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Ven 18 Jan - 10:50
Azel & Numa
D'ombre et de Silence
13h52.
La pharmacie allait rouvrir dans huit minutes, exactement. Huit minutes. Il rentrerait à 14h03. Il ne savait jamais s'il devait rentrer directement après l'ouverture d'un magasin, s'il devait attendre pour ne pas paraître impoli, ou s'il pouvait déjà faire son client pénible et frapper à la vitre. D'un, il n'oserait pas. De deux... il n'y avait pas de deux. Il s'était déjà assez rejoué la scène dans sa tête, attendre, une fois les portes ouvertes. Ensuite, inspirer, rentrer dans la pharmacie, tendre son ordonnance en essayant de regarder dans les yeux et de ne pas se laisser distraire. Parler. Bégayer d'une petite voix un « bonjour ». Ne pas se concentrer sur l'humiliation. Peut-être écrire sur son téléphone ? Non... son psychiatre lui avait répété maintes fois qu'il devait faire des efforts, et COMMUNIQUER à l'ORAL.
Numa rejouait la scène encore et encore dans sa tête. Recroquevillé contre la devanture de la pharmacie, il se balançait d'avant en arrière, les yeux rivés sur son téléphone. Le vent s'engouffrait dans les rues, les moteurs des voitures, les voix des gens, créaient une musique disparate le rendant incapable de se concentrer sur son téléphone. Il fermait les yeux, il rejouait la scène, mais il y avait toujours quelque chose venant du monde extérieur pour venir perturber sa concentration. Quand il rouvrait les paupières, il voyait des lueurs de couleurs se promener autour de lui, et disparaître. Heureusement, il faisait jour.
Quelques regards, d'inconnus qui se demandaient pourquoi un jeune adulte se balançait comme ça, au point de heurter son crâne contre la vitre sans montrer de signe de douleur. Au moins, ça l'aidait à décharger les angoisses. Numa n'avait qu'une idée en tête : rentrer chez lui. Il fixait avec intensité l'heure affichée sur l'écran de son smartphone, il comptait en remuant les lèvres les secondes en train de défiler. 14h. La pharmacie n'était toujours pas ouverte ; l'impression d'être trahi par la société le prit à la gorge. À 14h... n'auraient-ils pas dû ouvrir la porte, et remonter le rideau de fer ? 14h01. Toujours rien. Numa se crispa. Il était écrit que la pharmacie rouvrait à 14h. Pourquoi ce n'était pas le cas ?
14h02.
Le bruit que firent les rideaux en remontant le prit de court. Numa sursauta, et il se cogna bien le crâne contre la vitre. Toutefois, aucune trace de douleur sur son visage ; il remua les épaules, tandis que la brûlure s'étendait dans son crâne. Il se recroquevilla sur lui-même, il inspira, puis il expira. 14h03. Il aurait pu rentrer maintenant, mais la pharmacie avait rouvert avec deux minutes de retard. Le drame ? Que faire ? Rentrer maintenant, attendre encore ? Numa recommença à se balancer d'avant en arrière, ses mains tremblaient assez fort pour lutter à tenir son smartphone. Il crispa ses doigts dessus, pris d'une profonde angoisse. Les choses ne se déroulaient jamais vraiment comment il l'avait prévu. Puis, une personne, puis deux prirent les devants en lui jetant des coups d'oeil bizarres.
Numa parvint à se calmer, il sortit son ordonnance de sac à dos. Il venait tous les 27 du mois chercher ses médicaments, à une date très précise. Dès que sa boîte d'anxiolytique était sur le point de se terminer. Rigoureux, il prenait son ordonnance, il la pliait soigneusement, puis il venait à la pharmacie braver le regard des autres. Bon.
Un. Deux. Trois.
On se détend, on ne marche pas d'une façon bizarre. On se concentre. Numa avait retenu par coeur les fiches plastifiées que son psychiatre lui avait imprimées ; il en avait pour tout et n'importe quoi. Il en avait une spécialement pour ce genre de cas de figure, lui dictant comment il devait agir lorsqu'il se présentait dans un lieu public. Il inspira, il se remémorera les différentes étapes. Ne pas se balancer en arrière, retenir les rires qui brûlaient sa gorge. Rentrer, dire bonjour — il n'y arrivait pas encore, trop complexé par son bégaiement —, se diriger vers la file, respecter une limite de sécurité avec les autres. Attendre son tour, sans fixer trop longtemps le pharmacien. Dire bonjour à nouveau, regarder dans les yeux, donner l'ordonnance. Facile, n'est-ce pas ?
Numa rentra, il rentra aussitôt la tête dans les épaules. Il percevait les néons grésiller, les voix dans les pièces adjacentes, le « cling » de la caisse enregistreuse. Il ferma les yeux, il oublia de dire bonjour, il fonça d'un pas raide vers la queue. Ses mains tremblaient de plus en plus fort. Il avala sa salive, puis il attendit. Derrière lui, un jeune homme plus grand rejoint la file.
Numa était tellement concentré à se dire qu'il avait échoué toutes les étapes décrites sur sa fiche, qu'il aurait mieux valu sortir de la pharmacie et recommencer comme si de rien n'était, qu'il n'entendit pas le pharmacien l'appeler. De toute façon, « jeune homme », ça ne le désignait pas forcément, hein ?
Il devait recommencer la partie.
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Azel Lavoie
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Mer 23 Jan - 22:27
"Mom ! I have to go to the drugstore for my meds ! Tu prends la relève ?" Il l'entend fredonner depuis l'arrière boutique. Tourner et remuer. Traficoter il ne sait trop quoi là dedans depuis une heure qu'elle y est. Entre les papiers, les cartons et les rubans, les vases et les fleurs. Peu attentive à lui. À ses paroles. Et occupée sûrement à défaire tout l'ordre qu'il a mis à peine quelques jours avant. "Mom !" Il s'agace. Vaguement. Habitué, depuis ces vingt-cinq ans qu'il vit avec, à sa tête en l'air et à ses manies de tout chercher sans jamais rien ranger. À ses fantaisies. Disparues si longtemps, après l'annonce de sa maladie, durant tout une période où ils voyaient le noir partout, la mort dans chaque pas. L'un et l'autre. Elle s'imaginant déjà perdre son enfant, et lui. Lui l'esprit perdu dans ses sommets sur lesquels on lui avait dit qu'il ne pourrait peut-être plus grimper. Sombre période. À laquelle il ne pense jamais. "Please mom, can you listen to me ?" Le chant se stoppe et il l'imagine cligner des yeux. Revenir à elle aussi vite qu'elle a dû se perdre. Avant de réfléchir à toute vitesse à ce qu'il a pu lui dire. "Are you going out ?" Un sourire. "Yes. Is it good for ya ?" Azel demande. Même s'il a passé l'âge. Des autorisations et de toutes les conditions qui vont avec. Parce que ça fonctionne comme ça, c'est tout. Il l'aime trop sa mère pour lui causer le moindre problème en disparaissant sans prévenir. "Can you help me for a second before you leave ?"
Bien sûr il accepte. Et une grimace lui tire la bouche quand il entre à l'arrière. Alors que sa voix éclate en surprise sur ses lèvres boudeuses. "Are you serious ?! " Elle a encore tout dévasté. Comme une tempête qui se serait abattue sur l'arrière de la boutique. Mais parce qu'elle rit – c'est ce qu'elle a toujours fait de mieux à ses yeux -, Azel veut bien lui pardonner. Il l'aide (et ça dure comme elle l'a dit juste une seconde) puis il s'enfuit. Ses pas rapides dans la rue car il est en retard. Même si son meilleur ami dirait que tout est relatif, il n'est pas encore quatorze heures.
Il aime y être pour l'ouverture Azel. À chaque fois il fait comme aujourd'hui, au travail le matin puis c'est sa mama qui prend le relais. Alors que lui file chercher sa médication. L'ordonnance du médecin dans sa poche droite et son porte-monnaie dans l'autre. À cette heure là il y a souvent moins de monde. Le voilà qui grimace pourtant quand il arrive : c'est ouvert et il y a déjà la queue. Il soupire un peu, se glisse derrière un garçon. Planté droit sur ses pieds le temps que dure l'attente. Pas besoin d'observer l'endroit il le connaît, comme il ne fait même pas attention à tous ceux qui viennent chercher leurs médicaments. Pour du sérieux ou pas d'ailleurs, certains juste là pour le pas grand chose du quotidien. Lui il serre la main près de sa poche, n'aime pas cette partie là de sa maladie. Quand il faut supporter le regard des pharmaciens, pour ceux qui pensent devoir compatir.
Il y en a un d'ailleurs qui répète plusieurs fois. Jeune homme, jeune homme ? Derrière lui on pousse et Azel fait un pas vers l'avant, forcé pour ne pas être trop bousculé, se retrouve plus près du garçon. Alors que ça grogne encore. Que ça râle. Il se retourne et envoie un regard noir tout autour.
"Can you just give him a second ?"
Il n'a pas peur de le faire. Les remettre à leur place. Et il a le droit à une vague indignée tandis qu'Azel se retourne de nouveau vers le garçon. Et effleure son épaule d'une main douce.
"C'est à vous."
En espérant que ça suffise. Pour le ramener dans le réel.
Numa Maggiorano
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Jeu 24 Jan - 21:53
Azel & Numa
D'Ombre et de Silence
Jeune homme. Jeune, il l'était ; il avait dix-neuf ans, et on lui demandait souvent sa carte d'identité. Homme ? Il ne savait pas. Lorsqu'il regardait les publicités, il ne correspondait pas à ce que les Autres désignaient comme homme. Il avait certes du poil, notamment une ligne qui partait de son nombril jusqu'à sous sa ceinture ; il en avait aussi sur les bras, les jambes. Mais il n'avait pas de barbe, il avait encore de l'acné ; il n'était pas grand. S'il suivait la publicité, il ne correspondait pas à ce concept ; il n'était pas un homme.
La voix disparaissait sous le bruit des battements de son coeur, de son souffle, il avait souvent l'impression d'être prisonnier de son propre corps. Les néons en train de grésiller, les klaxons des voitures, la vie en train de grouiller derrière la vitrine de la pharmacie... autant de détails qui occultaient la voix du pharmacien. Rien ne désignait explicitement son tour, sa fiche n'avait rien indiqué là-dessus. D'habitude, il était seul. Il ricanait, nerveusement, en se retenant de se balancer d'avant en arrière ; ses doigts tremblèrent plus fort sur son téléphone portable. Pus, il y eut un contact.
Numa sursauta. Une vive sensation de brûlure se répandit dans son épaule, ses vêtements le grattèrent fort. Ce n'était qu'un effleurement, et pourtant, ça ne disparut pas dans la seconde, comme pour une personne normale. De peur, et de douleur, Numa recula, et il écrasa le pied du jeune homme derrière lui. L'effleurement, c'était ce qu'il y avait de pire ; c'était comme froisser un tissu en satin. Des frissons désagréables couraient dans ses membres. Il recula encore, en fait, il tomba en arrière. Désespérément, il essaya de se rattraper à quelque chose, mais ce fut l'étagère à sa droite, pleine à craquer de médicaments pour le rhume. Ses ongles griffèrent sur l'étagère, il emporta avec lui tout un tas de boîtes qui s'étalèrent en même temps que lui sur le sol.
Moment de silence.
Numa s'était écrasé sur le sol, les boîtes entre ses jambes ; sa main était restée accrochée à son téléphone. Il respirait fort, les yeux totalement vides, alors qu'à l'intérieur, il n'avait qu'une envie : mourir. Disparaître. Le silence était ce qu'il y avait de pire dans ces moments-là, parce qu'il ne saisissait pas ce que leurs regards, l'expression sur leurs visages exprimait. Il entendit des petits rires, pour lui, rire, c'était le malaise. Il avait déclenché un véritable chaos dans le rayon, certaines boîtes s'étaient ouvertes, et ça tenait du miracle que l'étagère n'avait pas cédé sous sa chute. Il s'était cassé un ongle ; comme pour ses cheveux, c'était les parties de son corps les plus douloureuses. Il ne se coupait pas les ongles, ça lui donnait l'impression de couper directement dans sa chair. Et les cheveux ? Il les rinçait à l'eau, parce que même ses doigts lui faisaient mal. Il était son propre ennemi.
I-na-da-pté
I-nu-tile.
Meurs.
Il ne savait pas très bien ce qu'il ressentait, la colère ? La honte ? Il était furieux contre lui-même. Là, tout le monde avait disparu. Le jeune homme dont il avait écrasé le pied ? Il resta planté là, comme un idiot, jusqu'à ce que le pharmacien vienne vers lui, et se renseigne sur son état. Dans la queue, il entendit quelque chose en français, à propos du fait qu'il n'avait pas toutes les lumières à les étages, et que la technologie était en train de griller ses neurones. Autant d'interrogations que d'angoisses. Il leva les mains en l'air, et il se releva aussi vite qu'il le put avant que le pharmacien ne le touche. Pas de contact physique, sans le prévenir, surtout lorsque c'était des inconnus ; il haïssait prendre le métro pour cette raison.
Numa ne s'excusa pas. En fait, ça ne lui vint même pas à l'idée. Il était concentré sur toutes les boîtes à ramasser, qu'il empila par taille et couleur, mécaniquement.
Inadapté.
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Azel Lavoie
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Dim 27 Jan - 21:43
Azel. Il sait qu'il a fait une connerie. À l'instant même où il sent le garçon tressaillir. Alors il va se reculer ; bouger. Mais l'autre le prend de court et d'un bond en arrière vient marcher sur son pied. Le fait sursauter. Grimacer. Se jeter à son tour hors de portée et bousculer une femme qu'il entend d'un simple coin d'oreille jurer contre lui. Par politesse il s'excuse. S'entend à peine le faire. L'esprit ailleurs ; sur cette cacophonie qui éclate. Sur cette catastrophe qui survient devant ses yeux et par sa faute surtout. Le regard planté dessus, sur ce jeune homme qui s'écrase au milieu des médicaments dans un grand fracas, alors que le silence envahi toutes les bouches des personnes présentes. Et puis les rires. Les murmures. Car personne ne comprend ce qui a pu se passer ; personne n'a vu, ni prêté attention, au fait que c'est lui qui a tout fait déraper.
Un instant il a un air coupable sur ses traits.
Puis une moquerie de plus derrière lui le pousse à se tourner vers l'importun. Des éclairs au fond de son regard pâle. Et sa bouche tordue d'une contrariété jusque lors maîtrisée. "Just shut up ! Or leave ! I don't wanna hear you shit right now !" Un coup d'œil indigné. Même un vieux qui râle. Azel les ignore de nouveau et se tourne vers l'homme en panique qui tente de s'occuper du garçon. Il s'approche. Son pas résonne au milieu du silence. Il l'interrompt d'une voix basse, plus calme. "I'll help him. Vous devriez retourner vous occuper de ces messieurs dames." Il s'accroupit. Empile rapidement le reste des boîtes avant de les remettre sur l'étagère où elles étaient. Sans dire un mot. Sans regarder, non plus, le garçon à qui il a fait si peur.
Autour d'eux les secondes s'écoulent et la vie reprend son cours. On cesse bientôt de s'occuper d'eux. Du désastre qu'il a provoqué. Juste le pharmacien, dont le regard inquiet court à plusieurs reprises sur eux, entre deux personnes qui se plaignent de maux de dos, de ventre ou de tête, et qui tendent leurs ordonnances d'un air toujours trop pressé.
"I'm sorry." Il le dit. À un moment. Alors qu'il s'occupe des dernières boîtes, qu'il s'assure que tout est en ordre et parfaitement rangé. "Je suis désolé de t'avoir fait si peur." Désolé oui. De s'y être pris de la sorte pour le ramener. Sans avoir effleuré l'idée qu'il puisse ne pas aimer ça. Qu'un inconnu le touche. Oh comme il aurait dû y songer ! "Ce n'était pas correct de ma part de te toucher, je n'aurais pas dû. C'était ton tour and you looked lost in your deepest thoughts..." Certains lui diraient qu'il s'en fait trop. Lui a l'impression du contraire. Qu'il n'en fait pas assez.
Numa Maggiorano
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Lun 28 Jan - 23:07
Azel & Numa
D'Ombre et de Silence
Messieurs dames ? Numa s'arrêta sur ce bout de phrase qu'il avait entendu, tandis qu'il était en train de ranger les boîtes. Le pharmacien l'épiait, ainsi que le jeune homme, en retenant son agacement. Numa rangeait tout par taille, et couleur, en posant avec précision les boîtes les unes sur les autres ; un château en Espagne rassurant. Il ne se doutait pas que ce n'était pas ainsi qu'il fallait faire. Il devait se concentrer, ses mains tremblantes handicapaient la moindre tâche facile. Et comme il faisait preuve de précision, afin de poser avec précaution les boîtes sans qu'un bord ne dépasse de l'autre, il prenait un temps monstre. Quand le pauvre jeune homme qu'il avait entraîné dans son infortune déposa la dernière boîte, il ne put s'empêcher de corriger la position. Une machine n'aurait pas fait mieux. C'était parfait.
D'ailleurs, ce fut parce que sa main était rentrée dans son champ de vision qu'il s'était arrêté, et qu'il avait remarqué réellement sa présence. Les autres, il ne les faisait pas « rentrer dans sa bulle » — comme son psychiatre aimait le lui dire -, si ce n'était pas nécessaire. Le contact physique, l'effleurement, c'était déjà de trop. Il ne leur accordait de l'importance que lorsque l'interaction était forcée. Il lui arrivait de se faire insulter régulièrement dans la rue, sans même l'entendre ; ce n'était que lorsqu'on le bousculait qu'il s'en rendait compte. L'effleurement, la main dans son champ de vision : impossible de ne pas prendre en compte le contact. Numa prit son téléphone... Pas la peine de parler. Pourquoi on parlait l'anglais et le français ici, alors que personne n'était fichu de connaître le langage des signes ?
« Je n'ai pas eu peur. »
Écrivit-il en anglais, sans smiley ; il en usait que sur internet. Il ne donna pas plus de détails, il se relu six fois, puis il montra son téléphone portable à l'inconnu. Là, on pouvait lire le reste d'une conversation qu'il avait eu plus tôt, avec l'un de ses « soumis ». Il entretenait de fausses relations, en se faisant passer pour ce qu'il n'était, afin de comprendre le sexe et la douleur. Il s'était contenté d'entrer son texte dans sa conversation avec l'un de ses « amants » virtuels, pour lequel il se faisait passer pour une femme de trente ans. D'ailleurs, son vis-à-vis eut tout le loisir de lire — s'il le souhaitait — la promesse que son « amant » lui faisait, en employant comme titre « Maîtresse Carolyne » à propos d'une dickpic.
Oui.
Numa n'avait pas fait attention, il attendit que l'inconnu termine de lire, puis il effaça le texte. Il ne savait pas s'il devait donner plus de détail, s'il était commun de raconter sa vie, lui dire que lui effleurer le bras, c'était comme si on lui balançait de l'acide dessus.
« Perdu ? Je ne suis pas perdu, je suis dans la pharmacie. C'est pas beau de mentir. »
Parce que l'expression « être perdu dans ses pensées » avait été comprise au sens le plus littéral par son cerveau. Il n'était pas capable d'envisager qu'il y avait un sens caché derrière tout ça. Il tendit le téléphone vers son vis-à-vis, alors que pendant ce temps, son amant virtuel s'énervait en suppliant — aussi paradoxale que ça l'était — Maîtresse Carolyne de le satisfaire. Dans un langage cru, puant le cuir et la sueur.
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Azel Lavoie
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Jeu 21 Fév - 20:55
Le rythme de la pharmacie revient à l'habitude. La file se forme de nouveau, et ceux qui ont assisté à la scène les ignorent. Azel se concentre, lui, sur le jeune homme devant lui. Il a l'air jeune, pas à sa place, mais lui même après tout ne se sent pas forcément à l'aise d'être ici, au milieu de ce nid à microbes où il devrait être un peu plus prudent. Et Dieu sait ce qu'il pourrait attraper à trop traîner ! Il devrait prendre congé. Pourtant il reste là et il attend la réponse qui ne tarde pas à venir, inscrite sur la case de réponse à un SMS auquel il ne prête aucune attention, surpris de remarquer que l'autre a un tout autre moyen de communiquer. Enfin dans un premier temps.
Le garçon enchaîne, tout comme lui l'a fait.
Un sourire éclot sur ses lèvres. Au goût prononcé de gêne, quand son regard se pose sur les mots qui s'affichent devant ses yeux. Que le garçon est en train de recevoir alors qu'il montre au fleuriste son téléphone. Azel, par réflexe, passe une main dans ses cheveux courts et sur sa nuque. Avant de se racler la gorge. Les joues devenues rouges. Et la sensation plus que déplaisante d'avoir eu sous les yeux quelque chose qu'il n'aurait pas dû voir. Il grimace. Le regard fuyant, baissé sur ses mains, devenues soudainement le centre de son monde alors qu'il voudrait échapper à ce qui est apparu sur le téléphone.
"Non tu n'étais pas perdu c'est vrai, c'est une expression tu vois ? J-Je..."
Il va pour expliquer, mais à relever la tête il l'a encore devant les yeux. Alors il bredouille quelques paroles maladroites, et montre d'un doigt l'écran où est apparue la photo ; visiblement l'autre en a eu assez d'attendre une réponse et ne s'est pas fait prier pour envoyer une photo de quelque endroits intimes.
"Hm, you... your..." On doit pouvoir faire cuire un œuf sur ses joues tellement elles le chauffent. "Your euh... He-He sent you a... picture."
Il retient un rire nerveux, pour laisser de nouveau sa main fourrager dans sa tignasse emmêlée. Une légère grimace posée sur son visage. Et dans ces moments il voudrait avoir le zèle de Tyler, qui aurait sans doute éclaté de rire, tout en excentricités comme à son habitude. Mais il n'est pas Tyler et il se sent plus idiot que jamais.
"Je suis désolé je ne voulais pas regarder m-mais... C'était... là."
C'était aussi gros que le nez au milieu d'une figure. Et Azel il enchaîne les bourdes, il se mord les lèvres. Quel idiot ! S'il ne laissait pas traîner sa curiosité ainsi ! Le voilà encore dans de beaux draps, car son vis à vis a toutes les raisons de se mettre en colère. Quel idiot. À croire qu'il a le chic pour s'attirer des ennuis, et s'il y réchappe encore cette fois-ci, il pourra sans doute s'avérer très chanceux.
Numa Maggiorano
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Sam 23 Fév - 13:40
Azel & Numa
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Rouge ? Un visage rouge ? Qu'est-ce que ça pouvait bien signifier ? Numa resta de marbre, il ne fronça pas les sourcils, il ne sembla pas intrigué. Il avait le même regard de poisson mort sorti du congélateur qu'à son habitude, comme s'il était vide, et qu'il ne ressentait jamais rien. C'était la face extérieure, ce que les autres dans leur monde normé et normal ne percevaient. Parce qu'à l'intérieur, il se sentait épuisé. Ik cherchait ce que cette rougeur sur ce visage pâle pouvait bien signifier, comme si ce rouge était sorti d'une langue étrangère. Les codes sociaux restaient un mystère ; dès qu'il pensait en maîtriser un, il se retrouvait d'autant plus démuni pour les autres. Numa resta morne, alors que dans sa tête, les interrogations filaient dans tous les sens. On lui avait dit que lorsqu'il était en colère, il rougissait ; avant les crises de rage. Mais était-ce le cas du jeune homme face à lui ? C'était de la colère ? Peut-être parce qu'il avait été insultant ? Source d'angoisse, car il ne voyait pas ce qu'il avait écrit comme étant des insultes. Ou bien c'était parce qu'il avait fait tomber les médicaments ?
Puis enfin, la réponse tomba dans son oreille. On lui avait envoyé une photo. Numa comprit alors, et surtout lorsqu'il regarda son propre écran. Un pénis en érection, dressé fièrement, avec un petit texte à l'attention de Miss Carolyne. Numa ne savait pas si le jeune homme l'avait lu, mais son soumis lui racontait qu'il était prêt à tout pour la faire porter jusqu'à la jouissance. Numa garda le silence, en réalité, il semblait ne même pas concevoir que cela pouvait être gênant, ou il donnait l'air de s'en moquer.
En réalité, il n'était pas si gêné. Ce n'était qu'un pénis en érection parmi tant d'autres, plus petit que ceux qu'on voyait sur les sites pornographiques. Si on comptait le sien, il en voyait quand même assez tous les jours pour ne pas être dérangé. Bon, en soi, ce n'était pas très joli, surtout que la photo ne laissait échapper aucun détail. Comme pour les autres dicpicks qu'on lui envoyait, Numa allait simplement le ranger dans un dossier de son ordinateur, où il les classait par couleur, longueur, et circonférence, avec le nom du soumis pour ne pas l'oublier.
Numa répondit alors en tapant dans le même outil de texte que sa conversation avec son soumis — un joli jeune homme en plus :
« Oui, c'est toujours là. Tu en as toujours un, non ? »
Numa avait tendance à tutoyer les gens, sans réellement s'apercevoir. Au centre, tout le monde se tutoyait, les internes, comme les malades, il avait gardé cette habitude.
Un autre message fit vibrer son téléphone, une réponse de son soumis qui s'impatientait de ne pas obtenir de réponses de la belle Carolyne. Il la traitait désormais de salope. Numa regarda l'écran, toujours aussi peu concerné. Il ne ressentait pas de colère, ni de malaise, mais en tant que supposée Maîtresse BDSM sur internet, il se devait de répliquer. Une fois fait, il présenta de nouveau son écran à l'inconnu pour ajouter :
« Traite-moi encore de salope, et je vais te punir en te mettant une cage de chasteté, pendant que je te fisterais. Compris ?
Ce n'est pas grave, on regarde souvent sans faire exprès. »
Numa reprit son téléphone, il effaça sa réponse pour le jeune homme. Pendant ce temps, le pharmacien n'arrêtait pas de soupirer. Ils étaient à présent seuls, c'était le tour de Numa, mais comme il ne comprenait pas que le pharmacien attendait qu'il se bouge depuis deux minutes pour montrer son ordonnance, il restait planté là. Et pendant ce temps, l'homme continuait de soupirer en roulant des yeux.
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Dim 17 Mar - 19:50
La honte perle encore. Rouge sur ses joues. Son regard vissé au sol en dit sûrement beaucoup.
Azel. Azel regarde par terre. Leurs pieds. Les siens. Azel. La bouche trop sèche. Voudrait s'enfuir. En courant trop vite, au risque d'en brûler ses poumons ; en courant trop fort, trop fort pour la situation. Ce n'est qu'une photo. Puis il en a un lui aussi. Et Tyler. Et les hommes côtoyés jusque lors. Tous. Ils en ont un. Seulement ça n’est pas pareil, Azel n’avait ni le désir ni l’intention de se retrouver les yeux plantés sur celle d’un parfait inconnu - aux étranges tendances de ce qu’il en a vu ! Encore moins en plein milieu d’une pharmacie, désormais vidée de sa foule, où les quelques personnes présentes doivent entendre ses pensées tellement elles résonnent fort au fond de son esprit.
Et c’est rare qu’il ne sache plus où se foutre comme ça, mais son vis-à-vis semble vouloir le faire disparaître sous terre à chacune de ses phrases et Azel y songe sérieusement à s’enfuir avec sa boîte de médicaments pour ne plus jamais revenir. Ouais, bon, pour ça il n’a pas trop le choix. Ce n’est pas comme si ses poumons allaient soudainement guérir, en plus c’est celle qui est la plus proche de chez lui. Ça serait d’ailleurs démesuré de réagir ainsi quand l’autre semble se moquer parfaitement de la gêne de la situation. Il doit reprendre contenance. Oui. Et plus vite que ça, ça vaudra mieux. Sinon il n’aura pas fini d’en entendre parler quand il aura raconté ça à Tyler. Parce qu’il faudra bien qu’il le fasse, histoire qu’ils en rigolent à deux.
“Tu as raison.”
Il ne doit pas en faire tout un plat, surtout pas. Alors il souffle tout bas. Et évite au maximum de se foutre encore dans l’embarras en regardant ce que son inconnu a pu écrire. Quoique les quelques mots qui tombent dans sa rétine menacent de le faire planter de nouveau. Il se force à un sourire malgré tout. L’un de ceux qui donnent parfaitement le change, faut dire qu’il est doué pour ça.
“All right, maintenant que tout est en ordre we should go get our meds !” Un coup d’œil est jeté - rapidement - vers un pharmacien agacé. Azel se dit qu’il n’en a pas fini de cette journée s’il s’énerve pour si peu. Il ne fait pas de commentaire pour autant. “D’ailleurs ! My name is Azel. Que tu saches à qui tu as écrasé le pied.” Il ajoute, malicieux.
C’est la moindre des choses non ? De se présenter quand on a un peu bavardé. Quoique bavardé n’est peut-être pas vraiment le mot au vu du fait qu’ils se soient surtout rentré dedans, avant d’enchaîner les maladresses. Ouais, définitivement pas le meilleur, mais son esprit fera avec - en tentant d’oublier la gêne qu’il a pu ressentir.
Numa Maggiorano
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Sam 23 Mar - 13:02
Azel & Numa
D'Ombre et de Silence
Numa était fatigué. Dans son cas, les interactions sociales lui demandaient beaucoup d'énergie, d'autant plus lorsqu'il passait son temps derrière un écran à jouer à être une autre personne. Dans la vraie vie, il n'avait pas le temps de réfléchir aux réponses qu'on attendait, il devait constamment improviser. Son manque de filtre faisait qu'il pouvait heurter l'égo des autres, tandis que son cerveau faisait tout un tas de galipettes pour comprendre ces autres-là. Par exemple, ce n'était pas qu'il ignorait le pharmacien en train de tousser très fort, sous-entendant qu'il l'attendait ; dans la tête de Numa, le pharmacien avait juste quelques soucis de gorge. D'ailleurs, pourquoi ne soignait-il pas avec tous les médicaments qui traînait là ? Enfin, il peinait à suivre l'inconnu. Au Québec, Numa avait beaucoup de temps à s'adapter, notamment parce qu'il avait dû apprendre le français à l'arraché, mais parce que les gens mélangeaient les deux langues. Il ne savait jamais s'il devait faire la même chose, il se demandait constamment quelle était cette drôle de coutume, tout en devant traduire en anglais les parties françaises dans sa tête. D'un coup, Numa se sentait fatigué, sans énergie, et il se demandait comment il allait bien pouvoir rentrer chez lui.
Numa observait sur le côté, en silence, puis il écrivit sur son téléphone :
« Numa. »
Tout simplement, sans formule de politesse, sans tous ces habillages sociaux que les neurotypiques aimaient enjoliver.
« Jeune homme. »
Numa ne réagit pas. Ils étaient deux, il ne pouvait pas savoir auquel le pharmacien parlait. Ce dernier fit la moue, et Numa se concentra sur son écran de smartphone ; il était en train de se triturer les méninges pour savoir ce qu'il devait faire maintenant. Il ajouta d'ailleurs :
« Je ne t'ai pas écrasé les pieds. »
De mauvaise foi. Plutôt, Numa se souvenait surtout du contact. C'était ce qui restait encré dans son crâne. Il gardait une expression neutre, sans la moindre émotion, semblant indifférent à tout. Jusqu'au moment où le pharmacien, lassé, l'appela « toi, le petit rouquin ». Il jeta un coup d'oeil à Azel, puis il comprit qu'il s'agissait de lui. Il se rendit au comptoir, et il tendit son ordonnance, sans un mot. Le pharmacien soupira, il roula des yeux, sans que Numa se doute une seule seconde qu'il reprochait son côté muet. Il attendit, puis l'autre vint lui donner son sac avec ses anxiolytiques et ses antidépresseurs. Il désigna du doigt un autre médicament, en précisant :
« Je n'en ai plus, je vais te faire un coupon pour que tu reviennes le chercher, je devrais être livré demain. »
Numa cligna des yeux, il vérifia le contenu du sac. Il constata qu'il en manquait un. Le grésillement émit par les lampes, les battements de son propre coeur, et sa résistance naturelle aux imprévus, fit qu'il ne comprit pas. Naïvement, il tendit le sac au pharmacien, et il lui désigna le contenu. En réponse, ce dernier glissa le coupon dans le sac. Mais Numa ne bougea pas, il attendait simplement le médicament manquant. Il se recroquevilla, la tête tournée sur le côté, sans émettre le moindre son, alors que ses mains tremblantes serraient les hanses du sac. Il se balança un peu d'avant en arrière. Il ne comprenait pas quel jeu cruel c'était ça.
« Tu n'as pas entendu ? Je n'ai plus ton antispasmodique. Il arrivera demain. »
Nula attendit de nouveau, en tendant son sac.
« Je t'ai donné un coupon pour venir le chercher. »
Chercher quoi ? Il peinait à entendre, son stress était en train de grimper. Pourquoi ça ne se passait pas exactement comme d'habitude aujourd'hui ? Pourquoi avait-il fallu qu'il y ait plus de monde ? Qu'Azel le touche ? Pourquoi son médicament manquait-il ? Autant de questions, dont la seule réponse était : le hasard. Mais son pragmatisme ne le rendait pas assez maniable pour se satisfaire de cette réponse. Il attendit :
« Tu es sourd ou quoi ? »
Grogna le pharmacien.
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Azel Lavoie
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Sam 13 Avr - 10:39
Le pharmacien s’impatiente. Azel ignore. Encore. Pour se concentrer sur Numa. Sur les mots, ceux du téléphone. Sur cette voix qu’il n’entend pas mais qui est là. Écrite. Inscrite. Pas bien bavarde mais il s’en fiche. Ça lui suffit. Mais ça c’est seulement lui parce que l’autre homme, derrière le comptoir il fait la tronche. Il s’étire en grimaces et en moues, il souffle, et il appelle encore. Jeune homme. Lui. Ou Numa. L’un ou l’autre, qu’importe. Tant qu’ils passent. Qu’il fait son taff. Et qu’ils dégagent, eux, qu’ils dégagent de là. Qu’ils retournent chez eux sans plus encombrer le passage. C’est ce qu’il doit se dire, et il s’en fout. Azel n’est pas toujours poli, l’homme attendra une minute de plus, ça ne le tuera pas n’est-ce pas ? Azel cesse de s’en occuper. Il se concentre sur le message et laisse échapper un rire devant la mauvaise foi ; ne réplique pas. Après tout il l’a touché, l’autre a sursauté. Ça arrive à tout le monde. Au moins pourront-ils dire que la rencontre était fracassante. Il n’a pas le temps d’y penser plus longtemps cependant. L’homme en a assez. Appelle de nouveau, de façon plus ciblée.
Et Numa comprend.
Azel le laisse aller. Il attrape son ordonnance, vérifie que c’est la bonne, que tout est en ordre. Il l’a déjà fait dix, ou même vingt fois, toujours angoissé pour ça, en se disant que si quelque chose est oublié il pourrait en mourir. Mais non, tout est comme il faut. Comme d’habitude. Après tout c’est pareil depuis des années, y a jamais rien eu qui a changé. C’est tant mieux. Il préfère que ça soit comme ça. Même s'il se sent le besoin à chaque fois de s'assurer qu'il aura tout comme d'habitude. Un vieux réflexe. Qu'il a choppé de sa mère. Qui vérifiait cent fois l’ordonnance les premiers temps, quand elle s’inquiétait beaucoup trop et qu’il ne souhaitait rien y faire. Elle allait les chercher. Il l’y envoyait. Prostré au fond de son lit, malade de l’âme, il se laissait corrompre par les idées noires.
Seulement, vérifier l’ordonnance n’empêche pas les absences. Plus en stock, le médicament de Numa, et Azel sent sa main libre se crisper sur son pantalon. C’est leur jour de chance. Vraiment. À croire qu’un destin facétieux a décidé de s’abattre sur eux. Merde. Peut-être que s’il ne l’avait pas touché. Que si tout ça n’était pas arrivé. Peut-être que le médicament, la dernière boîte, serait toujours là.
Quelle serait la probabilité pour qu’un client l’ait pris juste avant eux ? Elle est sûrement quasiment nulle. Il faudrait vraiment qu’ils aient provoqué un esprit, un dieu, quelque chose, pour que ça leur tombe dessus, mais Azel ne croit pas en toutes ces choses. Azel est rationnel. Du moins là dessus ; car s’il existait, aussi bon que certains tendent à le dire, il n’aurait pas brisé ses poumons et pris son souffle ainsi. Ouais. Azel ne croit pas à ces choses là, par contre il sait bien que la poisse a tendance à lui coller au train. Preuve en est. De l’absence de l’antispasmodique et de l’infirmier qui ne pige rien. Au comportement de Numa ; il doit se dire qu’il est timbré et rien de plus.
"Pas besoin de s’énerver." Sa voix n’est pas sèche. Pas tendre non plus. Il jette son regard sur l’Impatient puis se concentre sur Numa. Et s’avance d’un pas. "Numa, ton médicament n’est plus disponible ici. Il arrivera demain. Regarde, c’est sur le coupon." Il réexplique. Plus calme. Sans savoir si ça fonctionnera, mais c’est tout ce qu’il peut faire non ? Il montre le sachet du doigt, rapidement. Il y a le coupon dedans. "Ça arrive ces choses là, il n’y a pas toujours tout en stock et d’habitude c’est sur moi que ça tombe ! "
Un petit mensonge. Pour le rassurer. Il n’en saura rien et puis c’est pas très grave, il n’y a aucun enjeu. Tant mieux si ça fonctionne, sinon il devra tenter autre chose. Quoiqu’il n’ait pas tant de clés en mains ; si au moins il savait ce qui passe par la tête du jeune homme.
Numa Maggiorano
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Sam 13 Avr - 23:31
Azel & Numa
D'Ombre et de Silence
Numa ne comprenait tout simplement pas. Une fausse note, tachant sa routine si bien cadrée et rassurante. Le changement, il lui fallait du temps pour l'envisager, du temps pour s'y faire, et encore du temps pour l'accepter. Cela demandait une profonde énergie, voilà pourquoi ses rendez-vous au centre étaient toujours les mêmes. Le vendredi, toutes les deux semaines ; parfois, il voyait un psychiatre en dehors du centre. Le simple fait de se rendre là-bas, en dehors de ce cadre rassurant lui coûtait de l'énergie. Des jours entiers à se remettre de la moindre sortie, alors... apprendre qu'il devrait revenir, tandis que l'habitude lui avait enseigné que ses médicaments se trouvaient ici, de manière immuable, Numa n'avait pas la capacité de l'envisager. Il écouta Azel d'une oreille, sans le regarder, sans même lever les yeux sur le pharmacien, pendant qu'il se répétait ce que le jeune homme disait. Il n'y en avait plus, le coupon était là pour ça. Pourquoi fallait-il que les choses tournent comme ça ? Puis, il y avait eu la fameuse petite phrase : d'habitude, c'est sur moi que ça tombe.
Ces choses-là ? Qu'est-ce que c'était, ces choses-là ? Une chose... le dictionnaire le définissait ainsi : Réalité concrète ou abstraite perçue ou concevable comme un objet unique. Toutefois, qu'est-ce qui était concret ici ? Que d'habitude, c'était sur Azel que ça tombait ? Mais qu'est-ce qui tombait, au juste ? Les médicaments ? Numa leva la tête vers le plafond, sans froncer les sourcils, sans expression. De son point de vue, s'il avait compris la phrase d'Azel, les médicaments finiraient par lui tomber sur la tête. Mais ça ne venait pas. C'était les choses qui lui tombait sur la tête ? Chose concrête ? Chose abstraite ? Il s'enfonçait terriblement dans ses pensées, son coeur battait plus vite dans sa poitrine, ses mains tremblaient davantage. Il se balançait d'avant en arrière, pendant que l'angoisse se réveillait. Encore. Par phase. Elle ne dormait jamais véritablement. Elle finissait par ouvrir un oeil, et elle faisait remonter en lui tout un tas de pensées.
On lui mentait forcément. C'était parce qu'il était handicapé ?
Ina-dapté.
Pourquoi n'y avait-il plus de stocks ? Numa ne pensait pas avoir entendu parler d'une pénurie avec ce médicament. La prochaine fois, avant de se déplacer, il se promit qu'il vérifierait sur le net que ce ne soit pas le cas. Comment allait-il faire ? C'était un drame. Une chose anodine était un drame. On lui mentait ? Non... Numa ne savait pas. Il était déboussolé, et pourtant, rien ne pouvait l'indiquer. Aucune émotion, aucun langage corporel si ce n'était le balancement d'avant en arrière, qui dans ces moments-là procuraient une sensation de liberté. De voler. Alors, il recommençait.
Ne pas faire de crise de colère dans un lieu public, sinon le psychiatre ne serait pas content. Était-il en droit d'être en colère ? C'était parce qu'Azel était au même endroit, au même moment qui faisait que ses antispasmodiques avaient disparu ? Que devait-il répondre ?
Numa prit son téléphone. Il avait lu, une fois, un livre pour enfant, avec une héroïne, « comme lui », nommée Aurore, et qui était capable de lire dans la tête des gens. Pratique, lorsqu'on n'est pas capable de reconnaître les émotions.
Parfois, il savait ce qu'il ressentait, parfois non. Numa devait partir dans des envolées lyriques pour saisir les nuances dans ses émotions. Là, il comprenait que l'angoisse était générée par l'incompréhension, la routine avait été brisée.
Il écrivit :
« Donc, c'est de ta faute si je n'ai pas mes médicaments ? Parce que d'habitude, c'est à toi que ça arrive ? Tu me les as pris ? »
L'ordonnance ? Le secret de ce problème venait peut-être de l'ordonnance ! Si Azel était passé avant, qu'il avait la même ordonnance que lui, peut-être que c'était ça... la raison.
« Montre moi ton ordonnance. »
Sans le regarder. Ensuite, Numa pourrait réfléchir sur comment remettre les choses en ordre.
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Azel Lavoie
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Lun 29 Avr - 14:47
Comment penser ? Que chacun de ses mots est comme du plomb. Comment savoir ? Qu’il aggrave la situation à chaque fois qu’il parle. Azel devrait se taire. Laisser faire. Mais le pharmacien est là, totalement dépassé. À s’énerver plutôt qu’à tenter d’aider. Et ça il ne peut pas laisser passer, même s’il est maladroit et que ses mots n’ont pas la portée qu’il souhaiterait ; Numa ne voit pas la plaisanterie. L’accuse directement, et le fleuriste fronce légèrement les sourcils en lisant ce qu’il lui a écrit. Parce qu’il ne voulait absolument pas que ça soit interprété dans ce sens, seulement il aurait dû être plus prudent. Tout le monde ne réfléchit pas de la même façon. Et Azel aurait dû savoir que ça se passerait ainsi au vu de leurs précédentes interactions ; il a été bête. Mais il l’est depuis son arrivée dans la pharmacie et encore plus depuis qu’il s’évertue à aider Numa avec tout ce qui lui tombe dessus.
Il balbutie. Une réponse courte. Surprise.
"Je ne t’ai rien pris."
Parce que c’est vrai, il n’est pas encore passé. De toute façon il n’y a pas d’antispasmodique sur son ordonnance. Il n’y en a jamais eu. Alors il la tend quand le garçon la demande, même si d’aucun lui dirait que c’est personnel, que personne ne doit la voir. Ce n’est pas si grave. À ses yeux. Quelques noms écrits d’une main peu soigneuse par un médecin. Qui sera renouvelée bientôt de toute façon car ce n’est pas demain qu’ils pourront le soigner.
"Je n’ai pas besoin d’antispasmodique." Il ajoute. Un peu embêté. "Et je ne suis pas encore passé." Ce n’est pas comme s’il avait eu le temps. Entre la queue qui n’en finissait pas, les médicaments à ramasser, et Numa maintenant qui l’interroge, comment il aurait pu ? Après le rush, le collègue pharmacien a préféré aller s’occuper d’autre chose à l’arrière de la boutique et il a raison ; Azel, Tyler et sa mère le font souvent, ils rangent, font l’inventaire, s’amusent à remanier un peu la boutique quand ça leur chante.
Et ouais, il ne peut pas s’empêcher d’y penser. Quoique ça n’est ni le lieu ni le moment, mais son esprit foisonne, il tente comme il peut de se recentrer.
"Je peux la reprendre ? I need it. Sinon on ne me donnera pas mes médicaments."
Il fixe le papier. Le cœur un peu affolé, sans raison. Comme si Numa allait s’enfuir avec, mais c’est dans l’un de ses scénarios catastrophe. Qu’est-ce qu’il ferait sans ses aérosols, ses fluidifiants, et tous les antibiotiques qu’il doit se taper, qui le font râler, mais qui lui sauvent la vie ? Il passe d’un pied à l’autre. Il tend les doigts. Doucement, les referme sur l’ordonnance pour la lui prendre. C’est loin d’être poli. Il s’en fiche. Il s’est sûrement écoulé moins de cinq minutes en plus, c’est rien, ils ont le temps. Sauf que ça l’angoisse plus qu’il veut bien le faire voir. Et dès qu’il l’a entre les mains, il la pose devant le pharmacien. S’il pouvait aller lui chercher tout ce dont il a besoin. Maintenant. Ça l’arrangerait sérieusement.
Ce n’est pas comme s’il était à l’aise d’être ici malgré sa détente apparente. Il jette un coup d’œil. Sur la pendule plus loin.
"Damn it, I'm gonna be late for work."
Il ne le sera jamais bien sûr mais c’est la première pensée qui passe. D’habitude l’affaire est bouclée en quelques minutes. Il arrive, il prend ses médocs et il repart, il ne traîne pas. Sauf que là ça s’étire. Le stress le rattrape. Alors qu’il le pensait évanoui depuis déjà un moment.
Comme quoi les vieux traumatismes ont la vie dure.
Numa Maggiorano
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Jeu 2 Mai - 12:52
Azel & Numa
D'Ombre et de Silence
Effectivement, l'ordonnance d'Azel n'avait rien à voir avec la sienne. Numa la relut, plusieurs fois, la main tremblante. Il était frustré de voir que les choses ne se passaient pas comme prévu, qu'il avait beau envisager toutes les possibilités, la vie réelle finirait par le surprendre. Et il détestait être surpris, être pris au dépourvu. Il avait besoin d'une raison concrête, il avait besoin que les choses se passent comme d'habitude pour ne pas perdre pied. Si ce n'était pas Azel, ça voulait dire que c'était quelqu'un d'autre. Malheureusement, Numa ne se souvenait pas des visages des gens qui avaient été devant lui. Il ne semblait pas avoir d'émotions, aucune expression, comme d'habitude. On arrivait à penser que c'était parce qu'il masquait ce qu'il ressentait, ou parce qu'il ne ressentait rien ; en vérité, il ne l'exprimait pas « comme ça. »
Numa se balança d'avant en arrière, il fut surpris qu'on lui reprenne brutalement l'ordonnance. Qu'avait-il mal fait, encore ? Il s'écarta sans rien dire, il posa les yeux sur son téléphone. Il se demandait s'il ne pouvait pas aller ailleurs, dans une autre pharmacie. Mais... ça voudrait dire recréer un compte client, reprendre du temps, expliquer ce qu'il était, voir contacter ses médecins et ses psychiatres. Numa recula, il continuait de tapoter des SMS sur son téléphone, répondant aux admirateurs de Miss Carolyne, et de Monsieur D. Il n'écoutait pas vraiment, il se contentait de relever les yeux sur son environnement. Il attendait que les choses se résolvent d'elles-mêmes. Le pharmacien revint, avec les médicaments d'Azel. Il dit à Numa :
« Je peux te donner un générique en attendant. »
Un générique ? Numa ne comprit pas ce que ça signifiait. Un générique ? Comment pouvait-on donner un générique ? Ils étaient dans une émission de télévision ? Numa ne sut pas ce qu'il devait répondre. Il resta immobile, ses yeux allant d'Azel aux mains du pharmacien. Ils s'arrêtaient sur un détail ; la lampe au-dessus du comptoir en train de grésiller. Le son lui était désagréable, le flash léger procuré par la lumière lui faisait mal. Un générique ? C'était quoi ? Une blague cachée ? Pourquoi les neurotypiques utilisaient toujours des phrases alambiquées ? Pourquoi cette lumière fonctionnait mal ? Numa recula, il secoua la tête en se frottant les yeux de toutes ses forces. Il avait besoin de sortir.
Le pharmacien n'eut pas de réponses, car le jeune homme alla dehors sans décrocher un mot. L'extérieur n'était pas mieux, entre les odeurs et le bruit, mais au moins, ses yeux ne souffraient plus. Il colla son dos contre le mur, et il finit par s'asseoir.
Il ne faut pas être en retard. Il ne faut pas être en retard. Il ne faut pas être en retard.
En retard. En retard. En retard. En retard.
« Tard... tard... tard... tard... »
Bégayait-il, la tête posée contre ses genoux, pendant qu'il se balançait d'avant en arrière, les bras autour de ses jambes. Il ne faut pas être en retard. Les choses doivent être à sa place. Pourquoi allait-on lui donner un générique ? Le pharmacien allait-il enregistrer le générique d'un film, et le lui donnerait ? Non, ça ne résoudrait pas les choses. Retard. En retard. Retard. En retard. Pourquoi faisaient-ils des règles si c'était pour les contredire ?
« Weirdos. »
Lâcha une fille en entrant dans la pharmacie, d'un ton méprisant. Numa ne sut pas si c'était de lui dont elle parlait. Dans tous les cas, il était figé. Il se balançait d'avant en arrière, son dos heurtait le mur derrière lui, et la sensation lui permettait de garder une certaine stabilité. Pas d'anti-douleurs pour l'estomac. Comment ferait-il ? Il commençait déjà à avoir des crampes, à cause du stress. Et Azel dans tout ça ? Pas en retard. Il ne faut pas être en retard.
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Azel Lavoie
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Sam 8 Juin - 19:19
Un soupir. Et l’angoisse qui s’effondre. Quand le pharmacien, agacé, pose devant Azel ses médicaments. Qu’il fourre dans son sac. Récupère. D’un geste vif. Bien trop stressé. Par la longueur de ce moment, mais surtout par l’épisode d’avant. Numa. Ils n’avaient pas son antispasmodique. Et loin de se demander pourquoi il a besoin de ça, il se sent obligé de se répéter, en boucle dans son esprit, que ça aurait pu être lui. Lui. À qui on veut donner un générique. Dieu sait comment il aurait réagi ; il serait resté idiot, sûrement, dans un premier temps. Puis il se serait emporté. Parce qu’il peut crever, lui, sans son médicament ; c’est ce qu’il aurait dit. Il aurait appelé sa mère finalement. Pour savoir quoi faire. Il aurait eu du mal à réfléchir correctement, à ne pas paniquer, elle lui aurait sans doute envoyé Tyler avec une liste longue comme ses bras de conseils et de comment faire. Tout aurait repris son cours. Comme maintenant. Sauf qu’il a les mains qui tremblent. Un vrac énorme dans l’estomac. Son cœur. Qui va trop vite. Et son souffle. Rapide. Azel croit un instant qu’il va devoir utiliser la nouvelle dose d’aérosol dès maintenant, mais heureusement il reprend le contrôle rapidement. Pour jeter son regard, directement vers le jeune homme qui se trouve là.
Disparu.
Et sans trop savoir pourquoi, l’inquiétude le gagne. Pour ce presque inconnu au prénom de roi. Azel cherche, d’abord dans la pharmacie, par réflexe, puis se dirige à l’entente de l’insulte vers l’extérieur de la boutique. Une fille. Qui le bouscule en entrant. Trop occupée. À mépriser. Le corps recroquevillé et la voix bégayante de Numa. Un mot - ou bout de mot, en boucle.
Litanie. Chanson douce.
Qu’Azel en silence écoute. Avant de s’accroupir, le sachet de médicaments, d’une main pressé contre lui. Il regarde les mains. Les mains de Numa. Longuement. Et tout son corps qui se balance ; il ne parle pas. Pendant plusieurs secondes entières, par peur peut-être d’aggraver la situation ; il regarde les mains toujours. Sans savoir s’il peut dire ou faire quelque chose ou s’il en a le droit. C’est la première fois, sûrement, qu’il se pose autant de questions. Inquiet. Réellement. À l’idée de tout faire déraper une fois de plus comme il l’a déjà fait. Car il n’aime pas causer du tort. Malgré son grain de folie. Ce soupçon d'extravagance. Sa personnalité un peu trop forte. Parfois. Quand il tient tête à ceux qui l’agacent.
Azel. Sérieux. Dans l’instant. Et son visage, calme, tourné vers le garçon un peu étrange.
“Je ne suis pas en retard, tu sais. J’ai dit ça parce que j’ai paniqué, mais ma mère gère la boutique, tout va bien.”
Il devrait être de retour depuis dix bonnes minutes au moins. Il devrait avoir le nez dans les fleurs, sourire aux clients, ou aux jeunes qui se moquent un peu quand ils passent. Ranger de nouveau l’arrière boutique, en râlant vaguement. Mais il n’y est pas. Et ce n’est presque pas grave. Il suffira d’un message sur le chemin, tout va bien je rentre, et elle répondra qu’il aurait pu traîner un peu plus longtemps.
“Numa… Tu devrais aller chercher le générique que le pharmacien te proposait. Ce n’est pas le même nom de médicament mais ça fera le même effet.”
Il tente, parce qu’après tout c’est la seule façon de l’aider s’il le peut encore. Si Numa l’écoute. Au milieu des balancements du corps.
Numa Maggiorano
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Dim 16 Juin - 12:33
Azel & Numa
D'Ombre et de Silence
Pourquoi passaient-ils leur temps à mentir ? Déformer les choses, les mots, troubler le sens, changer la forme. Le but était-il de le perdre encore et encore, afin de lui rappeler qu'il ne comprenait rien ? Numa ne sembla pas réagir ; ses yeux restaient fixés sur le même point, tandis que sa tête claquait contre le mur, doucement. Paniqué ? Il ne savait pas si la panique pouvait pousser les gens à mentir. Et mentir, il n'en voyait pas l'intérêt. Pourtant, il aurait dû être habitué aux mensonges. Se souvenir du contexte. Il inspira, sans accorder un regard au jeune homme. Retrouver le contexte. Ses mains tremblaient sur le téléphone, crispées. Retrouver le contexte. « Damn it, I'm gonna be late for work ». Il allait être en retard, mais ce n'était pas si important. Non ? Il n'était pas en retard, il allait être en retard. Alors... où était le mensonge ? Pourquoi les gens qui avaient l'air d'être propres sur eux, conformes, mentaient-ils ?
Numa ouvrit un traitement de texte sur son smartphone, et il tapa simplement :
« Il ne faut pas mentir. Ce n'est pas bien de mentir. Pourquoi mentir ? »
À cause de la panique. La panique. Oui. Quelle panique ? Peut-être qu'il n'était pas en mesure de la détecter, de même qu'il ne pouvait pas détecter les émotions en général. Trop vaste. Trop vague. Azel a l'air gentil, mais Numa se méfie. Il a appris à se méfier. De tout. Cependant, il n'était pas assez bien formaté pour comprendre lorsqu'on se moquait de lui, ou quand on lui mentait. Est-ce que la panique pouvait pousser à mentir ? Il essayait de se rappeler s'il avait déjà menti sur le coup de la panique. Toutefois, lorsque les crises d'angoisse se déclenchaient, il tombait en meltdown ; il devenait incapable de communiquer pour de bon. Même taper sur son téléphone lui était impossible, c'était comme s'il était écrasé dans son propre corps. Et plus il pensait à son angoisse de faire une crise d'angoisse, plus il la sentait arriver. Des bouffées de chaleur d'abord, les doigts peinaient à obéir. Il écrivait vite sur un clavier, ou sur un smartphone, mais là, il fut obligé d'effacer son message plusieurs fois pour écrire convenablement :
« Non. Je dois prendre les médicaments prescrits avec les bonnes doses. De toute façon, les génériques, ça sert pour les films. Je vais attendre qu'il arrive. »
Oui. Attendre. Deux jours, voir plus. Pourquoi n'avaient-ils rien en double, au cas où une pénurie arrivait ? Dans son sac, Numa avait deux parapluies, deux batteries de téléphones, deux bouteilles d'eau de 50cl. Il n'y avait que ses médicaments qu'il n'avait pas en double. Au début, il avait pu, mais son psychiatre avait fini par deviner qu'en cas de crises d'angoisse, il se surdosait. Il ferme les yeux, il les rouvre, sans montrer aucun signe de malaise ou de douleur. Il pourrait se faire couper la main sous un train qu'il ne crierait pas, ou ne montrerait pas la souffrance. Et pourtant, elle est là.
Pourquoi ne prévoient-ils pas tout en double, eux ? Ça éviterait les situations où il n'a pas le contrôle. Il devait attendre. Et si le médicament n'arrivait pas dans les temps ? Et s'il n'existait plus ? Il lui fallait une raison. Inconsciemment, il appuie sur une lettre de son écran tactile, sans vraiment le voir, puisque sa vision se trouble un peu. Une voiture plus loin klaxonne à fond, et ça lui baise les tympans.
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Dim 28 Juil - 16:38
“Je n’ai pas menti...”
Azel murmure. Un peu fatigué. À cause du stress, de cette situation qu’il ne comprend pas bien : le garçon est étrange, un peu. Mais surtout, il ne sait pas comment l’aider car ses mots n’ont aucun effet. Numa interprète de travers. Les paroles. Les gestes. Azel n’a pas menti. Il a simplement paniqué, ça arrive. Même à lui. Alors qu’il cache ses peurs avec ses conneries, ses problèmes sous son excentricité ; il s’assoit finalement. À côté de lui. Et son visage s’évade. Droit vers les nuages. Jusqu’à ce que de nouveau le téléphone soit tourné vers lui, et qu’il y prête son attention. Visiblement l’histoire du générique avait eu raison de Numa, planté comme un vieil ordinateur depuis ce moment là.
“Les génériques de médicaments ne sont pas comme les génériques de film, tu sais. Les génériques sont comme un clone de ton médicament, ils ont les mêmes effets, la même composition aussi je crois, ils ont juste un nom différent et ils sont vendus moins cher, je ne sais pas vraiment pourquoi.”
Il voudrait être sûr. Que ses mots ont un impact, cette fois. Mais comment le savoir avec ce garçon là, tellement dans son monde. Et dans son Ailleurs, loin de tout. Il ne sait même pas. S’il l’écoute toujours. Quoique jusque là ses paroles ne sont pas passées à la trappe. Juste comprises de travers presque à chaque coup.
“Tu pourras venir chercher l’autre demain, mais le générique va t’aider jusqu’à ce que tu l’aies.”
Il a déjà dû en avoir. Une fois, deux, peut-être. Il ne se souvient pas. Au milieu de tous ses autres médicaments après tout. C’est compliqué de se souvenir. Azel pianote sur sa propre jambe, avec ses doigts. Il triture un pli sur son pantalon. Sans vraiment se rendre compte. Que Numa à côté de lui déraille encore plus qu’il ne peut le voir ; il voudrait l’aider. Sans savoir s’il le peut, ou comment il le peut. Il voudrait avoir les mots, les gestes, rassurer comme il y arrive normalement. Mais non. Pour Tyler seulement. Et sa mère. Et quelques autres âmes, esseulées souvent, qu’il réconforte, à qui il raconte. Quelques fragments de ce qu’il était, et de ce qu’il est toujours. Mais Numa. Il ne sait pas comment on le ramène Azel. Comment on fait au mieux avec lui, parce qu’il a l’impression de faire seulement du pire.
“Numa. Pourquoi tu es là ? Pourquoi t’as besoin… de tout ces médicaments ?”
Il voudrait le recentrer. Sur le moment présent. L’y obliger. En le faisant parler. De lui, de tout ce dont il a envie. Tant qu’il se concentre. Revient à lui. Mais est-ce qu’il n’y a pas trop de confusion derrière son masque qui ne laisse rien voir ? Azel s’est fié aux mains qui tremblent pour situer un peu son état. À ce doigt, planté sur la touche z et qui n’en décolle pas.
“J’ai la mucoviscidose.” Il lâche. Comme une bombe. “Je peux mourir demain parce que mes poumons n’auront plus voulu faire leur boulot de poumons.”
Numa Maggiorano
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Lun 29 Juil - 0:32
Azel & Numa
D'Ombre et de Silence
Non. Il était marqué un nom précis sur son médicament, Numa devait prendre celui-ci ; c'était comme ça. Et puis, Monsieur Goodman lui avait déjà mis en tête qu'il ne devait pas faire d'écart sur son ordonnance, car cela était dangereux. Mais Monsieur Goodman était persuadé - aussi - que Numa nourrissait un complexe d'OEdipe envers sa mère. Le « z » continuait de remplir son traitement de texte, tandis qu'il reprenait plus ou moins contenance. Le klaxon n'avait beau n'être devenu qu'un souvenir, il perdurait dans son tympan. S'ensuivit après un son aigu. Pourquoi avait-il klaxonné ? La personne devant lui n'avait mis que deux secondes avant de démarrer, était-ce une raison suffisante ? Il ne les comprenait pas.
Puis la question tomba.
Le temps que Numa se reprenne, se concentre, et tape simplement sa réponse, Azel lui donna une autre information. Numa s'arrêta, il ne lui jeta pas de regard. Il fouilla sur internet à la recherche de ce que la mucoviscidose. Il avait seulement entendu parler de cette maladie ; il n'y connaissait que ce qu'on en disait dans les journaux, ce que les gens pensaient connaître d'elle. « Mucoviscidose », ce mot tourna en boucle dans son crâne, refrain lugubre qui à présent définissait l'avenir d'Azel. Ou bien le non-avenir ? Mucoviscidose, en plus, c'était chiant à écrire. Que répondre, maintenant ? Que pouvait-il faire avec ça ? Qu'est-ce qu'Azel attendait de lui ? Numa était fataliste.
Il se contenta de lui écrire :
« On meurt tous un jour. »
Il ne pouvait pas offrir une oreille compatissante, il n'avait pas les capacités lui permettant d'imaginer ce qu'était le quotidien d'Azel. Il trouva juste que ce mot, « mucoviscidose » était sale, autant que... Il ajouta par écrit :
« On peut se faire écraser, on peut avoir un AVC, on peut se suicider. On peut se faire poignarder, chez soi, dans la rue. On peut mourir sous un obus, ou une catastrophe écologique. J'ai failli mourir une fois, j'ai manqué d'air. Enfin, je crois que j'ai failli mourir. »
Numa ne s'en souvenait plus très bien. Juste de la sensation d'étouffement, et de la douleur dans son cuir chevelu, du dégoût au fond de sa gorge. Des graffitis sur les portes des toilettes, et du fameux « ce n'est qu'une plaisanterie entre ados ». Mais on mourrait de la mucoviscidose, pas de ce que lui était. Il y avait eu cette fois-ci, au centre, deux cicatrices dans ses poignets.
« C'est grave comment, la mucoviscidose ? Je ne me rends pas compte, internet, c'est parfois trop abstrait. »
Une personne normale aurait trouvé les mots justes, une personne normale aurait vu la détresse d'Azel. Numa ne voyait qu'Azel, ses cheveux, son regard, sa manière de bouger. Il ne voyait pas le garçon malade qu'il était en train d'angoisser ; il ne se rendait même pas compte à quel point il était nocif pour lui.
« Les anxiolytiques, c'est pour m'aider à contrôler mes crises d'angoisse. Mes anti-dépresseurs pour m'éviter à avoir des pensées noires ; c'est débile, parce qu'une pensée, ça n'a pas de couleur. De toute façon, si ça avait une couleur, je préférerais le bleu, c'est plus beau. Les antis-pasmodiques pour mes problèmes d'estomac. Mais ça n'a rien à voir avec la mucoviscidose. Je ne vais pas mourir de ce que je suis. J'ai la chance de ne pas avoir de maladies auto-immunes. »
Parce que ça arrivait... fallait quand même être encore plus mal monté que lui, comme si on avait mis toutes les pièces dans le mauvais sens.
« Moi, c'est mon cerveau qui ne fait pas son travail de cerveau. Une fois, on m'a dit que plutôt de me concentrer sur ce que je n'étais pas capable de faire, de plutôt me concentrer sur ce que je suis capable de faire. »
Voilà pourquoi les jeux vidéos, c'était merveilleux. Il avait un terrain confortable, quelque chose qui lui permettait de dire « je suis meilleur que vous dans quelque chose ».
« Je suis capable de ramener une chaise de salle d'attente chez moi, parce qu'il est écrit “prenez une chaise”. »
Pourquoi parlait-il de ça ? Si Monsieur Goodman ne s'était pas rendu compte à temps, Numa aurait grimpé dans le métro avec sa chaise. Comment était-il censé deviner que « prendre une chaise », ça ne voulait pas dire « prendre une chaise » ? Mais « s'asseoir » ? Pourquoi n'utilisaient-ils jamais les mots appropriés ?
« Pourquoi tu t'es assis à côté de moi ? »
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Azel Lavoie
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Jeu 15 Aoû - 16:00
« On meurt tous un jour. »
Étrangement, il se sent soulagé en voyant l’écran. Préférant ça, amplement, aux réconforts maladroits de personnes gênées d’apprendre ces nouvelles là. La Mort. Elle fait peur à tellement de monde. Qu’il lui suffit de dire ça, j’ai la mucoviscidose, pour voir les sourires s’effondrer. La bonne humeur se tirer. Comme une voleuse, et à toutes jambes surtout, comme s’il allait claquer là, dans l'instant. De ses poumons qui se serrent.. Et de son souffle. Étranglé. Dans sa gorge engluée. Alors Azel se sent reconnaissant. De la réaction, des mots de Numa, à la vérité si sensée. On meurt tous un jour. C’est ce qu’il a répondu, un jour, dans un accès de colère à sa mère. On meurt tous un jour, même elle, même lui. Tout le monde. Avec. Ou sans mucoviscidose. De tellement de choses, Azel sourit un peu. Quand il voit la suite. Même s'il se se sent concerné, par ce qu'il a vécu ; le manque d'air il le supporte chaque jour. Même des fois quand il parle il a le souffle court. À peine remarquable. Si on ne fait pas attention. À ses inspirations parfois surprenantes en plein milieu d'une phrase.
Il a souvent failli mourir. Ça lui arrive constamment à vrai dire.
Dans les montagnes. Quand il monte trop haut. Il doit emporter tout un tas de choses avec lui, pour ne pas y laisser sa peau. Mais il aime tellement ça. Grimper si haut et laisser le monde, loin derrière lui avec tous les soucis. Alors il y a le ciel. Et l’infini. Leurs sourires. Azel, et Tyler. Tout là haut. Pour ça, ça en vaut la peine. De jouer avec la Mort. Le reste du temps, beaucoup moins cependant.
“J’ai failli mourir aussi d’avoir manqué d’air. Ça m’arrive souvent. Des fois en pleine nuit je me réveille et je ne peux plus du tout respirer, et si les médicaments n’agissent pas assez on doit m’emmener à l’hôpital.”
Une moue lui tord la bouche. Il serre un genou entre ses bras.
“Ça peut être grave comme ça la mucoviscidose. Des fois ça va bien, des fois pas du tout et j’étouffe. Si j’attrape un rhume, ça peut dégénérer en pneumonie et je peux mourir. Mais il y a beaucoup d’autres formes et la mienne n’est pas la plus grave. En tout cas l’espérance de vie d’un malade n’est pas très longue, trente-cinq ans environ. Moi, quand mes poumons iront vraiment vraiment mal, ils pourront me faire une greffe, mais les greffes c’est presque aussi compliqué qu’être malade.”
Les médecins lui avaient expliqué, souvent. À cause des rejets, de la rééducation. Heureusement Azel est sportif, ils lui avaient dit, ça aide. Il allait quand même devoir leur apprendre une troisième fois la montagne et la marche. Trouver un nouveau rythme, jusqu’à ce qu’ils s’y fassent. Prendre une tonne de médicaments pour éviter que son corps ne les balance. Si tant est qu’il survive à l’opération, ou même qu’ils trouvent un donneur. Rien de très réjouissant. Azel sent ses pensées devenir un peu noires - et il préfèrerait lui aussi qu’elles soient bleues - alors il se concentre, revient lire les mots sur le téléphone avec attention, pour éviter de se laisser ronger par les peurs et les doutes qu’il cache depuis qu’on lui a diagnostiqué sa maladie.
“Visiblement on a été mal monté toi et moi.” Il sourit, tranquillement. “En tout cas je suis assez d’accord avec ceux qui t’ont dit ça, se concentrer sur ce que tu peux faire c’est important. Mais il ne faut pas oublier ce que tu as du mal à faire, tu peux toujours progresser même si c’est dur.”
Il ne trouve pas ça absurde, lui, que Numa soit capable de partir avec une chaise. Peut-être un peu décalé, mais à peine bizarre. Quand les expressions employées sont aussi étranges que celles-là. Combien d’entre eux ont pu souhaiter partir avec la porte quand on leur balançait ça en classe, Azel, tu prends la porte !
“Ça te dérange que je me sois assis là ? J’étais juste fatigué.” Il l’est toujours. Mais ça lui a fait du bien de se poser. Assez de bien pour qu’il se sente d’attaque pour rentrer. “Ce serait bien qu’on rentre chez nous, non ? On va pas rester ici toute la journée. Tu aimes les fleurs, sinon ? Tu peux passer au magasin où je travaille avec moi. Tu verras, y en a de vraiment belles.”
Il espère sûrement. Que Numa aura oublié le fait qu’il veuille rester là jusqu’à demain. Puis c’est surtout qu’il va devoir y aller, lui, il ne peut pas attendre avec lui toute la journée.
Numa Maggiorano
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Ven 16 Aoû - 3:19
Azel & Numa
D'Ombre et de Silence
Numa écouta Azel parler, sa langue qui se déliait, sa voix qui résonnait. La rue était calme, de temps en temps, une voiture passait. Sa tête frappait le mur, doucement, tandis que le jeune homme près de lui peignait le tableau de sa vie. « Grave comme ça ». À trente-cinq ans, sa vie s'essoufflerait, soufflée pour toujours. Il ne savait pas comment réagir, il cherchait les mots, mais ses doigts les effaçaient sur son écran. Il hésitait. Il n'y avait pas de script adapté à ça. Il garda seulement pour lui que la fois, où il avait failli étouffer, ne ressemblait pas à ce qu'il racontait. Il y avait une nuance, entre Azel et lui, entre son coeur prêt à lâcher, et la cruauté des adolescents. Numa s'agitait un peu, il était fatigué. Il a beau chercher, il ne trouve que des mots, mis à l'épreuve par la logique et le pragmatisme. Il écrivit :
« Trente-cinq ans, ce n'est qu'une donnée. Et une donnée peut varier. »
Réflexion... franchement nerd. Il attendit qu'il lise, puis il effaça sa phrase. S'était-il trompé ? Avait-il raison ? Les relations sociales sont l'Everest de Numa. Il aurait beau grimper, salir ses mains, se casser les ongles, forcer sur ses bras maigres, il finira par tomber. Encore et encore. Chuter. Constater le fossé entre lui et les autres. S'écraser. Recommencer ? Se fatiguer. Agoniser.
« Sur internet, tu peux tout acheter. Même des poumons. »
De nouveau, esprit logique. Numa faisait allusion à ses nuits passées à fouiller le dark web, à amasser de la cryptomonnaie qu'il n'utilisait pas. Lire les gens, sur de nombreux sujets. Certains clamaient la liberté, d'autres parlaient de prostitution. S'il allait plus loin, peut-être pourrait-il lui trouver des poumons tout neuf. Les gens vendaient bien des pièces d'androïdes récupérés, volées, alors pourquoi pas ça ? Des poumons fonctionnels, comme un nouveau processeur, des poumons alimentant la machine, comme la carte mère.
« Je ne suis pas monté, personne ne me monte. »
Le rectifia Numa, sans y avoir le sous-entendu qu'il avait glissé. Bon, il aurait fallu avoir l'esprit un peu mal tourné. Lui, il n'était pas assez doué pour ça. Il avait compris la phrase, mais... ça ne marchait pas, ce n'était pas assez clair. Pouvait-on monter un être humain, comme on assemblait une machine ? Numa n'en était pas certain. Toutefois, la gestation, c'était un peu ça, non ? Les pièces qui se regroupaient, les unes aux autres, se complétaient.
« Tu es fatigué à cause de la mucoviscidose ? »
Numa le détaillait de trois quarts, sans regarder ses yeux, mais il s'attardait sur le détail de ses cils, et de sa bouche. Le détail de sa peau, de ses vêtements. Puis Azel reprit la parole, rentrer chez soi ? Non. Numa comptait rester là, jusqu'à ce que le pharmacien lui signale que son médicament était arrivé, ou pour surveiller l'arrivée du livreur. Il était certain que son plan allait marcher, de toute façon, il n'arrivait pas à déboucler l'étape tant qu'elle n'était pas finalisée. Comme un ordinateur, son cerveau renvoyait la même chose, en boucle, jusqu'à ce que ce soit terminé. Puis, Azel mentionna les fleurs.
Numa ne répondit pas tout de suite. En réalité, il tapota d'abord des smiley en rapport avec des fleurs ; c'était merveilleux pour ça, les smartphones. Puis, il les effaça une fois qu'Azel les avait vus. Là, il se balança, et il rajouta :
« Je ne sais pas. Je fais attention à ce que les plantes de mon immeuble soient toujours à la bonne place. Mais la gardienne n'a pas l'air d'accord. »
Oui... elle n'en avait pas l'air, puisqu'elle bougeait toujours les pots de fleurs. C'était le petit combat quotidien de Numa, de les remettre à leur place. Enfin, la gardienne devait surtout se demander quel était le malade qui faisait ça.
« D'accord. Maintenant ? »
Il fallait toujours dit oui. Et être gentil.
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Azel Lavoie
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Ven 23 Aoû - 23:00
Un sourire. Et un rire, discret, qu’il étouffe bien rapidement. La remarque de Numa ne lui paraît plus étrange après ces dernières minutes passées avec le jeune homme, et il se contente de cette étincelle de joie comme toute réaction ; il espère simplement qu’il ne fera pas trop de dégâts dans la boutique s’il vient. Quoique il a toujours été doué pour tout remettre en ordre et il en a l’habitude avec sa mère.
Mais ce n’est pas le moment d’avoir ces pensées là. Azel préfère observer encore le téléphone.
“Maintenant.”
Se remettre sur ses jambes est presque difficile. Elles paraissent toujours lourdes, et Azel se demande une seconde seulement s’il va réussir à les traîner jusque chez lui. Ce n’est pas faute d’être sportif. D’être habitué, à pousser dessus. Mais ses angoisses lui coupent tout, et arrachent ses forces à une vitesse folle ; ça lui passera. Il le sait, après quelques pas, les muscles se délieront au moins un peu, et tâcheront d’éviter les souffrances. C’est son seul avantage dans cette situation. Azel connaît son corps, et les limites qu’il peut atteindre, et il en est encore loin alors qu’il franchit les premiers mètres, un œil gardé sur Numa pour être sur qu’il suive le mouvement. Manquerait plus qu’il le perde. Même s’il ne lui doit rien, en soi, de plus qu’une rencontre fortuite au sein d’une pharmacie. Et des paroles partagées.
“On n’est pas très loin, cinq minutes à pieds seulement s’il n’y a pas de feux rouges ou de travaux qui obligent à changer de trottoir.”
Mais ce n’est qu’une donnée. Comme cette moyenne. Qu’on lui a donné. Ça n’est pas fixe. Ça peut varier. Souvent, même, parce qu’il n’y a aucune science exacte qui indique qu’il y a bien ces cinq minutes entre la pharmacie et chez lui et pour cause ! Rien n’est pareil d’un jour à l’autre. S’ils étaient venu la veille, le médicament de Numa aurait sûrement été en stock. Il y aurait peut-être eu un accident sur sa route alors il aurait mis plus de temps à arriver. Alors ils ne se seraient jamais parlés.
Il n’y a pas de travaux cependant. Pas non plus de feu rouge. Ils arrivent à la boutique et Azel inspire l’odeur des fleurs à plein de ses poumons brisés avant de franchir le seuil de cet espace qu’il aime tant. Aussitôt il se prend le sourire de sa mère, qui les accueille avec le “bienvenue” habituel avant qu’elle ne se rende compte de l’identité de ses nouveaux clients, et une seconde plus tard une furie à tête brune surgit de nulle part pour enlacer sa taille, et poser un baiser contre sa tempe.
“Hi, Honey.”
Le murmure se perd au fond de son oreille et Azel note une pointe de sommeil encore perdue dans ses mots d’une grasse matinée pleinement consommée, si tant est qu’on puisse encore parler de matin. Mais comment lui en vouloir de profiter quand il ne travaille pas, encore plus quand il passe parfois plusieurs heures à le serrer dans ses bras en attendant que son souffle se calme ?
“Hello Sweetheart, did you sleep well ?”
Un hochement de tête et un sourire, et le voilà déjà reparti pour aller aider un client un peu plus loin. Azel en profite pour se tourner vers Numa, qu’il a laissé à l’abandon le temps de ces quelques secondes.
“Bienvenue chez moi !”
Son sourire est le même que celui de sa mère et si sincère, il a toujours adoré la boutique, la devanture, les plantes tout autour qui répandent leurs odeurs, la table à cactées en bois massif, et les roses, les pivoines, les lys qui tendent leurs pétales vers eux et les callas rouges en élégance tendre. Tant de beauté. De plantes qu’il a appris à nommer et à comprendre, avec les années, et dont il s’occupe toujours avec cette passion dans le fond des entrailles, la même qui le pousse à grimper si haut. Si haut là haut.
“Je travaille ici. Avec mon meilleur ami, Tyler, que tu viens de voir, et ma mère.” Il la voit du coin d’un œil jeter un nouveau sourire dans leur direction, et il lui répond de la même façon. Complices. “Tu veux que j’aille te chercher quelque chose à boire ?”
Il change de sujet. Passe du coq, à l'âne. Mais ils en auraient bien besoin, l’un comme l’autre, après ces péripéties.
Numa Maggiorano
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Sam 24 Aoû - 0:59
Azel & Numa
D'Ombre et de Silence
« Maintenant. »
Maintenant. Maintenant. Main-tenant. Tout de suite. Dans l'immédiat. Immédiatement. Aussitôt. Aussi-tôt. Sur le champs. Quel champ ? Il n'en voyait pas.
Numa ne se releva pas immédiatement, aussitôt, il recommençait à ricaner et à se balancer d'avant en arrière. Aussitôt, il était en train d'accepter la part d'imprévu. Il ne pouvait pas rentrer chez lui, car son médicament n'était pas disponible à la pharmacie. Pas si tôt derrière l'ordinateur, pas sur le champ derrière son fond d'écran, rempli d'icônes en tout genre. L'imprévu. Maintenant sa main sur son smartphone, il continua dans ce mouvement. Un moment, pas tout de suite, jusqu'à ce que son cerveau accepte l'idée que ses plans changeaient. Il se persuada que Monsieur Goodman serait fier de lui, s'il dérogeait à sa vie bien réglée, à son quotidien rythmé par les rendez-vous psychiatriques.
Maintenir la cadence. Son corps se balance, en avant, en arrière, battant les battements de son coeur. Il avala plusieurs fois sa salive, il leva les doigts vers ses cheveux. Non. Ne pas les toucher, ne pas réveiller son épiderme sensible, qui lui donnerait la sensation qu'on lui coupait les doigts s'il tirait. À la place, Numa ouvrit son sac à dos, et il en sortit un jouet. Stimtoy, qu'il pouvait malaxer à sa guise, déformer, reformer, ressentir sous ses paumes ses singularités. La matière était élastique, créature mignonne à la couleur violette. Deux yeux qui ressortaient lorsqu'il la pressait, de longues pattes pendant dans le vide, et plusieurs piques dressés sur sa tête. Ça lui permettait de remplacer sa tendance à se tirer les cheveux, lorsqu'il en avait besoin.
Se lever. Non. D'abord tirer sur la fermeture de son sac à dos. Il le referma d'abord, puis il se releva. Suivre Azel. Suivre Azel. Pas de travaux, pas de feu rouge. Il faisait suffisamment calme pour qu'il ne se cache pas sous sa capuche, et sous son casque anti-bruit. Suivre Azel, ne pas se laisser distraire. Azel. Azel qui partait déjà, ses épaules, sa nuque, ses cheveux, son dos, ses poumons blessés par sa maladie. Numa se concentrait donc sur lui, les yeux braqués sur les vêtements du jeune homme, au point d'oublier ce qui l'entourait. Pas de travaux, pas de feu rouge. Il pouvait se détendre. Une boutique de fleurs, des odeurs, des couleurs, l'humidité, les gens. Suivre Azel. Il n'était pas prisonnier de son corps, là, ça allait. Il pouvait y arriver. Glisser une note surprise dans sa partition, toujours la même ; ne pas y déroger. Mais au final, il y arrive. Il compte chaque respiration du jeune homme devant lui, il les mesure, il les étudie. Sa peau, sa nuque, ses cheveux. Oui.
Puis la boutique.
Numa resta derrière la porte, après tout, on ne l'avait pas invité à entrer. Il serait resté longtemps ici, devant la devanture, à rentrer sa tête dans les épaules pour ne pas croiser son reflet dans la vitre, si des gens derrière lui ne s'étaient pas demandé à voix haute pourquoi il ne bougeait pas. Ouvert. C'était indiqué ouvert, il pouvait entrer, il n'allait pas déranger la maman d'Azel, et Azel, Ouvert. C'est ouvert. Numa rentra alors, se tassant un maximum, comme pour se faire oublier. Il observait alors, ce qu'il y avait autour de lui. La dame au fond, qui sous-rit, Azel, les plantes, les lumières. Les néons qui grésillaient, le bruit de la caisse enregistreuse, les pas qu'il entendait et qui se rapprochaient. Une silhouette lui masqua une partie du décor, Numa recula d'un pas, et il fuit le nouveau venu des yeux. Il s'intéressa aux fleurs, à leurs couleurs, aux détails de leurs anatomies. Elles avaient des ovaires, les fleurs.
Cependant, le jeune homme vit le bisou sur la tempe d'Azel, la voix alourdie. Il fume, lui ? Non. Ce n'était pas ça. Il ne faut pas fumer à l'intérieur des bâtiments. Honey, suivit de sweetheart. Azel lui souhaita la bienvenue chez lui ; poète dans l'âme, Numa cru d'abord qu'il vivait à l'intérieur des plantes. Il passa vite à autre chose. Son ami ? Il cligna lentement des yeux, il lui tournait plus ou moins le dos, en ayant repris ses stéréotypies. Un pied sur l'autre, de gauche à droite, cette fois-ci, afin de prendre conscience de son corps dans ce nouvel endroit. Les plantes, les fleurs, les odeurs. Honey et Sweetheart, c'était le genre de mot que sa mère grognait à Edwin. On appelait vraiment ses amis ainsi ? Il écrivit sur son téléphone, et il montra l'écran à Azel :
« Il t'a appelé Honey, tu l'as appelé Sweethearth. Mais il s'appelle Tyler, et toi c'est Azel. À moins que tu préfères qu'on t'appelle Honey ? Mais on n'appelle pas ses amis comme ça. Et je veux bien un soda, tu pourras le boire, si tu veux. »
Formulation quelque peu étrange, mais Numa avait triché comme il pouvait ; il avait déjà une bouteille d'eau sans son sac, il ne voyait pas pourquoi il allait lui en demander, et il fallait toujours accepter ce qu'on offrait. Il n'aimait pas le goût du soda, toutefois, il adorait entendre le bruit qu'émettaient les bulles, lorsqu'elles remontaient s'éclater à la surface, et les regarder. Dans le cas présent, ça pourrait l'apaiser. Il pivota sur le côté, puis il se mit à fixer chacune des plantes, comme il reconnut celles qui étaient dans son immeuble, il alla vers elles. Il continuait de se balancer d'avant en arrière, son sac contre sa poitrine, sa main gauche jouant avec le stimtoy, et la droite se crispant sur son téléphone. D'une voix très basse, il se mit à réciter un peu ce qu'il avait lu à leurs sujets :
« Spa-spa-spa-spathiphyllum... fa-fa-fa-famille des ara-ara-aracées, aime les en-en-en-endroits lu-lu-lu-lumi-lumi-mi-neux. Peut f-f-faire ju-ju-jusqu'à un mè-mètre. Il f-f-faut l'in-in-insta-staller près d'une fe-fe-fenêtre sans qu'elle s-s-soit inon-inondé par le so-so-soleil. Elle a be-be-besoin d'humi-humi-humidité. »
D'ailleurs Numa s'accroupit devant la plante, il respirait profondément, il se coupait un peu du reste du monde, en profitant qu'Azel soit allé chercher de quoi boire. Il ne touchait pas la plante, mais il la détaillait, il en voyait les veines, le squelette, la lumière de la boutique qui renforçait sa blancheur. Près de lui, il y avait trois jeunes femmes qui tournaient aussi dos à la gérante, l'une d'elles portait une jupe et son sac, assez large, reflétait la lumière. Elle n'était pas loin de lui, en train de discuter, et elle bougeait tellement qu'il percevait son sac couiner. Il déposa son téléphone au sol, et de ses deux grandes mains, il joua avec le stimtoy. Il le faisait rouler entre ses paumes, il le réchauffait, et il le tirait dans tous les sens. La sangle de son sac brilla, sous la lampe, et Numa serra les dents. Au bout de la troisième fois, il ne résista pas, et il fixa son sac. Elle avait de longues jambes, redessinées par le collant qu'elle portait, et cachait quelques traces de coups de rasoirs hasardeux. Cependant, la sangle de son sac accaparait son attention ; il y voyait le reflet déformé du plafond de la boutique. Il battit des paupières, continuant de remuer les lèvres sans prononcer le moindre mot, cette fois-ci. Malheureusement, la jeune femme se retourna vers lui. Elle ouvrit la bouche, elle le pointa de l'index à ses deux amies, puis elle s'écria :
« Qu'est-ce que tu fais sale pervers ? Tu mates ma culotte ? »
Quelle culotte ? Son collant était trop opaque de toute façon pour qu'il y voie la couleur. Numa ne répondit pas, il resta dans sa position, son oeil accroché à la sangle. Elle donna un coup de coude à son amie sur la droite, tandis que celle au bout se penchait pour mieux le dévisager. Silence gênant, jusqu'à ce qu'elles enchaînent en l'accusant de regarder sous les jupes.
« C'est quoi ce gamin ? Je vais t'apprendre, moi ! »
La furie fondit sur lui, elle le chopa par le poignet, et elle essaya de le redresser, en forçant un contact visuel. Numa la repoussa, il faisait des « mh-mh » entre ses lèvres closes, alors que les trois jeunes femmes tapaient un scandale. Il tomba sur les fesses, puis lorsqu'elles le désignèrent, et lui sommèrent de dire un truc pour sa défense, il se contenta de bégayer :
« C'est p-p-p-pas bien de-de-de-de... cou-cou-couper une fleur, et de-de-de la mettre dans son sac... sans de-de-demander. - Tu me traites de voleuse ? »
Grogna la jeune femme, en ramenant ses bras sur son sac, alors que ses deux amies l'encadraient. Mais lui, il l'avait vu, la fleur cassée en deux, et fourrée l'air de rien dans ses affaires.
Les femmes faisaient vachement peur.
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Azel Lavoie
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Ven 6 Sep - 15:00
Un rire. Éclat sur sa bouche. Qui s’échappe. Quand il lit les mots de Numa. Peut-être un peu tendre, et doux. Et franc ; car les interrogations le sont, de même qu’il comprend la logique du raisonnement. Tyler et lui. On le leur a parfois demandé, s’ils sont ensemble, alors il y a les regards puis les sourires complices, et après ça le “non” qui vient afficher sur les visages un peu de surprise. Beaucoup de gêne aussi. Et les excuses bafouillées à la va-vite à chaque fois, comme si y en avait besoin.
Azel ne se vexe pas pour si peu. Ne se vexe quasiment jamais, d’ailleurs.
Mais ils ne le savent pas. Aucun de ceux qui s’empressent de vouloir réparer leurs fautes, même si ça n’en est pas. Comment pourraient-ils savoir, aussi. Qu’il ne s’embarrasse pas de tout ça. La rancœur. La mauvaise humeur. Et qu’il préfère rire de tellement de choses. Comme il rit là. Sans moqueries.
“Azel c’est très bien. Honey, Sweetheart, ce sont jute des surnoms. Mais tu as raison, on n’appelle pas ses amis comme ça d’habitude.”
Aucune explication. Il n’y en a pas. Ils ont toujours fait ça. Les surnoms, les étreintes. Sans se poser de questions sur le bon usage. Les qu’en dira t-on. Sans avoir peur non plus. Des regards et des insultes qu’on balance. À leur égard. Comme à tant d’autres. Avant, encore plus, quand ils n’étaient que deux gamins paumés dans leurs montagnes qui affrontaient les mentalités pas toujours évoluées. Il y a bien eu quelques coups, aussi. Distribués par les jeunes du village, des bagarres qui auraient pu dégénérer mais ils ont toujours eu de la chance. Azel n’en garde que ça. Des bribes lointaines de souvenir. À peine désagréables parce qu’ils étaient ensemble à chaque fois comme deux âmes jumelles. À quelques mètres l’un de l’autre, pas souvent plus loin.
Il s’arrache à ses pensées. D’un mouvement de tête vers Tyler, puis de nouveau Numa.
Mais rien sur son visage n’a pu montrer comme il est parti se perdre juste au fond de sa tête. Dans le recoin d’une Mémoire, presque nostalgique, d’un temps où elle n’était qu’une latence dans le creux de sa poitrine, la maladie.
“Je vais chercher un soda.”
Ses pas l’emmènent. Azel pousse la porte qui mène au salon et le traverse. En quelques enjambées longues, et il attrape une canette, une paille, en profite. Pour déposer le sac, avec ses médicaments dedans juste sur la table ; il récupère un biscuit en plus, qu’il grignote. Il prend même le temps de traîner avant de retourner au magasin.
Le chaos.
Azel a l’impression d’être parti mille ans. De revenir sur un champ de bataille. Avec sa mère fébrile. Tyler interloqué. Quelques clients, gênés. Et ces filles. L’une d’elle, presque à bondir sur un Numa balbutiant. Azel échoue sa boisson sur le comptoir. En jetant un regard à sa maman avant d’entrer en guerre, lui aussi. Et sa main se pose sur l’épaule de la jeune femme qui se dégage d’un mouvement brutal et puis se tourne vers lui.
Son visage. Lisse. Et neutre comme celui d’une poupée de porcelaine alors qu’il la regarde. Sans se départir d’un calme remarquable. Même quand elle tente d’abord de faire passer la pilule à coups de sourires charmeurs et de mots qu’il n’écoute même pas, focalisé sur ces simples mots. Couper une fleur et la mettre dans son sac. Couper ses fleurs. Azel serre le poing contre sa cuisse. Et il l’ouvrirait de force le sac. S’il n’était pas dans la boutique. S’il n’y avait pas de public.
“Ouvrez votre sac. Maintenant. Ou j’appelle la police et c’est au poste que nous règleront cette histoire.”
Elle change de couleur. Devient blanche. Puis rouge de colère. S’énerve. Mais il l’ignore pour tourner le regard vers Numa. Lui jette un regard pour s’assurer qu’il s’en sort. Mieux qu’à la pharmacie en tout cas. Alors Azel se dit qu’il a vraiment merdé, quand ils étaient là bas, mais il ne s’attarde pas sur ça. Il y a plus urgent à régler que sa propre culpabilité et il se concentre de nouveau sur la “victime” de cet “affreux coup monté” si on écoute ses plaintes et ses cris.
“Ok. Puisque je n’ai pas le droit de fouiller moi même votre sac et que vous refusez d’obtempérer, nous n’avons plus le choix. Ty? Can you please call the cops?”
Nouveau changement de couleur. Tyler n’a même pas le temps de sortir son téléphone qu’elle bredouille quelques mots plein de venin, avant d’ouvrir son sac. Et la fleur n’a pas le temps d’être récupérée, qu’elle la jette par terre et s’enfuit déjà. Azel soupire. Se baisse. La ramasse avec délicatesse. Une main tendre, sur la fragilité de la tige cassée, et les pétales abîmés.
Azel soupire encore. La garde entre ses paumes et reporte son attention sur Numa. Il n’ira pas leur courir après, à ces trois filles. Ne gâchera pas son souffle pour elles.
“Ça va ? Tu n’as rien ? Merci beaucoup d’avoir remarqué ce qu’elle a fait. Et désolé, elle n’avait pas à s’en prendre à toi comme ça.”
Ce n’est pourtant pas à lui de s’excuser. Mais il le fait. Parce qu’il se sent responsable. Mais pas coupable. De ce qu’elles ont fait. Et il lui fait signe de venir vers le comptoir, où il remet la fleur à sa mère pour qu’elle s’en charge, avant d’ouvrir le soda rapporté à peine quelques minutes auparavant et tout une vie presque pourtant.
Il a de nouveau l’air un peu fatigué. Et boit à la paille quelques gorgées.
Numa Maggiorano
Mails : 156
Surnom : Weirdos
Emploi/loisirs : Pirate
Portrait robot : — Hyperesthésie.
— Tremblement essentiel
— Intolérant au gluten.
— Phobie sociale.
— Mauvaise motricité.
— S'exprime via son smartphone
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Sam 7 Sep - 14:52
Azel & Numa
D'Ombre et de Silence
Numa ne comprenait pas. Il avait beau fixé leurs visages, chercher dans leurs expressions une réponse, il ne comprenait pas. Il ne savait pas pourquoi elles se mettaient à crier sur lui, et rajoutaient sans cesse que c'était un petit pervers qui avait regardé sous la jupe de la première. Cependant, même s'il avait vu en effet ce qu'il y avait sous, sa jupe, ce n'était pas ce qui l'avait intéressé. La fleur, coupée dans le sac, la sangle qui reflétait la lumière, le plafond, les autres plantes. Le grésillement de la lampe, la caisse enregistreuse en train de biper, la monnaie qu'on pose sur le comptoir, le vent dans la rue. La couleur de leurs vernis à ongle, les pores de leurs peaux en train de boire le fond de teint, la poudre collée dans les cils. Leurs voix, sifflantes, les raclements des pots qu'on déplace. Il inspira, il expira, en essayant de dompter la fatigue en train de le prendre. Situation de nouveau stressante, le terreau qui se colle sous sa paume, l'humidité dans l'air. C'était trop. Beaucoup trop pour lui, d'un seul coup. Les gens étaient angoissants, incompréhensibles. Et qu'est-ce que ça pouvait lui foutre, à elle ? Ce n'était pas lui qui avait coupé une fleur ! Numa ne cherchait pas à répliquer, les mots se heurtaient à ses dents, et retombaient au fond de sa gorge. Il se contentait de se relever, les mains moites, et la tête rentrée dans les épaules. Il prit son téléphone portable, il ne cherchait même pas à argumenter. Il recula seulement, lorsqu'elles se rapprochèrent, mais Azel intervint.
Dans son coin, sans parler, en observant la scène de trois quarts, Numa ne bougeait pas. Il se prit par l'une des filles une réflexion, du style « regarde dans les yeux quand je te parle, le nerd », cependant, Azel accaparait assez leur attention. Il était sauvé. Avec l'irrémédiable besoin de s'éloigner de tout ça. Ses mains tremblaient, accentuées par l'anxiété en train de le gagner. Et de l'extérieur, il ne montrait rien, il restait sans expression, les yeux se mouvant d'Azel à leurs faces courroucées. Elles changent de couleurs, comme d'arguments, face à Azel qui reste ferme et calme. Il leur répétait les mêmes choses, en se servant de la police comme argument. Voler une fleur, couper une fleur, quel intérêt ? Numa ferma les yeux, il soupira, jusqu'à ce qu'elles capitulent, à court de justifications, la mauvaise foi vidée comme de la bière de piètre qualité dans le ventre d'un alcoolique notoire.
Azel lui parla, Numa ne sembla pas écouter. Il tenait son sac contre sa poitrine, en se balançant d'avant en arrière Il le vit partir, vers le comptoir où il remet la fleur à sa mère. Il ne s'était pas rendu compte que son signe, c'était pour qu'il le suive. Alors... il resta dans le passage, une bonne minute, se prenant quelques réflexions de la part des autres clients, qui le trouvaient... juste bizarre. Des cases en moins, son silence, sa respiration hachée. Quelles cases en moins ? Comment pouvait-on en avoir en moins ? On avait essayé de le tasser, dans ces cases-là, histoire de le rendre conforme à la société, mais ça n'avait pas marché. Si ça ne sert à rien, autant les jeter. Numa serra la mâchoire, il se rapprocha, parce qu'il était en train d'écrire sur son téléphone. Ses tympans étaient blessés par le grésillement des lampes, le papier froissé servant à décorer les plantes, qui se frictionnaient dans les oreilles. Près d'Azel, il s'intéressa une éternité à la fleur coupée. Il voyait tout en détail, pas l'ensemble, sa structure, la texture de ses pétales, sa couleur qui n'était pas homogène, son parfum. Les épines, les nuances de verts dans sa bronche coupée, la matière déposée sur ses pétales, comme si on y avait saupoudré quelque chose dessus. On aurait dit un genre de velours.
« Pourquoi tu t'excuses tout le temps ? Ce n'est pas de ta faute. Si tu veux les dénoncer à la police, j'ai filmé leurs visages sans qu'elles le remarquent. On ne peut pas la réparer, la fleur, c'est dommage. On ne répare pas les choses comme ça. »
Si seulement... il suffisait de mettre du scotch, afin de souder les deux parties de la rose... Si seulement, c'était aussi simple. On ne répare pas des poumons en mauvais état, comme on répare une voiture, on ne change pas les pièces d'un cerveau aussi chaotique. Non. Numa se sentit triste, d'un coup. Il rentra un peu plus la tête dans les épaules, il se tassait autant qu'il le pouvait, cherchant à se faire oublier de tous. Si seulement... il pouvait effacer son existence, comme lorsqu'on supprime son personnage dans un jeu.
« Coeur Doux... ça veut rien dire, tu sais ? Un coeur... je ne pense pas que ça soit doux, je n'en ai jamais touché de mes propres mains, mais je ne pense pas que ça soit doux. Tes surnoms sont bizarres. Tu appelles souvent les gens “miel” ? »
Toujours à l'écrit. Ses doigts tapaient vite sur les touches de son téléphone, anormalement vite, surtout vu l'anxiété qu'il dégageait. S'il avait au moins une chose avec laquelle Numa était adroit, c'était les claviers, smartphone, ordinateur, les souris, et les manettes. Il montra son écran à Azel, puis lorsque le papier se froissa pour emballer une plante, il fit grincer ses dents les unes contre les autres. La fatigue et le stress bouffaient sa tolérance aux sons. Il battit des cils, et il rajouta :
« Ta maman est bruyante. Tu peux m'emmener ailleurs s'il te plait ? »
Sa franchise, toujours impolie. Numa ne voyait pas quoi c'était un problème d'écrire ça, même s'il était accueilli chez quelqu'un. Il reconnaissait les signes, la fatigue, les jambes tirées, les yeux tiraillés, et l'impression que son cerveau était balloté dans du coton.
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Azel Lavoie
Mails : 43
Double-compte : Aramis Asha Atkins
Surnom : Az - Azou - Zouzou
Emploi/loisirs : Fleuriste
Portrait robot : Azel rit, vit et meurt en #cc9900
$ : 1652
Ven 27 Sep - 11:30
Azel sait bien. Il sait ces choses qu’énonce Numa et pourtant il se sent triste comme si ça n’était pas le cas. Comme s’il découvrait juste. Qu’on ne répare pas une fleur comme ça. Que même sa mère, magicienne à son regard d’enfant un peu d’années avant, ne le peut pas. Qu’il n’y a rien à faire, pour la rose. Pour qu’elle retrouve sa grandeur. Sa splendeur. La perfection de ses pétales, froissés dans le sac. L’épine perdue - brisée - par la violence avec laquelle elle a été traitée ; oui, il sait. Qu’on ne peut pas effacer, non plus, toute la violence dans ce moment. Les insultes. Ou ce mouvement, à la fin. Qui lui serre le cœur encore et il a l’air recroquevillé sur la boisson qu’il boit à gorgées lentes. Il croise le regard de Tyler vaguement. Et il se force à un pauvre sourire qui ne donne pas le change. Le brun le connaît trop bien pour gober son mensonge de silence.
Pas Numa. Heureusement. Azel le regarde et ça dure une seule seconde. Il glisse juste après ça vers les fleurs, vers là bas où elle a été prise.
“Pas la peine ne t’en fais pas. Je ne compte pas porter plainte c’est... ils ne feront rien, pour une fleur cassée.”
Ils ont d’autres problèmes. D’autres choses, plus graves. Qu’une fleur abîmée. Et il comprend bien sûr même s’il trouve injuste que son métier soit tant déprécié ; un éleveur se faisant dérober un animal pourrait faire ouvrir une enquête. Mais pas Azel. Ni Tyler. Ni sa mère. Ce n’est pas la même importance. Pas le même coût. Et une rose. Une rose ce n’est rien après tout. À peine quelques euros en moins. Pas le travail d’une vie, non ; juste une rose alors il force ses sourires. Ce n’est pas grave, après tout. Pas si grave ; il l’aura oublié au matin suivant l’incident.
Puis il s’amuse Azel malgré tout. Vaguement. Des questions que lui pose son drôle de garçon ramené de la pharmacie.
“Ce sont juste des surnoms, Numa. J’ai vécu dans un village au pied des Rocheuses et tout le monde parlait anglais, alors ça nous est resté.”
Il évite d’y penser une nouvelle fois à son Là-Bas. À ce chalet que son père a acheté, puis retapé. À cette baie vitrée dans sa chambre, donnant sur les sommets neigeux et les sapins verts d’été. Et sur les coucher de soleil. Rouges, souvent, comme des rubis tapissant la poudreuse blanche. Ouais. Azel ne doit pas y penser. Parce que l’envie dans ses tripes est de plus en plus forte ; il y retournera bientôt. Avec Ty. Ils escaladeront à flanc de falaise ensemble et ce sera parfait. Comme toujours.
Ne pas y penser. Il serre un peu les dents, et c’est à peine perceptible. Un grain de manque, posé sur sa poitrine. Qui la serre ; c’est plein de mélancolie et il a du mal à s’en tirer de ses souvenirs, de ses désirs qui l’empoisonnent et écrasent comme du plomb sa poitrine serrée.
Ne pas y penser. Il en détourne son esprit mais la tristesse subsiste plusieurs secondes, et la frustration de ces envies qu'il tâche d'oublier même si ça n'a rien d'évident ; il a toujours eu le cœur accroché là bas, piqué d'aiguilles de pins et léger d'un souffle pur.
Ne pas. Y. Penser.
“Je peux t'emmener dans la salle à manger si tu veux. Mais je vais devoir reprendre le travail dans pas longtemps et cette fois promis ce n'est pas un mensonge.” L'heure tourne. Et travailler lui permet de se vider la tête. Puis il n'est pas en repos. Ce n'est pas à Tyler de faire sa part de boulot. “Tyler ne travaille pas normalement aujourd'hui. C'est moi qui gère avec ma mère. Elle va finir par lui donner ma paye.” C'est une plaisanterie bien sûr, et pourtant. Ce serait juste puisqu'il ne fait rien, il en a conscience. Mais ce serait mal venu de demander à Numa de partir. Tout comme de le laisser planté dans un coin pour aller bosser.
Numa Maggiorano
Mails : 156
Surnom : Weirdos
Emploi/loisirs : Pirate
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— Phobie sociale.
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Sam 28 Sep - 16:21
Azel & Numa
D'Ombre et de Silence
« J'ai vécu à New York, moi. »
Écrivit-il en montrant l'écran de son téléphone à Azel. Le français était pour lui complexe, si bien que lorsqu'il traduisait d'une langue à une autre, il le faisait au sens littéral. Ainsi... « sweethearth » devenait « coeur doux », les mots se composaient à l'intérieur d'eux-mêmes, ils se mélangeaient, s'étiraient, et en ressortaient avec une nouvelle identité. Comment pouvait-il deviner ? Et puis bon, « coeur doux », c'était rigolo. Il peinait avec tous les aspects des deux langues ; l'anglais était plus premier degré que le français. Le français... il y avait quinze façons de dire la même chose, en se montrant plus diplomatique, ou bien plus vulgaire, en étant distant ou proche. Pourquoi dire qu'un coeur était doux, alors qu'on ne pouvait pas le toucher ? Pourquoi donner des surnoms aussi incongrus aux gens, alors que leurs prénoms étaient là pour ça ? Et si ce n'était pas le prénom, un pseudonyme allait aussi très bien. Une identité pour plusieurs, selon leurs fonctions. Stormbringer pour la compétition de haut niveau, N/A-Syndrome lorsqu'il fallait aller sur des forums, sans oublier ceux que Numa empruntait pour ses « partenaires ». Miss Carolyne qu'Azel avait croisé, Monsieur D pour les garçons qui aimaient les autres garçons. Ça avait plus de sens que « Miel » ou « Coeur Doux ».
Numa continuait d'observer Azel, en coin, il se balançait d'avant en arrière, notant un changement dans la physionomie du jeune homme. Pour autant, ce n'était pas quelque chose qu'il pouvait traduire ; il avait conscience que c'était-là, comme une présence qu'on sent sans la voir. Il se demanda si c'était de sa faute, s'il avait dit ou fait quelque chose pour déclencher ça, ou si Azel était content. Il s'intéressa au bruit que sa mère faisait, le frottement du tissu, ou encore le plastique qu'on déforme pour enjoliver les fleurs. Le ruban coloré qu'on frotte contre une paire de ciseaux, encore et encore, dans un geste maîtrisé, mais dont le son le fit davantage se tasser. Numa rentra la tête dans les épaules, s'il trouvait le mouvement parfait, satisfaisant tant il était continu, le son qu'il produisait lui agressait les oreilles. Azel le coupa dans sa contemplation, mais sa voix se confondit au bruit, davantage lorsqu'on rentra dans la boutique. Numa regarda le nouveau venu, avant de retourner son attention sur la paire de ciseaux. Mais on l'avait posé. Il était épuisé.
« Pourquoi elle ferait çççça ? Tudoistravvvailler. »
Ce fut lorsqu'il montra son téléphone à Azel qu'il s'aperçut de la difficulté qu'il avait eue à écrire sur son clavier. Le jeune homme se tassa sur lui-même, sans comprendre qu'Azel souhaitait le voir partir. Il ne l'avait pas formulé clairement, et de son point de vue, il ne faisait qu'émettre un constat. Il ne travaillait pas, son ami Tyler le faisait à sa place, et c'était pour ça que sa mère le payerait lui plutôt qu'Azel. Et ? Que devait-il faire avec cette information ? Quel était son sens caché ? Qu'est-ce que Numa devait faire ? Il continua de se balancer, peu sûr de lui, fouillant à l'intérieur de son crâne toutes les possibilités. Est-ce qu'Azel attendait de lui son aide pour travailler ? Pour combler le manque d'explicite, son cerveau comblait toutes les théories. Il se démenait, puis au bout d'un moment, Numa pensa trouver la bonne réponse. Lorsqu'on parlait de son travail, on attendait que l'interlocuteur en dise plus. C'était ça, hein ?
« Je suis pirate informatique. Mais je ne navigue pas à proprement parler sur la mer, plutôt sur internet. Je suis un White Hat pour une entreprise. »
Et non pas « white knight », comme Numa l'avait entendu quelques fois. Certes, il avait la peau blanche, mais il n'avait pas la distinction du titre, ni le cheval, ni l'armure. Certes, il ne portait pas non plus de chapeau blanc — il n'aimait pas les chapeaux, ça le démangeait —, mais c'était un terme qu'on utilisait pour désigner les « gentils pirates » des « mauvais pirates ». Des mauvaises langues disaient que la différence entre un lui et un Black Hat — le « méchant » — était que le White Hat était payé pour ce qu'il faisait.
« Ça veut dire que je fais partie des “gentils”, comme vous aimez nous appeler. »
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