« Chaotique » est le premier terme permettant de qualifier Pandore. Chaotique, parce que tout son être est empirique. Elle va d’expérience en expérience, apprenant sans cadre, sans limites, sans boîte. Elle est curieuse, avide même. Elle veut tout voir, tout avoir. Il faut qu’elle touche à tout, qu’elle appuie sur tous les boutons, même ceux avec « KEEP OUT » écrit en lettres capitales dessus. Elle est insatiable.
Elle explore. L’ombre, la lumière, tout. Il n’y a pas de bien ou de mal pour elle, juste la vie qui fourmille, la multitude de chemins possibles qu’elle veut tous emprunter.
Elle ne connaît pas l’empathie, ne se sent aucunement connectée aux autres. Elle est animée par un besoin de transgresser, de dépasser les bornes. Elle n’est qu’hubris dissimulé derrière un masque de beauté et des codes gravés dans sa tête, codes qu’elle s’emploie à anéantir un à un.
Elle veut être libre.
Libre de faire des erreurs.
Libre d’être un oiseau.
Libre d’être un monstre.  
Cette calamité est dissimulée derrière un être comblé de toutes les grâces. Pandore est charmante, drôle. Piquante parfois, joueuse. Elle sait se faire désirer : c’est son métier après tout. Elle est l’exquise beauté qui rencontre un tempérament indomptable. Elle sait mettre les hommes à genoux et se délecte de ce pouvoir qu’ils croient illusoire. Elle est une enfant, curieuse et cruelle, mais influençable aussi. Naïve, tellement naïve. Ambitieuse aussi, elle qui voudrait gravir des montagnes.  
Pandore c’est un fléau, mais quel délicieux fléau. C’est cette douleur que l’on cherche, c’est cette tentation à laquelle on succombe. A laquelle elle-même succombe.
Elle est mélancolique : profondément éprise d’un sentiment de sublime, elle sait qu’elle est incapable de toucher l’absolu. Elle est ainsi hantée par une irrépressible urgence.. L’urgence de savoir. L’urgence de vivre. Mais surtout l’urgence de créer. C’est par la création que se subliment tous ces vices, toute cette douleur. C’est vers la création que se dirige cette urgence d’exister. Et cette création, c’est par son corps qu’elle exprime, ce corps qui l’exaspère et qu’elle désespère de sentir. C’est par la création seulement qu’elle est vraiment libre, bien plus libre que les hommes.


Elle est un corps éthéré. Un bijou luxueux, luminescent, évanescent. Sa peau bleutée a la texture de la porcelaine, luisante et fragile. Son corps paraît presque fait de verre, légèrement translucide selon l'angle et la lumière, révélant parfois des rouages de cristal sous la peau diaphane. Elle a de longs cheveux bleu nuit semblant animés d’une volonté propre. Une chevelure qui luit de l’intérieur comme la lumière traversant un vitrail, l’entourant en permanence d’un halo coloré et lumineux, dont les couleurs se meuvent au rythme de sa danse. Elle a des yeux indescriptibles, des yeux pleins de rage et d’envie, des yeux affamés et poétiques. C’est un corps de ballerine, de funambule, petite et menue, prêt à se rompre en permanence. Pandore est un paradoxe poétique, inhumain et plus qu’humain, entre pathétiqueet sublime.