« Y'a pas à dire, c'est la loose. Faut pas se voiler la face. On est à moins huit mille sur l'échelle de la virilité. Merde. »
Il se débattit à nouveau dans les bras qui le tenaient fermement, tentative qui se solda par un énième échec. Quand un androïde a une idée dans la tête… C'est quand même chiant ces lignes de codes, impossible d'argumenter avec elles. L'androïde agit comme il a été programmé pour le faire, point. Y'a pas de récriminations qui tiennent, pas de pourparlers possibles, pas de marchandage ou de soudoyage. Il faut attendre et subir. Le Ciel soit loué qu'il n'y en ait pas eu dans les rangs de la police croate lorsqu'il était encore au pays.
- Je peux marcher, je te le promets ! Pas vite, mais je peux le faire ! - plaida-t-il tout de même, cachant son visage aux yeux curieux des passants qui croisaient leur chemin. - T'as pas des tâches en attente ? Des trucs vraiment urgents ? Et les gens à qui tu appartiens, ils n'ont pas besoin de toi ?
« Tu parles. Le seul truc vraiment urgent, c'est moi, grâce à ce stupide Asimov. La honte, mais la honte… » Un grand gars de vingt-quatre ans porté par un androïde au style flamboyant. Tout ça à cause d'une stupide perte d'équilibre en tentant un 360 sur son skate. Elle n'avait rien sa cheville, c'était juste un peu foulé, ça irait mieux dès demain ! Tous les skateurs y passent, ça fait partie du sport, c'est comme ça qu'on apprend ! C'est comme apprendre à marcher quand on est petit… Mais allez expliquer ça à un androïde… Il était sorti de nulle part. Comme s'il avait été invoqué par sa chute idiote juste pour remuer le couteau dans la plaie devant tous les autres visiteurs du parc. Au début, Milan pensait qu'il s'agissait d'une vraie personne : de visu, à part avec son style vestimentaire, la machine ne se distinguait pas facilement des humains, surtout lorsqu'on n'est pas franchement concentré sur lui. C'est quand on est près d'elle et qu'elle vous parle que vous comprenez.
En parlant de ça… Milan releva la tête vers son "sauveur", étudiant à la dérobé son visage. Il n'arrivait pas à s'y faire, à l'aspect grisé de sa peau. Au moins, les concepteurs de Hopsi avaient eu la bonne idée de lui donner une couleur de peau habituelle. Et… Ces dents pointues ? Ces sortes d'oreilles d'animal ? Ce monocle ? Il sortait d'où exactement ce robot ? A quoi pouvait ressembler son propriétaire exactement ? Un mordu des années cinquante, où les gens parlaient avec une voix nasillarde et s'habillaient comme des pingouins tous les jours ?
C'était étrange, de se retrouver contre un androïde. Il n'y avait pas de battements de coeur, même pas de chaleur corporelle ou de bruit de souffle. A cause des bruits de la ville, Milan n'arrivait même pas à entendre les rouages de la machine, si cela était seulement possible. C'en était presque dérangeant.
Comprenant qu'il était bel et bien coincé, condamné à subir cette humiliation jusqu'à la porte de son appartement, Milan poussa un long soupir. Croisant les bras sur sa poitrine, ignorant la douleur qui lui vrilla la cheville et le mollet lorsque l'androïde marqua une pause abrupte pour respecter un feu rouge, il ouvrit de nouveau la bouche :
Clic. Boum. Crac! Une catastrophe doit bien commencer par quelques onomatopées, non? Il faut dire que Yemeth est devenu pro dans l'art de les reconnaître. Il existe tellement de nuances. Un "boum" n'a rien avoir avec un "badaboum" enfin! En tant qu'androïde au service des humains il se devait de différencier au mieux chacun des maux susceptible de les toucher. Plutôt prévenir que guérir, a ce qu'on dit. De cette façon il serait en mesure de leur apporter son soutient inconditionnel, ainsi qu'éventuellement, des soins.
Donc. Alors que la fringante boîte de conserve venait de terminer un petit travail, elle s'était dirigée vers le parc, dans le but de le traverser pour s'épargner un certain détour. Avant de retourner auprès des Ny il était censé faire quelques courses. Celles-ci attendraient. Son spider-sens -ou autre chose- lui envoyait une alerte: non loin de lui une pauvre créature venait de misérablement se tauler. Pardon. Un prolétaire touché de malchance venait de s'écraser au sol suite a une cascade malencontreusement raté. L'objet du crime? Une planche a roulettes. Verdict? Coupable. Ni une ni deux, Yemeth était allé a sa rencontre. Le constat fut rapide: une cheville foulée. Afin que le pauvre homme ne force pas dessus pour empirer son état, le robot lui a naturellement proposé de le porter. Bien sûr il n'a pas attendu de réponse pour agir. Il était évident que le concerné protesterait vivement contre l'inconnu qui se permet ainsi de l'approcher. Peu importe. Il lui porterait secoure.
Voilà où ils en sont, ces deux beaux personnages. L'un au large sourire portait l'autre, qui tentait vainement de le convaincre de lâcher prise. Pourquoi diable ne comprenait-il pas la situation? En quoi le fait d'être porté comme une princesse serait un problème? Il est blessé. Ble-ssé.
- Je manque a tout mes devoirs! Pardonnez moi. Je ne me suis effectivement pas présenté. Appelez moi Yemeth!
Le feu passe au vert, il se remet en marche.
- Je tourne ici maintenant, c'est bien ça?
Le héro du jour songeait déjà au retard qu'il allait prendre. La lessive, le ménage... c'était ennuyeux, mais c'était aussi pour la bonne cause. Qu'aurait-il dû faire autrement? L'abandonner? Facéties. Rester sur place? Ca n'aurait été d'aucune utilité. Il n'existe pas de remède miracle. Encore moins de fameux bisous magique, sinon Yemeth se serait mis a embrasser la terre entière!
- Et vous donc? Au point où nous en sommes, vous n'allez pas commencer a me faire de cachotteries, hm?
Bien qu'elle prenne un ton léger, la machine restait néanmoins inquiète pour l'homme. Certes ses jours ne sont pas en danger. Certes, il s'en remettrait aisément. Cependant il gardait a l'esprit les risques qu'il encourait s'il ne se ménageait pas. Non pas qu'il soit particulièrement défaitiste mais avoir des regrets n'est pas envisageable. Jusque là il n'en a eut aucun. Probablement parce qu'il n'est pas doté de ce genre de sentiments? S'il en était totalement dénué il ne serait pas autant maniaque cela dit.
- Si vous restez sage je vous ferais un bon petit plat, qu'est-ce que vous en dites?
Il est tout bonnement hors de question qu'il le largue devant la porte de son appartement, slash maison, slash placard a ballais. Ce serait impoli.
Quoique. Les politesses habituelles semblent avoir pris des vacances aujourd'hui.
Milan Horvat
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Sam 10 Aoû - 10:55
Yemeth... Vu son apparence, Milan aurait plutôt parié sur un John ou un Robert. Il aurait même placé un Jr., malgré le fait qu'il s'agisse d'un androïde. Yemeth, ça faisait un peu nom d'engeance démoniaque. Ou une version stylisée d'Emmett. Le garçon répondit au large sourire vaguement terrifiant du robot par un petit rictus incertain, hochant simplement la tête pour lui répondre. Yemeth, le sauveur non-souhaité des gens malhabiles. Il regrettait d'avoir cédé en lui donnant son adresse, c'était sûrement très imprudent de sa part. Qui sait ce que pourrait en faire son propriètaire ? Cette semaine, il s'enfermerait à double-tour, hors de question de faciliter la tâche au cambrioleur qui viendrait certainement. Et la solution optimale ne serait-elle pas de rebooter le robot pour s'effacer de sa mémoire ?
Au moment où il s'interrogeait sur le bien-fondé de cette décision, Yemeth lui demandait d'éviter les cachotteries. Milan sentit ses joues le chauffer et il baissa les yeux. Des cachotteries, mais non voyons, pas son style... Pas lui, capable de mentir comme un arracheur de dents sans sourciller.
Est-ce que ça valait la peine de le rebooter ? Ça pouvait lui attirer pas mal d'ennuis si on parvenait à remonter jusqu'à lui... Peu de propriètaires apprécient que leur robot ait des lignes de code perturbées par un parfait inconnu. Cependant, que la machine connaisse et se souvienne de son nom, de son adresse et de sa blessure... Ça l'inquiètait. Vieille habitude d'un garçon ayant appris à se méfier de tout et tout le monde.
Il ricana quand Yemeth lui offrit de lui préparer un repas pour récompenser son bon comportement. Cette plaisanterie le tira de ses sombres contemplations. Il avait été mandaté par Mickey ou quoi ?
- T'embêtes pas Yemeth, j'sais que je ne suis pas si épais que ça, mais ça va. Et t'as qu'a m'appeler Miles.
Voilà, le problème du nom est réglé. Les Canadiens ont tendance à penser qu'il s'agit d'un prénom à part entière et pas d'un surnom.
- Tu traînes souvent dans le quartier pour aider les crétins comme moi qui se font mal ou c'est juste que j'ai une chance extraordinaire ? C'est qui ton proprio ?
Pour être honnête, Milan doutait qu'il passe régulièrement dans le coin, il détonnait trop dans le décors. Il aurait entendu parler de cet androïde particulier bien plus tôt. On en voyait de temps en temps des excentriques, on savait exactement à qui ils appartenaient. Les plus cools étaient souvent trouvables dans les soirées underground. Il y avait également l'autre style d'androïdes, prévus pour une utilisation plus... charnelle, mais le jeune homme ne s'en approchait pas. Pas son truc et trop de magouilles derrière, c'était un coup à se retrouver dans les emmerdes. Cela dit, Yemeth, lui, aurait été à sa place parmi les serveurs, avec son look de majordome démoniaque.
- Eh, complètement randomn mais tu sais préparer des mojitos ?
Yemeth
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Sam 10 Aoû - 13:38
Pour peu que le quidom lui adressait un regard, c'était pour le fuit aussitôt. L'intimidait-il tant que ça? Enfin, Yemeth ne cherchait pas davantage le contact visuel, puisque occupé à regarder droit devant lui. Reconnaître de moins en moins les rues de ce côté de Montréal suscitait son attention, sa curiosité. Malgré une bonne mémoire qui lui éviterait a coup sûr de se perdre sur le chemin du retour, ça ne serait pas un mal de trouver plusieurs repères, en prévention. Par ailleurs, toute découverte reste intéressante et bonne a enregistrer.
- Enchanté, Miles. Pour être honnête avec vous, je ne sort pas souvent. Du moins, je ne fait que rarement des détours. Je sert principalement une famille dont vous ignorez très probablement le nom.
Pourquoi le mentionner inutilement? Il ne le retiendrait sûrement pas de toute façon.
- Je m'occupe de quasiment tout pour eux. Entretient de la maison, les courses...
Il se stoppait. Nouveau feu rouge.
- Donc, pour répondre a votre dernière interrogation, je peux tout faire. Quoique je n'ai jamais encore eut affaire à celle-ci précisément, mais avec la recette sous le nez je pourrais vous en préparer.
Une seconde. L'androïde se rappelait que Miles devait sa foulure a une maladresse commise sur un skate, objet utilisé d'ordinaire par des adolescents. Au vu de son allure il y avait des chances pour qu'il en soit un. Hors, selon les lois actuellement en vigueurs, les mineurs n'ont pas le droit d'accéder a ce type de boisson. L'alcool est considéré comme une forme de drogue légale dont la production, le commerce, la distribution et la consommation sont réglementés. D'autant plus qu'en abuser serait mauvais pour sa santé.
- Ne comptez pas dessus jeune homme, si vous ne m'apportez pas la preuve que vous dépassez l'âge autorisé pour ça.
Dernière ligne droite, les numéros défilent sur les boîtes au lettres le long de la rue adjacente a celle de Miles. Lorsque ce dernier glissait un peu trop de ses bras, Yemeth le redressait en refermant un peu sa prise.
- Il est temps de fouiller vos poches, Miles. La porte ne s'ouvrira pas toute seule et il est hors de question de vous laisser sur le pas sans m'être assuré que vous ne ferez pas de bêtises.
Son sourire s'élargi. Le traiter un peu comme un gamin sonnait taquin, surtout lorsqu'on le connait un peu. On peut le juger aisément comme une nanny excessivement zélée autant qu'on peut le considérer parfois comme un grand enfant. L'androïde a été conçu pour servir chacun de ses maîtres, et donc, il est fait pour assimiler un tas d'informations. Mais comment aurait-il pu se montrer aussi efficace sans être capable de les comprendre? C'est la raison qui a poussé son concepteur a faire des ajouts, a lui permettre d'évoluer un minimum en développant un caractère qui se rapprocherait de l'idéal: un adulte responsable capable de gamineries. Sans doute est-ce paradoxal. Peut être idiot. Un poil illogique? Yemeth est et restera bienveillant a l'égard des humains. Il a été conçu dans ce but.
- La proposition pour le plat tient toujours, aussi.
Milan Horvat
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Sam 10 Aoû - 14:53
Il l'avait déjà remarqué avant, mais ouch, c'était un robot bavard. Ça lui donnait l'impression d'entendre ces vieux spots de publicité qu'on retrouvait parfois dans les archives. Ou ces vieux reportages... C'était étrange, perturbant, mais pas horripilant. Il avait envie de le laisser continuer, juste pour le plaisir, comme on pourrait le faire avec une personne à l'accent agréable.
Il n'eut pas droit au nom de la famille propriètaire de cet androïde. En revanche, il eu droit à un rappel de la juridiction en vigueur concernant la consommation d'alcool par les mineurs. Il se vexa un peu : il avait l'air si jeune que ça ? "C'est parce qu'il me porte comme un gamin aussi ! Et puis c'est un robot, qu'est-ce qu'il en sait pour juger les âges correctement ? Même nous, on a du mal ! Et aïe, merde !" Il siffla de douleur quand sa cheville abimée heurta celle encore valide à un arrêt un peu brupt de son porteur. Fatigué d'être bringuebalé de la sorte, il chercha à se redresser, nouant sans réfléchir ses bras autours du cou du robot. Quitte à être ridicule, autant l'être jusqu'au bout. Pourvu que personne dans son quartier ne le reconnaisse...
Il grogna lorsqu'il aperçu la porte de chez lui. Les voisins allaient jaser. Les potes allaient jaser ! Il allait passer pour un con, encore. Merveilleux.
- Woah, tu ne vas pas rentrer non plus Yemeth !- s'exclama-t-il, atteint dans sa virilité. - Pose-moi, pose-moi, je peux marcher, regarde !
Il se débattit vigoureusement et parvint à échapper à la poigne de la machine. Bien sûr qu'il allait pouvoir le faire tout seul, c'était pas dix pauvres marches et cinq mètres qui allaient l'arrêter ! Son sourire de triomphe se mua quasi-immédiatement en rictus de douleur lorsqu'il appuya maladroitement son poids sur sa cheville blessée. Refusant malgré tout de se rendre à la réalité, il tenta quelques pas, sa main tenant son skate se crispant de plus en plus.
Cinq pas plus tard, il poussa un long soupir. Il tira les clés de son appartement d'une des nombreuses poches de son baggy et appela l'androïde.
- Ok. Reviens par là Yem'. . - il leva un bras et lui fis signe de s'approcher. Quelle loose, mais quelle loose... J'sais plus ce qui me reste dans ma cuisine, sûrement du riz, t'emmerde pas avec ça.
Il retourna dans ses bras, rouge comme une pivoine. Le contact physique ne le rebutait pas, au contraire, mais c'était vraiment étrange de se faire porter comme s'il ne pesait rien. Il se débrouilla pour ouvrir la porte de chez lui. Devant le bazar qui les accueillit, il se sentit obligé de compenser.
- Bah... Voilà. Bienvenue chez moi. Je ne t'offre pas de café, si ? Ou t'as besoin de charge ? Je peux pousser Hopsi sans problème, tu me dis.
Yemeth
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Sam 10 Aoû - 16:08
Ah, les humains, les humains. Curieuses créatures contradictoires et pourtant si charmantes malgré leurs défauts. Pourquoi diable ceux du genre masculin s'efforçaient-ils de garder et renforcer l'image d'êtres robustes sans peurs et sans reproches? Cette fierté mal placée en a mis plus d'un dans des situations inconfortables ironiquement, mais ils n'en tirent que rarement une leçon. Etait-ce un code instauré par cette société patriarcale qui tant à montrer qu'un homme se doit de travailler pendant que la femme fait la popote et s'occupe de la marmaille? Ce serait étrange puisque les moeurs actuelles ont délivré pas mal de possibilités. Mariages homosexuels, tellement de genres nouveaux, sans parler de cette particularité qui fait que certains puissent se considérer comme non-binaire. Yemeth avait un peu de mal a saisir cette dernière nuance, puisque d'ordinaire on parle de codes et de binarité uniquement pour des ordinateurs? L'espèce humaine se considérerait-elle comme une machine? La réflexion est poussée trop loin.
- Vous voyez!
Milan au moins était raisonnable, il l'avait rappelé.
- Je ne m'embête pas, ne soyez pas ridicule. Je suis bien resté pour vous apporter mon aide!
La porte une fois ouverte, Yemeth la poussait du bout de son pied pour entrer, avant de reposer son dos dessus pour la refermer derrière eux. La scène aurait pu être comparable a celle de jeunes mariés revenus au bercail. Ca ne manquerait pas d'amuser un soupçon l'androïde, qui répondait brièvement a la proposition:
- Je n'ai besoin de rien, je vous remercie.
Toujours dans l'idée de veiller sur le malheureux, l'androïde alla trouver un appui sur lequel le déposer.
- J'ai conscience de m'imposer sans m'être encore suffisamment soucié de ce que vous pourriez penser, mais j'ai l'espoir que vous ne m'en tiendrez pas rigueur.
C'était une nécessité. Il le comprendrait? Yemeth s'était courbé une seconde, puis redressé pour a nouveau planter son regard dans celui du blessé:
- Maintenant, remontez donc voir ce pantalon, que je constate l'étendue des dégâts.
Milan Horvat
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Dim 11 Aoû - 13:59
Déposé délicatement dans son canapé, Milan relâcha ses épaules, sentant la tension qui s'y été accumulée disparaître peu à peu. Il n'était pas habitué à ce genre d'actes de bonté imprévus, quand bien même ils viendraient d'un androïde. Et encore moins à se retrouver à la merci de son sauveur, coincé dans ses bras. Il n'aimait pas perdre le contrôle, surtout de son propre corps.
Yemeth s'inclina face à lui après avoir décliné son offre, prenant Milan de court. Les marques de déférence, ce n'était pas souvent à lui qu'on les adressait. Il se sentit rougir encore une fois. C'était idiot, il s'agissait d'un robot, d'un programme ! Il était sûrement conditionné pour agir de manière respectueuse, comme un véritable majordome, il ne devrait pas se sentir gêné par ça. Cependant cétait tellement... décalé qu'il en était complètement perturbé. Avec son exubérance, Yemeth ressemblait trop à un humain à son goût. Il préférait la froideur de Hopsi, ça lui permettait de ne pas oublier les limites entre androïde et humain, de ne pas se sentir observé par un semblable.
Il baissa les yeux lorsqu'il croisa les siens, comme si l'échange visuel aurait pu lui permettre de lire dans ses pensées. Mal à l'aise et embarassé, il hocha la tête mais ne fit pas un geste pour effectivement remonter son pantalon sur sa cheville blessée. C'était comme un retour dans le passé, l'année de ses onze ans. Il comprenait mais n'osait pas bouger ou parler. Les autres le pensaient idiot.
Même sa voix lui manquait maintenant.
Milan posa ses coudes sur ses genoux et enfouit sa tête dans ses mains, heureux de ne plus voir son environnement. De temps en temps, ce genre de réminiscences désagréables arrivaient, il fallait juste faire preuve de patience, respirer, s'ancrer dans le moment présent. Il n'était pas idiot, il n'avait plus onze ans, il n'était plus à l'orphelinat. Il comprenait très bien. Un, deux, trois, expire, un, deux, trois, inspire...
Toujours muet, il se pencha pour défaire le lacet de sa chaussure et la retirer dans des gestes lents. Il retira sa chaussette. Sa cheville était un peu gonflée, on voyait déjà ne marque qui se transformerait dans les prochains jours en hématome violet. Puis il remonta finalement un petit peu son pantalon, et tendit sa jambe vers le robot. Ce n'était qu'un robot. Pas une infirmière, pas un docteur, pas une assistante sociale. Juste un robot. Il pouvait lui ordonner d'arrêter, il obéirait immédiatement, parce que c'était prévu dans son programme.
Le garçon poussa un long soupir et se couvrit à nouveau les yeux d'une main, attendant le verdict. Il se sentait déjà mieux. Dieu ce qu'il pouvait détester ces réminiscences.
Yemeth
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Dim 11 Aoû - 15:08
Après que Milan ai fuit son regard, Yemeth a bien cru que l'homme allait faire un malaise. Quoique les signes avant-coureur furent différents.. Aurait-il commis une erreur? Non. Bien assez vite il comprit qu'il valait mieux simplement attendre. Certains ont horreur de la proximité, et en peu de temps il avait envahi son espace sans même lui accorder une seconde pour le repousser. Le laisser souffler un peu ne serait pas un mal. Loin de lui l'idée de ne se soucier de ce genre de détails uniquement dans des cas précis, l'androïde respecte bien trop chacun pour ça. Ici c'était différent. En quoi? Il est temps de chercher.
Un jour il pleut, un jour il vente, le troisième, un splendide soleil éclaire l'avenue de Chateaubriand. C'est amusant a quel point la météo peut parfois changer un décor comme celui de la ville de Montréal. Les tons peuvent varier aussi en fonction des passants. Tantôt l'un tire une gueule de trois pieds de long, tantôt un gamin saute dans une flaque et vous éclabousse avant de vous offrir un sourire coupable. Parfois même c'est un chat malade errant qui peut donner une impression de retour vers le passé, dans des rues de style londonienne, a une époque victorienne. Avec des trottoirs cabossés, des rues jonchées de nids de poules pour remplacer les pavés qui font tré-sauter les automobiles. Yemeth avançait sagement jusqu'à s'arrêter devant une porte maintenant parfaitement familière.
Depuis que Milan est blessé, notre ami aux allures de fury se fait un devoir de lui apporter son aide. Quoique on mettra aussi sur la note, le fait que les deux énergumènes se sont bien trouvés. Une heure, deux heures, trois heures, ont suffit a les rapprocher un peu. Est naturellement venu le deuxième jours. Yemeth était parvenu a clouer Milan sur son canapé avec en face, une chaise sur laquelle était posée un coussin qui supportait la cheville foulée. Vint ensuite le moment du rétablissement complet, qui les séparerait sans doute, puisque la boîte de conserve n'aurait plus de raison de s'attarder davantage. Son emploi du temps est bien trop complet pour qu'il se permette des escales prolongée. Il n'a pas de temps a perdre. Le temps. Ce temps. Il s'écoule a une vitesse...
Yemeth pose son doigt sur le bouton de la sonnette. La porte s'ouvre.
- Hey, gaufrette. Je viens m'assurer que tu n'as pas trop trituré la pauvre Hopsi sans moi.
Quelle excuse.
- Pardon, je voulais dire: et ta cheville?
Qu'est-ce que le mensonge, déjà?
- Bon, tu me fais entrer ou on file sur ta bécane rouillée pour aller mater un soleil couchant avant de s'embrasser avec niaiserie et passion?
Le charrier, son activité favorite de la semaine. Ca lui manquerait. Il ne peut pas se permettre de tarder. Pourtant, comme les précédentes fois, il ne compterait plus.
- Tu me regardais avec tellement d'intérêt... j'ai cru me changer en pancake vivant.
Avec Milan, le temps file, mais le temps disparaît, aussi.
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