardant toutefois une bonne distance entre eux.

Les remerciements qu'il reçut lui firent chaud au coeur, mais il s'empressa de les balayer du revers de la main. « Oh… pas besoin de me remercier. » C’était son travail après tout. Enfin… cette nuit-là, il n’était normalement pas de garde et était tout de même intervenu, mais il s’agissait de son devoir. Il ne pouvait garder les bras croisés lorsque l’on avait besoin de son aide.

« Comment tu te sens, un peu mieux ? … Pas au point de vouloir à nouveau passer par dessus une barrière pour escalader, hm ? On devrait t'attacher pour que tu ne te carapates pas dehors », qu'il finit par plaisanter en lissant la couverture d'un geste absent.

Son regard s’arrêta ensuite sur le masque à oxygène, avant de venir rencontrer le sien. Azel devait être exténué, était-il sage qu’il le tienne éveillé et discute avec lui ? Après tout, bien qu'il soit venu à sa demande, il n'en demeurait pas moins un inconnu. Ses sourcils se froncèrent légèrement et son visage se fit plus sérieux tandis qu'il lui demanda :

« Tu veux te reposer un peu ? »


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Azel Lavoie
Dim 25 Nov - 22:49
Il est trop modeste Demetri. Beaucoup trop modeste son Sauveur de Vie. Quand il dit qu'il n'y a pas besoin de merci. Presque un ça n'est rien, alors que c'est tout pour lui car Azel, Azel là haut il aurait pu mourir. S'endormir, au rythme des battements de cœur qui faiblissent. Cesser de s'accrocher, quand une fois de trop la Grande Machine du corps hurle à pleine voix qu'elle est brisée. Corrodée. Par les mains crochues du manque étendues jusque lors. À grands cris et grands bruits et tout autant de signes. Qu'il a tâché d'ignorer Azel, du mieux qu'il le pouvait. Et qui auraient pu l'emporter s'il était resté seul, accroché à ce mur ridicule, avec la Mort à ses lèvres et la Mort à ses pieds. La Mort entre ses mains, cruelle, dans l'attente de sa chute. La Mort non loin de lui, au sourire bienveillant. Avec ses bras tendus pour amortir, le choc des os qui éclatent sous la corde tendue, mais ça ne s'est pas produit. Alors Azel se dit qu'il pense sûrement trop à elle, quand finalement il la maintient encore loin. Grâce à Demetri aujourd'hui, sans qui il n'aurait pas réussi. À trouver son courage et sa force ; à grimper quelques mètres encore, quand juste quelques secondes avant ils lui semblaient si lointains. Infranchissables, avec ce souffle écorché et ses yeux voilés. Qui ne laissaient rien voir d'autre que des larmes, et les étoiles en haut en points déchirés sur le ciel de jais, quand avec désespoir il laissait s'enfuir sa tête vers l'arrière et tentait d'observer. Capturer. Rien qu'un peu ces moments, qui auraient pu être les derniers.

Pas le moment de penser. Il se le dit à chaque coup, quand ça part en vrille dans son esprit. Tente de revenir, mais l'instant présent est désagréable. À cause de ces quatre murs blancs et de l'effervescence dans le couloir. Mais Demetri est là et Azel ne peut pas lui faire ça, s'enfermer dans sa tête et oublier le reste, alors il le regarde et il sourit, un peu. Pâle et maladroit et les mots qui s'échappent le font se faner davantage, lui qui a si peur de ça. Qu'on l'enferme ou l'attache.

"Je ne laisserai personne m'empêcher de grimper."

Une ombre passe. Noire au fond de son regard qu'il garde braqué sur le Sauveur de sa vie. Avec cette once de désespoir, ce petit rien qui crie et crie si fort. Laissez-moi en paix, laissez-moi vivre. Aussi violemment qu'il en a envie. Comme tous les autres, des moments de bas et de hauts, de poudre dans le nez et de conneries d'une jeunesse insouciante. Comme tous les autres oui, qui dansent au milieu du bruit et des corps, boivent un peu trop et rient aux éclats, avant de faire l'amour dix fois ; comme tous les autres. Les non-malades. Les gens normaux. À qui on dirait que c'était parfaitement inconscient d'entrer comme il l'a fait dans un parc fermé. Au lieu de prendre soin de lui pour son souffle. Ses difficultés.

Mais Demetri ne sait pas. Qu'il est malade. Azel ne lui a pas dit. N'a pas prononcé le mot. Pas une seule fois. Le tient à l'écart de tout ça, essaye en tout cas. Pour ne pas voir briller dans ses deux yeux la lumière qu'il voit. Souvent. La pitié qui brille, chez toutes ces personnes qui ne le connaissent pas, et ne voient en lui qu'un gamin condamné. Si jeune, qu'ils disent, et alors ça ressemble toujours à une fatalité. À croire qu'il va mourir dans l'heure. Quand il a encore bien des années. Et puis avant que vienne le bout on lui aura trouver des nouveaux poumons. Ou une connerie dans le genre. Les médecins ont dit de garder espoir, avec la recherche qui avance. Alors Azel garde l'espoir (ça a quelque chose de faux, des fois il y arrive pas), pour sa maman au moins. Belle comme la vie qu'elle croque sans jamais se morfondre. Bien consciente que ça ne changera rien. Tout comme l'empêcher de faire ce qu'il souhaite est à ses yeux une chose ridicule. Parce qu'après tout il tient d'elle. Elle indépendante. Libre comme l'air qui s'échappe d'entre ses lèvres. Magnifique. Et géniale. S'il ne semblait pas d'un coup si triste, il pourrait sans doute en sourire trop fort.

"Je sais que ça ferait plaisir à beaucoup que j'arrête, but I can't do this. Grimper c'est..." Tout. Depuis gosse. Un second cœur. De vrais poumons. De l'oxygène et du bonheur. "Grimper c'est mon souffle Demetri. Et les montagnes sont... ma vie."

Il hésite. À dire les mots. Parce qu'il n'explique pas ces choses là en temps normal. Il ne parle pas de ses peurs. Pourtant s'en est une et elle le grignote un peu chaque jour. Quand il sent qu'on va encore le lui demander, d'arrêter ça. C'est pour ça qu'il évite de le dire quand ça va pas. Qu'il avale son médicament et calme ses crises avant qu'elles n'empirent. Pour ne jamais, jamais finir comme aujourd'hui.

"Excuses-moi, je ne devrais pas dire tout ça. C'est la fatigue, ça me fait dire n'importe quoi."

Le sourire revient et c'est sûrement le moins sincère offert jusqu'à maintenant. Masque d'une vérité qu'il veut dissimuler, pour ne pas inquiéter. Comme il inquiète tout le monde de toute façon, parce que les gens ne peuvent pas juste cesser. De s'en faire à chacun des gestes qu'il fait. À chaque fois qu'il tousse ou s'essouffle. Comme tous les autres. Encore.

"Je ne sais pas si je vais pouvoir dormir. Mais toi tu devrais rentrer, c'est déjà énorme d'être venu me sauver, et il est si tard..."

Il l'était déjà quand il a fermé la boutique. Il l'était encore plus quand il a commencé à grimper. Et maintenant il doit être minuit, peut-être un peu moins ou peut-être un peu plus, il n'en sait rien. Pour autant l'heure est loin d'être décente pour une personne qui ne devait pas travailler – il l'a compris en les écoutant parler.
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Ven 14 Déc - 19:56
hang in thereAzel & Demetri


“ Personne ne m'empêchera de grimper. ”

Une fine risette étira ses lèvres alors que, croisant les bras, Demetri hocha doucement de la tête. Il comprenait. Lui ne portait pas une affection aussi ardente pour les montagnes, bien que grimper soit devenu un de ses passe-temps favoris, mais les mots de Azel faisaient immanquablement résonner quelque chose en lui.

Les mots lui manquaient, mais pas les gestes. Avec lenteur, il déposa sa main sur la sienne et la serra délicatement, ses doigts en effleurant tour à tour les jointures. « Qui serais-je pour te dire d'arrêter ? Tu as affaire à un casse-cou ! … Non, tout ce que je te demande, c'est de te laisser le temps de te rétablir avant de repartir grimper comme un fou… et si possible pas de nuit quand personne ne peut te surveiller. » Son sourire se fit un peu plus canaille alors qu'il ajouta, sur le ton de la plaisanterie : « Et je ne dis pas ça parce que tu es du genre à entrer par effraction dans un parc ! »

Relâchant sa main, il jeta un instant un coup d'oeil à l'extérieur. Il faisait nuit noire et seuls quelques lampadaires éclairaient les ruelles attenant l'hôpital. Horchata dormait-elle encore ? Peut-être avait-elle profité de son absence pour venir s'incruster entre ses draps … 

« Ne t'excuse pas pour si peu, Azel. »

Cette fois, il était sérieux. Ses prunelles ne reflétaient que légère inquiétude et affection ; il ne jugeait pas Azel pour ses actions (après tout, il avait déjà fait bien pire) et ne pouvait tout bonnement pas lui interdire de grimper.

« Moi, je te dis de continuer de grimper autant que tu veux… mais avec des précautions. »

Son rôle d'ambulancier était aussi de faire de la prévention, mais de la prévention intelligente : Sans savoir précisément de quoi il était atteint, Demetri se doutait toutefois à ses paroles que son corps devait être gangréné par une saloperie l'empêchant de respirer convenablement. À sa place, il ne supporterait pas qu'on lui refuse ce genre d'activités et trouverait quoi qu'on en dise une façon de continuer. Il préférait mille fois mourir violemment avant quarante ans que de se retrouvé cloîtré dans un lit d'hôpital, avec au moins la certitude d'avoir pu vivre sa vie jusqu'à la lie.

« … Tu as mal quelque part ? Si tu ne peux pas dormir, une infirmière peut peut-être te prescrire quelque chose. Ce serait bien que tu arrives à te reposer. » Qu'il commença, avant de plonger des yeux taquins dans les siens, ses lèvres s'ourlant en un petit sourire en coin. « Hm… à moins que … Ce soit une tentative pour me jarter d'ici !? » Il échappa un léger rire avant de secouer la tête, ne s'arrêtant pas pour autant de parler. « … Plus sérieusement, je te laisse tranquille si tu ne me veux pas ici. … Je fais la discussion depuis tout à l'heure, mais on ne se connait pas vraiment… peut-être que ça te gêne ? »

Il n'y avait pas pensé, mais tout le monde n'était pas aussi amical et bavard que lui. Depuis tout à l'heure, il se permettait de l'embêter et de lui faire des leçons, alors qu'ils n'étaient rien d'autre qu'un ambulancier et un patient. Était-ce rude de sa part ? … Au pire, il s'en foutait.

« Non, tu as raison. Il est tard, je vais bientôt rentrer. »

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Azel Lavoie
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Azel Lavoie
Sam 29 Déc - 13:11
Ils mettront du temps les mots. Du temps pour apaiser et du temps pour calmer, juste un peu, les battements affolés de son cœur noyé dans la détresse. À ces pensées qui passent et repassent, ces souvenirs qui agressent. Résonnent. Fort dans son esprit embrouillé. Et ces paroles. Prononcées par Demetri. Et par tant d'autres aussi. Toutes ces femmes et tous ces hommes, dans leurs blouses blanches et leurs certitudes arrogantes ; toutes ces personnes qu'il tâche d'oublier, lentement, à mesure qu'il s'écoule trop vite le temps.

Alors oui, ils mettront du temps les mots. Les gestes également. Trouveront un chemin mais pas si facilement. Finiront par lui éclairer son visage, malgré tout, avec un sourire doux. Un peu moins triste surtout, car Azel accepte ce fait : il est allé trop rapidement. A sauté sur des conclusions, habitué à les entendre ces reproches entre ces quatre murs trop blancs. Puisqu'il se défend déjà crocs et griffes alors qu'il n'a affaire qu'à son Sauveur. Habitué. À devoir se battre pour qu'on le relâche. Pour qu'on le lâche. Tout simplement. Avec sa santé, sa maladie. Les risques qu'il encourt, à vivre sans cesse au gré de ses envies. Habitué. À ces reproches qu'ils lui font tout le temps en espérant qu'il ploie, et accepte Azel comme tant d'autres. De vivre plus longtemps sans rien faire de ses jours. Comme les vieux, et leurs regards absents posés sur la pluie par la fenêtre fermée, qui se demandent quand la Mort viendra les prendre. Lassés de cette vie qui s'écoule avec lenteur, laissés de côté par une famille qui n'arrive plus à assumer. Le fait qu'ils aient changé. Qu'ils aient fini par vieillir un peu trop. Différents de ce qu'ils étaient avant. Quand ils pouvaient encore pousser les gamins sur la balançoire, les emmener voir le monde, et raconter sans jamais se tromper leurs souvenirs d'enfance.

Différents.
La mémoire qui flanche et le corps tremblant.
Tout le quotidien qui s'embrouille et change à cette vitesse affolante.

Comme le sien. Sauf qu'il n'est pas vieux. Malade seulement. Et chevillée à son corps la jeunesse hurle pour qu'on le laisse tranquille. Belliqueuse. Face à tous ceux qui voudront encore l'empêcher d'être ce qu'il est. Qui il est. Plein de fougue. D'énergie. De désirs et d'envies. D'imprudences. Beaucoup. Comme ce soir. Et demain certainement. Si Tyler ne peut pas venir grimper avec lui alors qu'il en a tant envie.

Pourtant au lieu d'inquiéter il prefere rassurer. Après tout Demetri n'a pas besoin de savoir tout ça, il ne sait même pas s'il le reverra.

"I'll take care of me." Comme une promesse. Qu'il dechirera sans doute à sa sortie d'ici. Avec le besoin au creux de sa poitrine, le besoin hurlant de sommets, et d'une bonne dose d'adrénaline. "Next time j'essayerai de ne pas m'étouffer au milieu d'une falaise." qu'il ajoute. Le regard taquin et son sourire en coin. Comme éternel. S'il ne se gâchait pas si facilement au milieu de ce genre d'endroit. "À moins d'être sûr que tu sois mon sauveur..."

Comme s'il se cachait. Azel. Du fait qu'il trouve la présence de cet homme agréable. Et du fait que l'homme en question soit charmant qui plus est. Alors il se demande. Comment il peut croire qu'il ait envie de le voir partir quand sa présence lui donne si fort le sourire. Malgré les angoisses qui le rongent. Et le feront encore jusqu'au matin. Jusqu'à ce que sa pauvre mère débarque comme une furie pour engueuler sacrément fort les médecins quand ils exigeront que Azel fasse plus attention. Car dans ces moments ce n'est jamais contre lui qu'elle dirige sa colère. Sachant très bien que les crises surviennent même parfois au milieu de la nuit. Alors qu'il ne fait rien d'autre que vivre.

"I don't want you to go..." qu'il murmure finalement. "Mais il est tard et Horchata.. Elle doit attendre.." Inquiète. Dans un appartement ou une maison vide. Inquiète. D'avoir vu son maître partir. Et il le serait aussi Azel à sa place. Il se rongerait les sangs en se demandant pourquoi. S'il n'était qu'une bête qui ne comprend pas ce monde des Hommes qui les entoure. Pauvre petite Mère. "Et moi je ne dormirai pas tout de suite because I hate this place so much."

Grimace. À moins d'un miracle, il ne trouvera pas le sommeil ce soir. Surtout pas si Demetri s'en va, non. Mais il ne peut pas lui avouer que le garder près de lui le rassure. Déteste ça, se sentir comme un gosse en plein âge de caprices. Et sans parler plus durant plusieurs secondes il serre juste la main entre la sienne. La main de l'ambulancier. La main de son héros de la nuit.
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Mer 9 Jan - 22:38
hang in thereAzel & Demetri


Un doux sourire se glissa sur ses lèvres alors qu'il sentait des doigts s'enrouler prestement autour des siens, comme pour l'empêcher de s'en aller. Comme pour avouer son désaccord ou ses faiblesses. Soupirant doucement, Demetri éloigna toute idée de se reposer, ne pouvant décemment pas partir. Pas alors que Azel lui avouait détester cet endroit du plus profond de ses tripes. S'il pouvait lui éviter une nuit blanche passée à pestiférer sur les médecins ou sur la faiblesse de son propre corps, il était prêt à écarter sa fatigue le temps de quelques minutes. Une de plus une de moins …

C'était étonnant qu'il se souvienne du nom de sa chienne ; il lui en avait parlé alors que ses lèvres bleuissaient par manque d'air, alors que la crainte et la volonté de survivre devait teindre la moindre de ses pensées … mais non. Malgré tout, il s'en était souvenu et ce simple petit fait lui fit étrangement plaisir.

« Ne t'inquiète pas pour elle, la connaissant elle doit être endormie dans son panier dans une position improbable. … Et arrête de t'en faire pour moi, va.» Il répondit avec malice avant de s'installer à nouveau à ses côtés, ne faisant rien pour se défaire de l'emprise de sa main. Au contraire, il la serra avec douceur dans la sienne, réchauffant ses phalanges étrangement froids avec une patience nimbée de douceur.

« Peu de gens aiment l'hôpital oui… Pourtant les lits sont pas trop mauvais et tu as une tripotée d'infirmières à ton service. » Mais malgré son humour et ses sourires, il comprenait. Pour un casse-cou, il n'y avait rien de pire que de se retrouver pris au piège par des draps bien trop blancs : Demetri ne supporterait pas de voir son bras emmêlé dans des perfusions, cloué au lit loin du parfum réconfortant de son chez-lui ou des pins du parc dans lequel il aimait se perdre avec sa chienne. Il chercherait assurément tous les moyens possibles pour se carapater loin de cette cage stérilisée.

« Mais plus vite tu t'endors, plus vite tu partiras demain, non ? » Gentiment, il retraçait les veines visibles de sa main du bout de l'index et y dessinait des formes indistinctes, dans une tentative de le rassurer. Sa voix se faisait plus douce à mesure que les secondes passaient et que le ciel se remplissait d'étoiles. Il pouvait les discerner, depuis la chambre d'Azel ; elles luisaient faiblement dans le ciel en veilleuses silencieuses. « …Tu aimes les étoiles ? » 

Et Demetri parla d'un peu tout et rien à la fois, de constellations comme du personnel assommant du service neurologie, des cafés immondes des lieux publics ou encore des animaux, observant le jeune homme s'assoupir lentement du coin de l'oeil. Il ne se tut que lorsque sa lente et profonde respiration se fit entendre et que son visage se soit  tout à fait détendu. Attendant quelques instants pour s'assurer de ne pas le réveiller, il détacha alors gentiment sa main de la sienne et se releva en silence, les yeux lourds de sommeil.

« Bonne nuit Azel. Attends un peu avant de faire d'autres conneries… » 

Souriant doucement, il se tourna vers la table de chevet où trônaient les quelques affaires qu'il transportait avec lui lors de l'accident puis, fouillant dans ses poches, en extirpa un mouchoir. Le tissu était propre et encore parfaitement plié, tout à fait utilisable, alors il y inscrivit son numéro de téléphone sous une impulsion soudaine, suivi d'une petite phrase.


"In case of emergency ;)"

© 2981 12289 0
L'Archiviste
Mails : 651
Double-compte : Léandre - Logan - Johann
$ : 1674
L'Archiviste
Dim 21 Juil - 12:50
RP terminé


Alors qu'Azel est entré dans le parc Jean Drapeau le soir après la fermeture pour grimper, le garçon fait une crise sur la paroi, fait tomber son inhalateur, et doit appeler les secours. Demetri étant dans le coin il est appelé par ses collègues pour se rendre sur place avant l'arrivée du camion, ramasse l'inhalateur, et reste avec lui le temps qu'il arrive




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