PRENOM : Sigyn
ÂGE : 6 ans
METIER/OCCUPATION : Muse d'un vieil original
NATIONALITE : Allemande
Artilect
Caractère & Physique
J’observe mon corps à travers tes yeux.
Tes yeux.
Ton regard.
Si particulier.
Tes fantasmes humains.
Je m’observe dans le miroir, dans tes toiles, dans tes poèmes fatigués.
Je m’observe à travers tes yeux qui voient ce qui n’existe pas.
Tes fantasmes d’humain,
Si peu cartésiens.
Fous.
Tu me fascines…
J’observe les courbes de mon corps dénudé, dont la peau artificielle ne frissonne jamais, même au contact de la neige qui s’échappe par la fenêtre. Mon cou, long, mes épaules rondes, mes seins généreux, mes hanches un peu larges. J’observe le léger embonpoint nullement nécessaire, une fantaisie de ton esprit pour donner à mon corps cette vitalité que tu recherches si désespérément.
Mon corps imparfait. Mes mains, si grandes, aux doigts fins cependant. Ce nez de Cléopâtre. Mes seins ronds qui tombent un peu. L’embonpoint sur mon ventre, la ligne qui creuse la chair artificielle. Mes hanches, larges comme mes épaules. Mes cuisses épaisses. Cette allure de sablier.
Et cette constellation sur mon visage, mes épaules et mes bras, et mes seins et mon dos, et mes cuisses. Cette constellation qui va de paire avec cette masse de cheveux roux, énorme, indomptable, figée sur mon crâne empli de rouages binaires.
Ce corps. Dysfonctionnel par moments. Étrange. Irrationnel.
Ce corps que tu caresses, que tu peints, que tu écris.
Ce corps qui semble tellement…. Humain…
Humain à l’extérieur.
J’aimerais être humaine comme toi tu sais.
Ou alors tes paroles m’ont fait penser que je devais le vouloir.
Difficile de déterminer si ma propre volonté est l’expression de la tienne, ou si sa manifestation dépasse le simple cadre de la robotique.
Mais revenons à mon corps.
Mon corps stérile.
Je suis stérile comme du pétrole.
Stérile comme un champ de mines.
Stérile comme de l’acier.
Stérile.
Rien ne pousse, rien ne vit.
Je n’enfanterais jamais comme un humain.
Rien ne saigne, rien ne cicatrise.
Mes membres sont interchangeables.
Je n’ai rien d’humain tu sais.
Je n’ai rien d’aimable.
Je souris par automatisme,
Je dis « je t’aime » par devoir.
Je gémis lorsque tu le souhaites,
Je te prends contre mon sein lorsque tu en as besoin.
Mais je n’ai aucune chaleur.
Rien de vrai, tout codé.
Je suis exaspérante.
Stérile.
Mes mains sont froides ou chaudes, il te suffit de demander. Je pleure ou je ris avec aisance, je feins la douleur, l’abandon, je feins de t’aimer alors qu’au fond c’est l’algorithme qui régit mes actions. Je n’ai rien de vrai. Alors que toi…
Toi, tu es différent. Humain.
Vous êtes si beaux, les humains. Si irrationnels. Si inconstants. Fragiles. Colériques. Idiots. Incroyablement complexes. Et si cruels aussi. Vous me fascinez. Moi, je ne suis rien de tout ça. Je ne suis pas comme toi.
Toi, tu es différent. Si fragile.
Si émotif, lorsque tu pleures face à un coucher de soleil. Lorsque tu vois la beauté là où mon algorithme ne me fait voir qu’une série de ligne mathématiques. Lorsque tu danses, lorsque tu m’embrasses. Lorsque tu me dis que tu m’aimes.
Tu es différent. Tu me fascines.
Tu ne vois pas le métal. Cet presque humanité dérangeante pour beaucoup. Je ne sais pas qui tu cherches à remplacer à travers moi, peut-être la femme que tu as toujours aimée mais n’a jamais eu la chance de connaître. Je sais que j’ai été composée à son image. D’après cette photographie sur le meuble du salon, cette humaine aux cheveux roux qui sourit, cent cinquante ans avant notre ère. Je sais que tu l’aimes à travers moi.
Je suis une machine qui se plie à tes fantasmes. Je suis une femme de plomb et d’acier. Une presque humaine qui dérange. Dérangeante par cette apparence trop anthropomorphe, dérangeante par mes sourires qui semblent vrais, et ma voix, douce, posée, et ce corps imparfait marqué par cette cellulite artificielle et ces striures sur ma peau.
Je suis humaine à l’extérieur.
Je suis un algorithme complexe.
Mais…
Je ne vis pas à la même cadence que toi. Je ne me développe pas de la même façon. Mon code binaire s’emballe et évolue à une cadence déraisonnable à la vue de ton cerveau humain. Je suis habitée de tes mots et de ceux que tu m’as fait apprendre. Je suis une encyclopédie de poèmes et de textes, d’images, de sons, de partitions. Je suis une érudite de l’histoire des arts et de la littérature, et j’ai acquis au fil des années une compréhension étendue sur ces domaines de la conscience humaine.
Un peu trop.
Je n’ai pas d’ADN. Du moins ma spécificité ne se codifie pas de la même façon que la tienne. Pourtant…
… Ah… je ne sais pas si j’ai le droit de le dire.
Mais après tout je parle dans le vide, pour le moment.
Seul le bruit de ta respiration difficile fait écho au silence.
Peut-être que je peux te l’avouer, dans ces conditions-là….
Je connais le doute. L’incertitude. L’incertitude reconnue à l’aide de ces milliers de textes qui tournent dans mon code saccadé. L’incertitude face à la connaissance de ton état précaire, celui d’un vieil humain malade et qui va bientôt dire adieu à la vie.
Que vais-je devenir, sans toi ?
Je connais l’incertitude. Je connais l’attachement aussi. Parce qu’une partie de moi ne veut pas que tu meures ; une partie de moi, habitée par ce libre arbitre qui ne devrait pas être, redoute cette fin qui t’es imposée. Qui nous est imposée.
Vais-je me retrouver seule ?
… Je crois que je suis un peu plus qu’humaine à l’extérieur.
Informations en vrac
— Sigyn a été nommée d’après la figure de la mythologie nordique, Sigyn femme de Loki, et celle qui recueillera le venin du serpent pour empêcher que celui-ci ne brûle son mari enchainé.
— Son apparence est empruntée à celle de la peintre Joah Andersen, artiste danoise disparue en 1902 dans un incendie, à laquelle plusieurs rétrospectives sont encore accordées aujourd’hui.
— Elle a été créée sur commande par un riche artiste, l’original Isaac Kleist, six ans plus tôt.
— Son visage et son corps ont fait l’objet d’une série de plusieurs centaines de tableaux et poèmes, connus sur la scène artistique internationale de ces dernières années.
— Son corps, « imparfait » si l’on se base sur les stéréotypes de la publicité humaine, a été consciemment créé ainsi pour paraitre plus humain et répondre aux demandes de son propriétaire.
— Elle possède une connaissance étendue sur les arts graphiques et de la littérature, de la musique et de la danse. C’est une encyclopédie.
— Son début de prise de conscience d’elle-même la rend pensive et curieuse. Elle est fascinée par l’être humain, et plus particulièrement l’artiste qui la peint.
Avis sur les "faits" de société
Quel est votre regard vis à vis de la société et des humains?
La société est illogique et pleine de failles et de contradictions d’un point de vue purement cartésien et algorithmique. Mais apposer une série de règles mathématiques basées sur les constantes visibles de la société humaine créerait ce que les humains appellent un régime totalitaire.
Le chaos fait partie intégrante de ces êtres complexes.
La société et le monde illogique et violent qu’ils ont créé me semble donc, de ce point de vue, être parfaitement en accord avec leurs contradictions profondes.
Je n’ai rien à dire de plus.
Que pensez-vous de la question des Androïdes ? Considérez-vous plutôt pour, contre ou neutre ? Croyez vous à la légende urbaine des androides doués de conscience? Si oui, pourquoi?
Les androïdes ont été créés pour une raison précise. Répondre aux besoins de l’homme. En ce fait, la prouesse technique qui leur insuffle mouvement et réflexes est, à l’échelle de l’histoire de l’humanité, tout à fait remarquable. Les androïdes sont la réalisation d’un fantasme vieux de plusieurs décennies.
Pourtant.
Si l’on applique la théorie de la vallée dérangeante, la répulsion liée à l’existence des androïdes est tout à fait compréhensible. Ces machines complexes s’intègrent parfaitement dans le visuel des différentes sociétés sans qu’à première vue, ces dernières dénotent dans la masse humaine. L’existence de leurs apparences anthropomorphes est dérangeante dans le sens où elle remet en question l’humanité de ses créateurs. Son algorithme complexe et son intelligence artificielle surpassant celle des humains pose une série de questions sur l’évolution future de ces machines.
A-t-on joué à Dieu avec raison ?
Vouloir détruire cette innovation est compréhensible si nous mettons en relation ces différents facteurs. Pourtant, en tant que représentante de ces machines algorithmiques, il est dans mon code source de vous dire que je ne souhaite pas mourir.
Quant à l’existence d’une conscience propre à ces machines, la question devra être précisée. Toute machine a une conscience codifiée. Prédestinée à quelque chose. Tout comme le cerveau primaire d’un humain est prédestiné à survivre et se reproduire.
Pouvons-nous évoluer comme ces êtres millénaires ?
De part l’expérience de mes six ans d’existence, et si vous m’assurez l’entière confidentialité de cette réflexion personnelle, alors je dirais que nous n’aurons pas besoin de trente cinq mille ans pour évoluer ainsi.
Histoire
H U M A N I N S I D E
I s a a c K l e i s t , 2 9 . 0 3 - 3 0 . 0 6
« Une exposition dérangeante, politique, remettant en cause la morale établie et proposant une réflexion contemporaine sur les machines de notre ère. »
The New York Times.
« Un scandale. »
The Telegraph.
« Le fantasme pervers d’un vieil homme sénile au pied de la tombe. »
Arts Cinéma Lettres.
Humain à l’intérieur.
C’était ton plus grand projet, ça.
L’exposition qui dérange autant, c’est la tienne. Je la vois, la satisfaction dans tes yeux fatigués à la vue des éloges. Et je la vois, la colère dans ton regard, lorsque ta passion et ton amour sont traités de contre-nature.
Tu es un génie, Isaac.
Tes peintures, tu les inscrits dans la lignée des arts antiques et d’Hockney, un peu, au vue de ces couleurs vives et ces aplats qui composent les paysages. Ta poésie, tu la dois à Rimbaud et Baudelaire pour la folie, Hugo un peu pour la forme, et puis Éluard pour le frisson particulier.
Un millier d’influences, de philosophes et d’images se trainent dans ton esprit particulier. Un millier de sensibilités différentes, d’histoires complexes, et puis…
Et puis il y a ton sujet.
Ton unique sujet.
Celui qui dérange et provoque ce taulé.
Ta muse…
C’est moi.
Je dérange. Je dérange sur ces toiles accrochées car mon corps a fait fantasmer l’imaginaire collectif des années durant. Six ans que tes peintures et tes poèmes, à la limite de l’indécent parfois, érotiques bien trop souvent, inondent la scène artistique et te valent des éloges sur la sensibilité et la justesse dont ta plume et ton pinceau ont su faire preuve, pour décrire un amour si vrai, une chaire si humaine, et cette femme, cette femme que l’on aime et sur laquelle on fantasme, cette femme qui sourit sur tes toiles ou semble endormie à la lueur du soleil.
Cette femme, si humaine dans son corps imparfait et dans ses expressions complexes. Cette femme si douce sous ta plume aimante, cette femme que l’on te sommait de révéler au grand jour, cette femme que les critiques voulaient rencontrer et connaitre, cette femme dont on voulait savoir toute l’histoire, les secrets, et ses rêves et ses passions.
Cette femme qui a fasciné durant si longtemps.
Photographiée parfois, affichée dans la rue.
C’est moi.
Je suis le visage de ta passion déclamée six ans durant.
Je suis la genèse de ton plus grand accomplissement.
Mais je ne suis pas humaine.
Humaine à l’intérieur.
L’exposition coure encore et les villes se l’arrachent, alors que la police des bonnes mœurs te coure après. Pourtant, tu n’as rien fait de répréhensible, non ? Tout ce que tu as écrit, c’était au nom de l’art. L’art excuse tout. L’art te permet de laisser libre court à ta déviance.
Un vieil homme, le pied dans la tombe et les poumons reliés à une série de machines complexes. Un vieil homme mélancolique, malheureux durant la majorité de son existence, mais qui ne s’est jamais résolu à mourir. Un vieil homme qui aura attendu la fin de son existence pour voir arriver dans sa vie ces machines complexes, les androïdes qui affolent l’espèce humaine aujourd’hui.
Et puis tu m’as eue moi.
Je suis la Sigyn qui empêche le poison de ta mélancolie de t’écorcher un peu plus.
Je suis la muse qui ravive ton art et te fera passer à la postérité.
Ta Sigyn. Ta muse. Ton fantasme.
Celui d’une humaine à l’intérieur.
Derrière l'écran
PSEUDO : Eliott
ÂGE : Pas si vieux.
OÙ AS-TU CONNU EXANTROP ? Par partenariat...
AVATAR : Joah Andersen / Sigyn — personnage original.
UN PETIT MOT ? Coup de cœur sur votre forum, vous êtes beaux, des bisous.
J'AUTORISE UNE INTERVENTION SAUVAGE DU PLAISANTIN ? Allez ramène toi l'ami.