Rêver. Profiter d'une bonne nuit de sommeil après une dure journée de labeur. S'allonger dans un lit confortable, moelleux, s'enrouler dans une bonne couette toute douce, enfoncer sa tête sur un large oreiller qui sent encore la lessive, propre, frai. Ne plus penser a rien, contempler une dernière fois le peu qu'on peu discerner dans l'ombre avant de fermer les yeux pour doucement se laisser aller dans les bras de Morphée. Le tout avec un sourire satisfait gravé sur le visage. Tout ce qu'un androïde n'expérimentera jamais réellement. Un branchement pour se recharger, paf. Mise en veille pour une durée déterminée, fixe, réglée à la seconde près. Extinction instantanée. C'est vrai, Yemeth ne pourra jamais découvrir ces petites joies idiotes que les humains peuvent avoir. Ce genre de petites surprise aussi, quand on découvre qu'on avait oublié une pièce, cachée dans tel endroit depuis des mois. Parce qu'il n'oublie rien. Disque dur enregistre en permanence. Un emplacement pour les images, les vidéos, les mots, les sons. Fouiller une mémoire lui prend au bas mot un battement de cil. Et il trouvera toujours. Peu importe ce qu'il faut apprendre, ce sera machinal.
A moins que?
Depuis un moment il se surprenait a se changer en guimauve lorsque quoi que ce soit concernait Milan. Que ce soit certaines sucreries, ou scénettes de films qu'on peut voir sur des écrans quelconques dans une boutique, ou un panneau publicitaire en ville. Alors oui, Yemeth ne peut pas rêver, ni imaginer. Mais. Il ne lui est pas impossible d'associer deux images en fouillant dans sa mémoire. Ce serait un peu comme faire un montage rapide sur un logiciel graphique bidon. Ou pire. Faire deux trois copiés collés sur paint. Enfin, pour un pauvre robot c'est un début. Quelle boîte de conserve pourrait se venter de penser "instinctivement" à un humain a laquelle elle se serait un poil trop attachée, hein? hein? Non, décidément, il ne doit pas exister beaucoup de monde dans leur situation. Situation unique, étrange peut être, pas inconfortable pour autant. Sinon Yemeth n'y accorderait pas autant d'importance.
Ce dont il était naturellement dénué a sa conception, et ce que trop peu d'androïdes auront la chance de vivre un jour, lui le découvrait encore. Est-ce qu'il assume? Ca restait a déterminer. Il a de quoi s'inquiéter après tout: il faut être complètement déviant pour s'amouracher d'un humain. Ce n'est déjà pas normal qu'il soit apte à traduire ce qui s'apparente a des sentiments alors bon...
Il suffirait qu'une personne mal intentionnée le découvre et hop, fini. On l'envoie a la casse. La vision d'un androïde conscient qu'on éteint de force pour le désarticuler, le désosser, effraierait n'importe qui. Tête arrachée, des câbles qui en dépasseraient, un peu d'huile qui s'égoutterait lentement le long de ces derniers... de quoi rendre paranoïaque. Alors pourquoi Yemeth ne craignait absolument rien de ça? Ce semblant de sécurité. Ce bien être lorsqu'il se rend chez Milan. Cette sérénité lorsqu'il passe une après midi avec lui, a discuter ou chahuter, ou les deux a la fois. Le monde disparaît lorsqu'il s'y rend, et bêtement, naïvement, il se sent moins automate, plus sincère, plus humain. Plus vrai. Il ne se soucie plus que d'une personne.
Ce matin là il s'est avéré que Madame devait le congédier. Aucune explication donnée. Les Ny avaient des affaires a régler et ils n'avaient pas besoin d'avoir de domestiques et/ou de bazar mécaniques dans les pattes. L'androïde s'est donc exécuté et a bien sûr immédiatement pensé à avertir sa chère Gaufrette. Celui là ayant donc eut pour brillante idée de l'inviter chez lui dans le but d'apprendre une nouvelle recette de cuisine. Oh, pas n'importe laquelle. Une de ses terres natales, de son pays a lui, et surtout... en sa compagnie. Ce qui signifiait "pas de téléchargement". Le fury étant plutôt du genre inventif lorsqu'il s'agit de taquiner Milan.. la séance promettait déjà d'être intéressante.
Une routine s'était installée entre eux lorsqu'il venait. Il sonne pile a l'heure, le garçon lui ouvre, ils échangent un regard, voire une ou deux punchlines biens placées. La porte se referme derrière Yemeth, qui prend déjà ses aises. Enfin, étonnamment cette fois il ne s'est pas directement échappé dans une direction précise -aujourd'hui la cuisine-. Le valet levait un sac a hauteur du torse de son ôte:
- J'ai vu ça par hasard, il n'y a pas longtemps. Je me suis dis que ça te serais utile.
Il esquisse un sourire, certain que même s'il s'est planté il ne se sentira pas ridicule. Milan pourrait royalement se foutre de lui que ça ne serait pas perdu. Ils en riront tout les deux. La journée sera fabuleuse quoiqu'il arrive.
Il se change a guimauve, a t on dit.
Milan Horvat
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Lun 23 Sep - 21:47
S'il y a bien quelque chose qui vous fait prendre conscience que le temps passe inexorablement, c'est d'apprendre que quelqu'un de votre âge se marie. D'un seul coup, vous passez de la case "jeune" à "adulte". Milan trouvait cela désagréable et vaguement insultant. Comment Talulla osait-elle le trahir de la sorte en rejoignant le rang des "mariés" et en l'entraînant contre son gré dans le camp des adultes ? Mickey, c'était différent, il avait beau avoir la trentaine, il respectait les codes non-dits, il restait célibataire, libre comme l'air ! Ses frères et soeurs n'avaient pas le même sens de la décence que lui. On disait pourtant que l'aîné montrait toujours l'exemple à suivre...
Alors voilà : Talulla passait devant l'autel. Avec un autre bon Irlandais. Et il était cordialement invité à assister à la cérémonie qui aurait lieu cet été. Milan n'avait pas eu le coeur à lui demander si elle croyait réellement qu'elle échapperait à la pluie le jour de son mariage en choisissant cette saison. L'Irlande n'avait su respecter les saisons, quelles qu'elles soient. Tout comme ses pays limitrophes. Un temps de merde sur toute cette grande île. Milan comprenait parfaitement l'obsession avec le soleil de Mickey, qui ne vivait que pour les grandes plages dorées de la Californie ou de l'Australie. Un mariage en août donc, dans un trou paumé de l'Irlande du Nord, où il était invité. Et avec un plus-un...
Milan eut un ricanement nerveux en relisant l'invitation, outré par le sous-entendu. Il était fier d'être célib', il ne comptait pas changer si vite de situation ! Non mais, lui, personne ne lui mettrait la corde autour du cou ! Il resterait libre aussi longtemps que possible, peut-être même jusqu'à son dernier souffle, parce que c'était comme ça qu'on restait jeune. Rien que de penser à la vie après le mariage, il avait des frissons.
D'un geste décidé, il appliqua un magnet de son frigo sur l'invitation puis se recula, lui lançant un dernier regard mauvais. Talulla venait officiellement de perdre son rang de cousine auto-proclamée chérie. Espèce d'adulte responsable ! C'était offensant. Effarant. Parfaitement déplacé.
Le Croate fut stoppé dans sa litanie intérieure par le bruit de la sonnette. Il jeta un dernier regard outré à la pauvre invitation, qui fut bien contente de survivre à ce regard enflammé. On n'a pas idée d'accueillir ainsi une si bonne nouvelle... Que quelqu'un apprenne donc les bonnes manières à ce rustre ! N'importe qui de sensé, comme... comme ce robot tiens. Les robots, c'est ce qu'il y a de plus sensé au monde, n'est-ce pas ? La logique à l'état pur. C'est ce qu'il faut à ce garçon.
Enfin... Les robots sont censés être sensés. Celui-ci semble échapper à la règle.
Milan accueillit le cadeau avec stupeur, le prenant des mains de Yemeth avec prudence. Pourquoi se donner la peine de lui offrir quelque chose ? Ce n'était pas son anniversaire... Et il avait même pris la peine d'emballer la chose pour qu'il ait le plaisir d'ouvrir la boite ? Pourquoi ? Il lui lança un regard d'incompréhension, osant à peine ramener vers lui le présent.
- C'est quoi, c'est en gage d'amitié ? T'avais peur que je ne te laisse pas entrer sinon ? - plaisanta-t-il pour mieux masquer son embarras. Est-ce qu'il devait l'ouvrir tout de suite ? Mais... non, il ne pouvait pas l'ouvrir, il ne le méritait pas ! - Je... Il y a une occasion spéciale ? C'est une coutume canadienne ?
Le garçon réfléchit à toute vitesse. Si ça se trouve, c'était un échange de cadeaux, il n'avait rien pour l'androïde ! Il n'était pas au courant, qu'est-ce que c'était que cette coutume sortie de nulle part, hein ? Il toussota et reporta son attention sur le cadeau, le tenant du bout des doigts, comme si ça pouvait brusquement s'embraser. Qu'est-ce que ça voulait dire ? Ou c'était une blague ? S'il l'ouvrait, quelque chose allait se jeter à sa figure ? Ce n'était pas vraiment le genre de Yemeth d'offrir des cadeaux empoisonnés, mais le robot avait tellement évolué depuis qu'il avait supprimé son bug...
- Yemeth... - commença Milan d'une voix inquiète, sans jamais finir sa phrase. Il n'osait pas. On offre une boite - bon, celle qui tenait dans le sac était un peu trop grande pour contenir ce qu'il craignait - et puis d'un coup, bam, on est pris dans une relation ! Oh ! - C'est pas une bague ?! - s'étrangla presque le jeune homme en lui lançant un regard paniqué.
Yemeth
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Mar 24 Sep - 17:08
Ah ça, il aurait pu s'attendre à le surprendre, le gêner peut être, mais.. l'embarrasser? A ce point la? Le visage de Milan était d'abord déformé par ce que Yemeth croyait être de la honte, puis, de la panique? Pourtant ce n'est pas comme s'il avait placé une bombe dans ce sac. Enfin, au vu des manières de son ôte en prenant le paquet gardé a distance de sa personne et tenu fébrilement entre deux doigts par peur qu'au moindre contact.. boum! Il est en droit de s'interroger.
- Une bague? Pourqu- Gaufrette, encore ivre? Qu'est-ce que tu as vidé comme bouteille cette fois?
Le robot tente de retrouver des petites scénettes à la hâte, fragments de sa mémoire, de son quotidien, dans l'espoir de comprendre la confusion de l'homme. D'abord, il repense a ces gens abusivement reconnaissants pour lesquels le moindre présent peut être d'une valeur si importante qu'il en viennent a se sentir mal a l'idée d'exister. Parce qu'ils n'ont pas l'impression de le mériter, ou parce qu'ils imaginent ne jamais pouvoir "rendre la pareille". Ce qui est ridicule puisqu'un cadeau est offert dans le but de faire plaisir au concerné, pas d'attendre quoique ce soit en retour, encore moins si c'est juste.. pour ne rien devoir a l'avenir, pour s'épargner un mal-être due a une culpabilité trop importante. Yemeth se revoit dans cette grande surface un instant. Ca lui a prit environ trois secondes pour se dire "tient, ça lui serait utile et ça pourrait lui plaire". Deux secondes de plus pour le prendre. D'autres pour le payer, l'emballer, le fourrer dans un sac et basta. Aucune arrière pensée, rien. Juste une envie, brève. Tac.
Il inspecte donc l'humain, plisse les yeux. Ses oreilles se tirent naturellement vers l'arrière. Il ne détecte aucun mouvement, aucune cerne, yeux rouges, bref, pas de détail suspect.
- Dis que ça sent mauvais tant que tu y es.
Si ce n'était pas ce premier cas de figure alors quoi d'autre? Milan serait du genre a vouloir deviner, a secouer la boîte en écoutant attentivement pour deviner? Il serait donc a côté de la plaque vu la taille et la forme de l'objet. Que pourrait il craindre? Peut être qu'une mauvaise nouvelle lui est parvenu? Paf. Un flash, éclair de génie. Yemeth re-visualise une sortie, encore, différente. Un parc, trois personnes. L'un annonce le décès prématuré du cochon dinde de Emilie. Il fallait trouver un remplaçant, tout frais tout jeune, près a durer vivre un ou deux ans auprès de la blondinette tristounette. Elle sait maintenant qu'un rongeur ne peut être nettoyé dans le lave vaisselle. Rip Mortimer.
- Miles, on t'a fais des misères? Tu préfères que je reparte?
Une hésitation, un haussement d'épaules.
- J'ai simplement pensé que ça te ferai plaisir. J'ai vu ça, ça m'a fais penser a toi, et.. enfin, voilà. Je faisais une course, j'en ai profité.
Yemeth lui adresse un sourire qui se veut rassurant:
- Tu n'as qu'a l'oublier sinon! Tu n'es pas obligé de le garder si tu n'en veux pas. C'est a toi, tu en fais ce que tu veux. Eh. Tu m'as fais venir pour une raison après tout, on a des trucs a faire!
Détournement d'attention, lui faire penser a autre chose pour l'extirper d'une vague de mauvais souvenirs, éventuellement. Il n'en sait rien.
Milan Horvat
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Mer 25 Sep - 22:10
Milan soutient tant bien que mal le regard inquisiteur de l'androïde, qui manifestement ne suit pas son raisonnement. Effectivement, sans contexte, sa demande peut paraître étrange. Cela dit, il n'aurait pas eu à la formuler si celui-ci n'avait pas jugé bon de lui offrir un truc à l'improviste ! Il n'a rien fait pour mériter de récompense, d'où sort cette idée improbable ? De la part d'un humain, il aurait compris les raisons derrière cette soudaine générosité, sûrement un truc pour lui demander un service, mais venant de Yemeth ? Un androïde ? Certes, bien plus évolué que la moyenne, cependant toujours soumis aux lois de la robotique, donc incapable de manipuler un humain ! D'où ça pouvait bien sortir ?
Et pourtant, il tenait le sac du bout des doigts, preuve tangible de cette idée grotesque. Le voir tant réticent à ouvrir son cadeau semble peiner le robot. Dès qu'il émet l'idée de partir, Milan bouge brusquement et l'attrape par le poignet pour le retenir. Il a bougé avant de réfléchir. Il se retrouve à devoir assumer les conséquences en rougissant, comme d'habitude. Heureusement, Yemeth ne s'en formalise pas, lui offre une explication de son geste et une absolution. Toujours trop généreux avec lui, il lui propose une échappatoire.
Le jeune homme secoue la tête et lâche le poignet de l'androïde. C'est vrai que ça ne l'engage à rien, d'ouvrir ce cadeau-surprise. Et si ça peut satisfaire Yemeth... ça en vaut la peine, non ? Et c'est même censé lui plaire à lui. Et si jamais ce n'est pas le cas, il pourra tout à fait distraire son invité en passant en cuisine. Le programme était chargé, ils se retrouveraient rapidement pris par la recette à suivre, un petit souvenir de son pays et un clin d'oeil à son grand frère de coeur. Les chocolats Bajadera. Un régal en bouche, une plaie à réaliser pour un impatient notoire. Une bonne raison pour garder Yemeth avec lui pour l'après-midi.
D'un geste méfiant, Milan ramène le cadeau près de lui et tire du sac le paquet. Il ne le secoue pas, ne le porte pas près de son oreille. Le paquet est fin et léger. Carré. Il ouvre délicatement le papier qui l'entoure, la gorge sèche. Il ne comprend pas d'où vient cette nervosité qui lui rend les mains moites. Finalement, la surprise se révèle être un CD, ces petits disques qui sont revenus à la mode il y a deux ans. Il s'agit d'un groupe de rap étranger, sûrement d'Europe de l'Est. Un sourire hésitant apparaît sur ses lèvres. Yemeth prête attention à tous les détails insignifiants à son sujet.
- Merci, c'est... - il déglutit, la voix rauque. Non, il n'est pas ému, ni touché, c'est juste que ça fait longtemps qu'il n'a rien reçu et... Oh, et puis zut, oui, ça lui fait plaisir ! - C'est vraiment cool, Yem'.
Il tient le CD contre lui comme s'il avait peur que quelqu'un n'apparaisse de nulle part et le lui arrache des mains. Un court instant, il reste immobile, observant tour à tour son cadeau puis Yemeth. Il se décide finalement à agir : de manière gauche, il enlace l'androïde quelques secondes à peine puis s'éloigne en se passant la main dans la nuque. Non, il n'est pas gêné.
- Vraiment trop sympa d'avoir pensé à moi comme ça, c'est bien choisi en plus ! On pourra l'écouter en cuisinant, ça te branche ?
Milan semblait préférer ouvrir le paquet, bien que restant.. méfiant? Yemeth craignait vraiment de l'avoir ennuyé avec ça. A l'avenir il y réfléchirait, avant de faire un truc sur un coup de tête. Sur un coup de tête.. peut on vraiment dire ça pour une machine? Tellement de détails ont changé depuis le réglage du bug. Des détails bêtes comme ceux là. Faire un truc sans réelle réflexion n'est clairement pas dans ses habitudes et parfois ça pouvait être perturbant pour lui plus que pour les gens qui le supportent.
Observer le garçon défaire l'emballage était tout de même attendrissant; On aurait dit un enfant assez timide, trop peu habitué a ce genre d'attention. Réticent par peur de faire une bêtise, mais finalement ravi d'avoir un truc rien que pour lui. Pensé pour lui, pour lui plaire a lui, pour qu'il en profite comme il l'entendrait, lui.
A la proposition du croate le valet acquiesçait simplement: il pourrait entendre le genre de musique qu'il favorise pour la première fois. Jusque là il n'a fait qu'observer, entendre ses amis mentionner des titres, vaguement.
Lui-même serait incapable de favoriser tel ou tel titre puisque tout sonnerait de manière identique a ses oreilles, ses capteurs. Des instruments, des voix, des paroles. Parfois juste de l'instrumental. Parfois juste des voix, des paroles. Des voix sans qu'il n'y ai de paroles aussi. Du bruit. C'est exactement pareil pour les couleurs. Ce sont des couleurs, c'est tout. Pour les chansons il peut y en avoir d'intéressantes, certes. Toutefois, faut-il vraiment que des gens abordent forcément des sujets complexes pour que leur musique plaise? Des artistes font ça pour l'argent, d'autres pour inspirer leur public, d'autres parce qu'ils font simplement ce qu'il aiment, d'autres encore pour tout ça à la fois. Le fury n'entend pas la différence. Elle importe peu. Ils font tous la même chose, le résultat ne s'en retrouve pas changé. Il sait cependant que les humains ont chacun leur caractères, leurs goûts. Ils sont tous si.. uniques.
Yemeth a vu juste en pensant a ce cd et s'en félicite un peu, ravi d'avoir pu faire plaisir a son ami. Se dire qu'il le considère et l'appelle "ami" sonne toujours assez étrange, mais il aime bien.
- Eh, gaufrette, tu as déjà choisi la recette du jour?
L'androïde regarde autour de lui, a la recherches d'indices. En cuisine deux assiettes ainsi que plusieurs couverts, traînent encore dans l'évier. Pas de papier sur lequel aurait été griffonnées des mesures, de posé sur la table. Milan improvise constamment, hein?
- Je te verrais en tablier, dis moi? Je ne veux pas rater ça! Une gaufrette qui nagerait dans son élément, pensait-il a haute voix, amusé.
Il eut un léger rire. Le malaise qu'il avait généré tantôt avec le paquet se dissipait rapidement. Le temps que le pâtissier aille mettre de l'ambiance, Yemeth se défaisait de ses gants, qu'il fourraient dans une poche de sa veste ensuite repliée avec lenteur, et déposée sur le canapé. Il tiquait en se rappelant de la vidéo qui les avais amusés ce jour là, puis chassait ce souvenir aussitôt en remontant ses manches, prêt a se concentrer sur ses futures tâches. La première consistant à faire la vaisselle que môssieur avait laissée. D'ailleurs à peine ce dernier s'approchait que l'androïde le chahutait déjà: un peu d'eau, ça sèche de toute façon, non? Il ne lui en tiendrait pas rigueur?
- Quand on reçoit quelqu'un, on range avant son arrivée! Malpropre, va!
Milan Horvat
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Jeu 26 Sep - 21:23
Peinant à détacher les yeux de son cadeau, le Croate répondit distraitement à son invité, hochant la tête d'un air absent. Oui, la recette était toute choisie, aucun souci à se faire là-dessus. Même si Yemeth semblait le mettre dans la catégorie des humains qui se laissaient porter par les aléas de la vie, Milan aimait avoir un semblant de contrôle sur ce qui se passait autour de lui. Il l'avait préparée, sa visite, il avait fait les courses pour qu'ils n'aient à s'inquièter de rien d'autre que la réussite de leur coopération. Un binôme comme le leur ne pouvait que fonctionner en cuisine. Du moins, il en était encore intimement persuadé.
Il daigna finalement relever la tête pour tirer la langue à son interlocuteur.
- C'est ça, et on aura une paire assortie tant que tu y es ! - bon, pour être franc, oui, Milan avait préparé les tabliers. C'est non-négociable, derrière les fourneaux, on porte un tablier, c'est comme ça. On finit par le décréter après avoir reçu une énième tâche de gras impossible à faire disparaître de son t-shirt favori. Vu l'attention que portait Yemeth à ses vêtement, il ne doutait pas que l'androïde puisse comprendre ce raisonnement.
Le jeune homme partit vers son ordinateur et y inséra le CD, pressé d'entendre le premier morceau. Ah, MC Bilal, ce vieux rappeur-poète ! Lorsque les premières paroles de Fata Morgana résonnèrent, Milan retourna vers son commis de cuisine du jour. Celui-ci était déjà lancé. Ses joues rosirent un peu alors qu'il se rendait compte que l'androïde s'occupait de sa vaisselle du midi. Il fallait qu'il oublie quelque chose, n'est-ce pas ? Surtout ça... Lui qui pensait avoir tout nettoyé, voilà que son soi du passé le trahissait !
Il s'approcha du robot, qui l'accueillit d'une remontrance et d'une giclée d'eau.
- Eh ! On ne traite pas son chef comme ça, monsieur le commis ! Tu vas te retrouver plongeur si ça continue ! Quoi que. T'as l'air de déjà connaître ton rôle.
Il s'empara du torchon gentiment accroché à son portant et s'en servit comme d'un fouet pour réprimander ce rebelle. Ils n'avaient pas encore commencé que déjà ils se comportaient comme des enfants.
- Tu vois un seul autre truc qui traîne, monsieur le maniaque ? Cet appart', on le surnomme l'appart'-témoin !
D'un geste de la hanche, il écarta Yemeth de l'évier et s'empara de la vaisselle propre pour la sécher. Le robot allait pouvoir se concentrer sur leur prochaine tâche : la préparation de la pâte pour leurs gâteaux.
- Bon, tu me sors le sucre, le beurre, les biscuits de mamie, les amandes, le chocolat noir et la vodka. Et non, la vodka, c'est pas pour tenir durant cette épreuve, mais pour l'incorporer dans la recette. Même si ça peut aussi remplir ce rôle. - il lui sourit, d'humeur taquine. Il n'était pas sur un petit nuage, mais il n'avait pas été aussi détendu depuis la dernière fois qu'ils s'étaient retrouvés. - Cela dit, comme monsieur n'aime pas que je boive, je lui ferai le plaisir de rester parfaitement sobre durant ce cours de cuisine particulier.
Yemeth
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Jeu 26 Sep - 22:44
Le chef du jour embrassait tout juste sa nouvelle vocation pour réprimander son apprenti, celui ci le laissant prendre les rennes non sans le moindre mal. D'ordinaire, c'est lui qui gère tout. Il planifie ses journées dans leur entièreté, se débrouille pour tout faire, précisément, minutieusement. Cependant, l'ensemble fait bien suite à un ordre donné. L'androïde ne sera donc pas gêné d'exécuter les demandes du pâtissier lorsque ce sera nécessaire.
- L'appartement témoin, bien sûr., reprenait l'androïde un peu moqueur, absolument pas convaincu par cette affirmation. Toi, ne pas boire une goutte de ta chère vodka alors que la bouteille sera posée sous ton nez? On verra ça.
Yemeth ne remettait pas réellement en doute sa parole, il sait que Milan se tiendra de ce côté. Pourtant, en arrière fond dans sa pauvre petite tête, il gardait en mémoire les changements que ladite boisson avait provoquée chez le garçon. Il s'était désinhibé c'est vrai. Là n'est pas le problème. Ce qui l'avait ennuyé.. il ne parvenait pas à le définir.
Le robot revenait bien vite à la réalité lorsqu'il lâchait un peu trop brusquement un sachet de farine ouvert, qu'il pensait décaler uniquement le temps d'atteindre ce qui se trouvait plus au fond du meuble. Il ne s'en rendait pas compte mais son visage était couvert de poudre blanche. Il n'a eut le réflexe de dégager que ce qui obstruait sa vision. Après avoir rangé ce dont il n'aurait pas besoin, il exposait ce que Milan lui avait réclamé sur le plan de travail.
- Si monsieur a d'autres exigences, qu'il me le fasse savoir. Et dis moi, tu as un papier avec la recette quelque part?
Ayant toujours appris les choses par lui même, et surtout, en enregistrant l'ensemble de ses découvertes comme n'importe quelle machine, directement sur son disque dur, il ignorait exactement comment se comporter dans cette situation. En temps normal il prendrait naturellement les devant, et suivrait simplement et bêtement la recette. Ca lui prendrait peu de temps et il réussirait à coup sûr, c'est dans ses compétences, sa conception. Mais... avec Milan?
- Gaufrette?
Le doute s'empare de lui, la nervosité l'enraye, ralenti les données qui circulent dans son crâne. Ce fichu bref malaise s'envole dès qu'il croise a nouveau le regard de son mentor:
- Quoi, j'ai un truc sur le visage? Ca t'amuse?
Milan Horvat
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Dim 29 Sep - 17:00
C'est qu'il se rebelle, l'apprenti. C'est une honte. C'est pas avec Gordon Ramsay qu'on oserait faire le malin ! Enfin, Milan est disposé à laisser passer cette impertinence pour cette fois. Et qu'on ne lui dise pas qu'il lui offre un traitement spécial, il se vexerait, il se sait entièrement impartial. Objectif. Libre de toute influence.
L'androïde obéit néanmoins à sa demande de réunir les ingrédients nécessaires, se mouvant avec aisance dans la cuisine. Il avait pris ses marques. Depuis quand s'était-il invité dans sa vie exactement ? Presque deux mois maintenant... Et il ne se voyait plus sans lui. Ce petit robot rouge trop bavard, trop intelligent et trop perceptif pour son genre. Un robot né pour autre chose que de servir de simple majordome, le Croate en était convaincu. Il n'avait pas encore osé approcher la famille qu'il servait, craignant de lui attirer des ennuis. L'idée le travaillait de plus en plus cependant. Juste pour en découvrir un peu plus sur son passé, sur son concepteur.
Et juste quand il se disait que l'androïde était probablement intellectuellement supérieur aux humains, cet abruti se tourna vers lui le visage couvert de farine. Le paquet lui avait éternué à la face, le couvrant d'une fine poudre blanche. Un véritable marquis poudré, surtout avec son accoutrement. Milan se mordit les lèvres pour retenir son rire. Il n'allait pas se moquer. Il n'avait plus dix ans. Puis l'androïde l'interrogea en fronçant les sourcils, toujours aussi (trop) perceptif à la moindre de ses expressions, aussi micro soit-elle.
Milan explosa de rire. Il dut s'appuyer sur le plan de travail pour ne pas s'écrouler au sol. Voilà ce qu'est le futur craint par l'humanité ! Ah, au secours, les robots prennent le contrôle du monde, ils vont tous nous éliminer ! Un androïde aussi évolué que lui ne prend même pas la peine de vérifier que le paquet de farine est bien fermé !
Secoué par son fou rire, Milan peina à retrouver suffisamment de sérieux pour tendre au maladroit androïde de quoi s'essuyer le visage. Et dire que c'était ça qui lui tirait si souvent ces monstrueux rougissements... Ah, vraiment, il y a de quoi se poser des questions. Encore secoué de quelques ricanements, le jeune homme s'arma d'un sopalin et vint aider le robot à retirer de son visage la poudre.
- Si on te pose des questions, tu dis que c'est de la coke. Pour l'honneur. On a un standing à respecter bébé.
Il se figea, le bout de papier appuyé sur le front de Yemeth. Venait-il de dire ce qu'il pensait avoir dit à voix haute ? Venait-il sérieusement de prononcer ce mot, là, maintenant, devant un témoin ? Oh. Non. Il ferma les yeux, l'air souffrant. S'il ne voyait plus rien, peut-être qu'il serait transporté deux minutes dans le passé et qu'il pourait boucler sa putain de bouche.
Il était vraiment con.
Yemeth
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Lun 30 Sep - 19:43
Il se fout ouvertement de sa gueule! Bon, au moins il a la bonté de lui permettre de s'essuyer le visage avec une feuille de papier, en s'amusant toutefois toujours de sa maladresse. Yemeth serait rapidement passé a autre chose si la réplique de Milan ne l'avait pas interloqué. De la coke? Coke avec Honneur dans une seule phrase sonnait faux. Pire encore, il l'avait dit sérieusement, a la volée, mais bien sérieusement.
Tac. Une image lui revient en tête. L'androïde avait découvert une autre facette de lui quand il l'a vu ivre, mais il avait délaissé ce détail. Après tout, les humains qui boivent avec des potes, c'est courant. Voire normal. Cependant plus le temps passe, plus Milan échappe de détails, et plus revient une hypothèse a laquelle il aurait préféré ne pas penser: et si le Croate avait un passif avec tout ça? Jusqu'ici Milan s'est montré patient, aimable, assez soucieux aussi, avec lui. Ajoutons ces rougeurs et cette maladresse qui le prennent lorsque le robot aborde un sujet gênant. Rien qui puisse rappeler une ex racaille des rues qui aurait vu le pire, non? Conclusion trop hâtive. Alors pourquoi ça le taraude. Pourquoi il doute davantage a chaque fois, avant de s'efforcer d'effacer ses soupçons qu'il juge ridicules? Le mieux serait de l'interroger directement. Il ne lui mentirait pas, hein?
Le garçon a les yeux clos, il ne le contraindra pas a le regarder. Il en a envie pourtant, parce qu'un simple regard change tout lorsqu'on attend une réponse. Ou une fausse vérité.
- Miles, tu as déjà..
C'est étrange, ce blocage, cet arrêt.
- Est-ce que tu es déjà tombé là dedans?
C'est inhabituel, qu'il ait à couper une phrase, a tourner les choses de cette façon plutôt qu'être direct. Utiliser les termes correct, il n'y arrive pas. Par peur de remuer un truc embêtant, peut être horrible, il essaie de lui rappeler qu'il n'est pas là pour lui faire la leçon, encore moins pour le juger sur des événements passés, et qui devraient sans doute rester loin derrière.
- Tu ne m'as pas trop parlé de toi, en fait. Si tu veux discuter, je te tirerais pas les oreilles tu sais? Je suis là.
Bien sûr qu'il est là. Il est bien à côté, dans la cuisine, physiquement il est présent.
- Enfin, je veux dire que je voudrais t'aider, si tu en as envie.
Depuis quand est-il lui-même aussi maladroit dans ses gestes, ses propos?
- Excuse moi gaufrette. Ca va..?
Il regrette déjà.
Milan Horvat
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Lun 30 Sep - 21:45
Yemeth ne réagit pas comme il l'attendait. Aucune pique ne vint, le robot resta sage sous ses tapotements. Pour un peu, il aurait presque l'air distrait, mais tout le monde sait qu'un robot ne peut pas avoir la tête ailleurs. Milan se mordit la lèvre inférieur, ses mouvements doux ralentis par ses hésitations toujours plus longues à continuer. Ce silence, ce n'était pas normal. Avait-il vexé l'androïde ? Il s'était révélé être assez caractériel. Ou peut-être était-ce une caractéristique des machines : elles sentent la peur, la nervosité, le stress. Les imprimantes sont les plus sadiques de toutes. Yemeth a peut-être un peu d'elles dans ses codes.
Heureusement, celui-ci est plus bavard qu'elle. Il prononce son nom, ce que Milan choisit d'interpréter comme un bon signe : il n'a rien commis d'irréparable. Sinon il l'insulterait, non ? C'est ce que font les gens. Peut-être a-t-il été trop cavalier en voulant l'aider ? Peut-être qu'il aurait juste du lui tendre le papier, ou juste prétendre ne rien avoir remarqué ? Il a la gorge sèche tout à coup, et plus aucune envie de rire. Surtout lorsque l'androïde s'interrompt de lui-même, hésite, et change la formulation de sa phrase.
- Tombé dans la farine ? - répond-t-il avec un sourire hésitant alors que sa main retombe près de son flanc. Il joue au con. Il s'achète du temps.
Est-il vraiment en train de lui demander s'il s'est drogué ? Ah. Il a envie de rire à nouveau finalement, un rire sans joie, un ricanement dérangeant, qui exprime plutôt le dégoût de se faire avoir par un monde sans coeur. La colère qui l'étouffe et l'incompréhension qui le torture. Un ricanement qui veut juste demander : "pourquoi s'acharner ?"
Yemeth continue, ses yeux rouges cherchant de manière hésitante les siens chocolat. Le rouge est une couleur violente. Démoniaque. Passionnelle. Milan l'aime, cette couleur. Sentir qu'on est vivant parce qu'on a mal, parce que ça brûle, parce que ça blesse. Parce que ça vous force à prendre une grande inspiration, à chasser cette chape de plomb qui vous cloue au sol. Il se sentait tellement léger ces soirs-là. Tellement bien, tellement vivant. Le corps libéré de ce poids écrasant.
Le Croate croise les bras, se ferme. Il n'aime pas la tournure que prend la discussion. Et Yemeth qui se comporte en bon robot, toujours prêt à apporter son aide et son soutien aux humains. Il est trop gentil. On l'a fait trop gentil. Le monde le boufferait, s'il était humain.
Le garçon garde la tête haute, dominant par sa taille l'androïde. Il n'aime pas ce sujet, n'aime pas y repenser, n'aime pas mettre des mots dessus. Mickey avait mis des mois à l'apprivoiser, à lui faire cracher à contre-coeur le pouvoir que cette addiction avait sur lui. Avait mis des mois à le convaincre de se sevrer.
C'était derrière lui, n'est-ce pas ? Loin, loin, aussi loin que peut être la Croatie du Canada... Et c'était Yemeth qui se tenait là, dans sa cuisine à lui. Yemeth qui disait être là pour l'aider si lui le voulait. Qui jamais ne forçait.
- Je vais bien Yem'. - croasse-t-il, ne sachant s'il doit rire ou pleurer. Il hausse les épaules. - J'suis pas... particulièrement expansif sur ce sujet, on va dire. Tu veux savoir quelque chose en particulier ? A part pour... ben, pour la coke ?
Une grande inspiration. Les muscles de ses bras se contractent malgré lui. Il devrait lui dire. C'est ce que font les gens honnêtes, non ? Oh, et pourquoi exactement devrait-il être honnête face à un robot, hein ? Parce qu'il le mérite ? Parce qu'il le supporte ? Parce qu'il le tolère ? Non, ,Yemeth serait incapable de faire semblant d'apprécier sa présence, et même, ce serait complètement malsain d'être si proche physiquement de quelqu'un qu'on n'apprécie pas ! Milan se raidit en repensant à leurs baisers, jette un coup d'oeil hâtif vers là où il s'est retrouvé coincé sous l'androïde. Non, Yemeth n'est pas capable de pousser le vice jusque là.
- Yem'... Pourquoi je ne peux pas rester simplement un pâtissier sans histoires ? - il lui lance un regard implorant, ses mains tombent de chaque côté de lui. Il n'a pas envie d'être honnête, il déteste l'être, ça fait mal, trop mal d'ouvrir les yeux sur ce qu'il est vraiment. Et pourtant... Il voudrait l'être juste une fois, juste pour Yemeth.
Un sourire vide sur les lèvres, il tend une main vers l'androïde et l'attrape par un pan de sa chemise. Il ne veut pas le voir fuir.
- Parfois... Je pense que je devrais être l'androïde et toi l'humain. Tu serais bien meilleur que moi.
Yemeth
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Lun 30 Sep - 23:19
"C'est ça, oui, dans la farine", s'est-il retenu de répondre tandis qu'il essayait d'imiter le faible sourire qui se dessinait sur les lèvres de Milan. Il n'ose pas briser le silence, de peur que quelque chose ne se casse en lui. Il se sait plus petit, incapable de blesser malgré sa force, pourtant. Il est le seul a devoir craindre qu'on le détruise un jour, peu importe la raison. Parce qu'il serait obsolète, parce qu'il serait défectueux, plus lui-même, pour récupérer des matériaux pour un autre androïde, meilleur, parce qu'il ne plait pas, ou pour le simple plaisir de lui arracher ce qui n'est même pas une vie. Yemeth ne pourrait jamais ne serait-ce qu'abîmer un poil un humain. C'est dans sa conception, dans les lois primaires qui sont encrées en lui. Non. En fait c'est plus que ça. C'est dans ses principes. Intégré dans le courant qui le traverse a tout moment. C'est dans sa nature profonde.
Milan lui dit oui, mais il perçoit un non dans sa voix, sur ses traits. Il ne va pas aussi bien qu'il le prétend. Un aveugle l'aurait deviné. Et dieu sait a quel point Yemeth peut l'être, aveugle. Bête. Le comble pour une machine souhaitant faire au mieux pour prendre soin des humains, hein? Le comble pour un ordinateur sur pattes capable de faire des calculs instantanés, intégrer des centaines de milliers d'informations et s'en rappeler tout le long de son existence sans qu'aucun souvenir ne se dégrade.
Yemeth se sent froid, glacial. Un tas de scénarios, de scénettes, d'hypothèses, tournent et passent dans sa petite tête, mais rien ne convient. Il ne trouve rien de correct pour expliquer cette situation, ainsi que cette sensation d'impuissance face a Milan qui a fait tellement pour lui. Que veut il savoir? Mais tout. Absolument tout. Ce qui semble être une question le laisse démuni. L'androïde réfléchissait, pensait répondre, mais se ravisait aussitôt.
Lorsqu'une main vient agripper un morceau de sa chemise, un poids s'écrase brutalement sur sa boîte vocale, l'étouffe. Etrange impression, curieuse sensation, pour un être fait de métal, incapable de ressentir réellement les choses. Il sert d'abord les points, incapable de trouver les mots exacts pour exprimer ce qu'il veut. Incapable de trouver les termes les plus justes pour le rassurer, lui faire retrouver le sourire, chasser cette atmosphère lourde. C'est de sa faute, il n'aurait pas du l'interroger. Il aurait dû faire comme il le fait d'ordinaire, dériver sur une plaisanterie stupide. Milan aurait ri de lui, ils se seraient lancés dans la préparation des gâteaux et hop. Basta.
Non. La culpabilité le ronge comme un acide. Yemeth pourrait presque sentir une odeur de putréfaction émaner de lui. Il pourri sur place. C'est une abomination. Une erreur. Un monstre. Quel déchet parviendrait à autant rendre mal un ami, hein?
- Non, gaufrette.
Après hésitation, il fini par lever lentement sa main gauche pour la poser sur celle tenant sa chemise.
- Sans toi je n'en serai pas là. Je n'aurai pas eut autant de liberté, je n'aurais jamais connu tout ces joyeux petits moments lorsqu'on chahute. Sans toi j'en serai encore au stade de grille pain! Une fonction, pas de place pour des émotions, ou ce qui s'en rapproche... puis zou, a la casse sans jamais avoir vécu juste un instant de bonheur. Sans avoir eut la chance de faire un choix par moi même, parce que je l'aurai voulu moi. Pour moi.
Il se sent ridicule, mais ça lui est venu naturellement.
- Je te suis redevable, gaufrette. Tu es quelqu'un de bien. Tu fais toujours de ton mieux.
Alors que ce doit être tellement plus difficile pour lui, humain, submergé plus ou moins par un tas de sentiments depuis son premier jour. A partir de zéro, se débrouiller, grandir. Yemeth, lui, a commencé déjà à l'état adulte avec un tas de bases. Il était déjà destiné a tenir un rôle précis, prédéfini. Les humains, eux, doivent tout apprendre, retenir, faire des concessions, choisir leur voie parmi des centaines. Certains sont faits pour vivre ce qui les passionnent, et d'autres... souvent, se retrouvent contraints de faire ce qu'ils détestent. Une machine, on la fabrique, tout est déjà fait et prévu. Un humain se construit au fur et a mesure, peut faire des erreurs, doit se corriger, parfois reprendre du tout début, tout recommencer. Encore. Jusqu'à la réussite. Tellement plus de paramètres a prendre en compte.
- Si tu ne veux pas en parler tant pis, on a le temps. Demain, après demain, dans un mois, un ans... peu importe. Ca ne dépend que de toi. Si tu veux on peut parler d'autre chose? Tu peux me raconter... eh bien.. ta première aventure, tient!
Il esquisse un sourire qui se veut rassurant, moins hésitant que le premier.
- Non, pas ton aventure pokémon. Tu m'expliqueras comment tu as appris à embrasser comme ça, don juan, hein?
Sa tentative de se montrer plus spontané débouche sur un échec qui lui renvoie de lui l'image d'un crétin un peu trop insistant. Il ôte alors sa main de celle du garçon, craignant de se planter, encore.
- Enfin, on a toujours ta recette aussi! Si tu es toujours partant?
Milan Horvat
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Mar 1 Oct - 18:04
En proposant à l'androïde cet atelier cuisine, Milan avait juste en tête un après-midi de détente. Un moment léger et tranquille. Il aurait eu plaisir à lui enseigner une recette de son pays d'origine, il aurait même pu lui apprendre quelques mots de sa langue maternelle. C'était quelque chose qu'il appréciait, d'enseigner, ça lui donnait l'impression d'être utile. Mickey disait que ça l'aidait à se valoriser. Il disait aussi qu'il fallait arrêter d'estimer sa valeur en fonction de ce qu'il pouvait apporter aux autres, mais ça, c'était une autre discussion. Milan l'évitait en hochant la tête et en partant s'occuper de tâches pas nécessairement utiles, mais brusquement très importantes à accomplir.
La situation lui avait échappée, comme d'habitude. Un après-midi confessions, c'était loin, très loin, d'un atelier cuisine entre deux... amis ? Un peu plus, un peu moins ? S'il voulait jouer au chieur, il pourrait débattre longtemps sur la trop grande importance accordée à l'amour "romantique" par la société. L'amitié était-elle réellement moins précieuse que l'amour ? La piété filiale moins décisive dans la construction d'un être humain que l'amour ? Et l'amour, qu'est-ce que c'était vraiment ? Les gens n'arrivaient même pas à se mettre d'accord sur une description, alors pourquoi lui offrir un rôle si grand dans leur vie ?
Sa main agrippée au tissu de qualité de la chemise de l'androïde et sa gorge serrée auraient pu être des éléments de réponse. Il tressaillit lorsque Yemeth posa sa propre main sur la sienne dans un geste doux. Ses remerciements sont sincères, pourtant Milan a envie de lui rire au nez. Il a l'innocence d'un enfant. Quand on n'a jamais rien connu de douloureux, bien sûr qu'on est heureux de ressentir toutes ces émotions ! On en revient à l'éternelle question : faut-il souffrir d'avoir aimé ou regretter de n'avoir jamais aimé ? Pour le robot, la notion de bonheur remplace celle de l'amour.
Il continue à lui parler doucement, avec une infinie patience. Presque avec tendresse alors qu'il le taquine à nouveau. Milan étreint ses doigts, toujours aussi surpris de ne sentir aucune chaleur émaner d'eux. Il en finit par trouver ça rassurant, parce que c'est tellement "lui". Son sourire vide reste en place alors qu'il lève les yeux vers les siens, heureux de ne pas y lire de pitié. Le robot n'a décidemment pas grand chose ni de l'androïde, ni de l'humain. Un véritable être hybride. Le voilà qui regrette ses paroles, qui comprend qu'il a abordé un autre sujet délicat. Pauvre Yemeth qui vient d'entrer sur un champ de mines. Un programme peut-il connaître la notion de regret ?
Il retire sa main de la sienne. Même s'il n'émet aucune chaleur, Milan en ressent un grand froid. Il entend à peine Yemeth revenir abruptement sur leur plan initial alors qu'il contemple distraitement sa main. Il la serre plusieurs fois, sent les muscles de ses doigts travailler. Il pourrait presque sentir au creux de sa paume le poids de l'ustensile de cuisine à l'usage macabre.
Sans prévenir, il le prend dans ses bras. Plutôt crever. On ne lui prendra pas cette personne. Pour la première fois, peut-être la dernière, il a vraiment envie d'être honnête, de cracher tout ce qui lui est arrivé et de supplier pour être pardonné, au moins une fois, et qui de mieux pour ça qu'une entité pas totalement humaine, pas totalement machine ? Le juge parfait. Impartial, meilleur que celui d'en Haut.
Quand il se recule, il a trouvé la réponse à sa précédente question : parce que les gens ont besoin de se sentir particulièrement spécial dans les yeux de quelqu'un. Et il faudra une intervention divine pour qu'il laisse un jour disparaître cette lueur dans les yeux de Yemeth quand il le regarde. Ou plutôt, qu'il laisse quelqu'un d'autre que lui l'éteindre à grands coups de vérité qui blesse. De "révélations". Parce que tout se sait un jour. Ses lèvres se retroussent malgré lui, son accent croate se fait insupportable à l'oreille alors qu'il s'emporte. Pas contre Yemeth, jamais contre Yemeth : contre lui-même.
- Je suis une merde, un bâtard, un menteur, un connard. - il prononce les mots comme d'autres pourraient tirer des balles. Avec rage, avec colère, avec une terrible précision. Il les assène sans jamais fuir le regard de l'androïde. Il voudrait dire tellement plus. Lui faire comprendre cette douleur qui s'est transformé en feu violent, en colère qu'il dissimule de son mieux tous les jours. De la revanche qu'il veut prendre sur tout le monde et sa propre vie. Les mots ne sont pas suffisants.
Alors il s'éloigne et se met à signer. C'est mieux que de les entendre encore, même prononcés par lui. Ces mots sont silencieux, ça leur donne moins de poids. Comme un rêve. Ils disparaissent rapidement dans l'air, à l'inverse des mots prononcés à haute voix qui restent, flottent entre les gens, blessent.
Je suis un orphelin.
Je suis un junkie.
Je suis un voleur.
Je suis allé en prison.
Je suis un meurtrier.
Il se fige alors que ses mains voudraient continuer à signer son désespoir, sa fatigue, sa confusion. J'aime une machine. J'ai peur de moi-même. J'ai peur de la solitude. Je n'arrive pas à respirer. Je suis fatigué, si fatigué...
Je suis encore quelqu'un de bien ?
Yemeth
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Mar 1 Oct - 20:38
Il parle trop, toujours trop. Pour combler un vide. Parce qu'il ignore quoi faire dans ce genre de situation. Parce qu'il ne fait qu'interpréter les choses machinalement, sans être capable de réellement les re-sentir. Parce qu'il n'est rien de plus qu'un instrument. Il se maudit pour ça. Il se sait bavard, trop bavard, mais il parle malgré tout. Pour compenser. Il parle. Encore. Parce qu'il ne peut pas s'exprimer d'une autre façon. Parce qu'il n'a pas ces tics qu'il observe chez eux, chez lui. Ces gestes souvent futiles mais pas dénué de sens. Cette main qui retient un pan de sa chemise noire. Ces doigts qui se contractent et se détendent plusieurs fois. Comment peut-il le comprendre? Yemeth se maudit de n'être qu'un logiciel sur pattes. Il comprend que lorsqu'un humain pleure ça peut être de peine ou de joie. Il sait que c'est un sentiment qui peut être plus souvent néfaste. Et les sentiments désagréables on peut les remplacer par de meilleurs. Mais ce n'est là qu'un bête calcul.
Malgré la résolution du bug une question revient inlassablement: est-il ainsi parce que son concepteur l'a décidé dès le départ, ou l'est-il parce qu'il l'a choisi, lui, de son propre chef? Il est incapable de se mettre a leur place. Incapable de définir ce qui gêne autant le Croate en ce moment. Incapable de définir ce qui le rend aussi mal. Ce qui le pousse a sourire, alors que ce sourire ne correspond a rien.
L'androïde le laisse donc agir a sa guise. Milan aurait voulu le frapper, et l'aurait fait, qu'il n'aurait pas cherché à l'en empêcher. Il ne lui en aurait pas voulu non plus. De toute façon, il n'est qu'une machine. Réparable, remplaçable. Sa mémoire, ses codes, ne lui appartiennent pas entièrement, on peut les lui arracher n'importe quand. Les coller dans un autre pantin de métal, d'acier, de câbles. Peu importe. Milan, lui, non. A la moindre erreur personne ne peut modifier sa mémoire aussi simplement. Personne ne peux le réparer s'il se blesse. Si lui, le blesse. Yemeth reste silencieux, même après l'étreinte. Même après cet enchaînement de mots que le pâtissier utilisait pour se qualifier.
Pourquoi autant de mépris d'un coup? L'homme devenait une boule de nerfs, un mur de haine. Le robot rouge n'ose pas l'interrompre. Il le voudrait, mais pour dire quoi? Pour faire quoi? Comment? Il suit attentivement les gestes, comprend que Milan lui cachait une Histoire plus sombre qu'il n'aurait pu le concevoir. Il regrette davantage de l'avoir poussé à replonger dans ce gouffre.
Il n'est pas question de s'arrêter à ces termes lancés a la volée. "Je suis un meurtrier". Dit de cette manière d'autres pourraient se braquer, s'imaginer milles et un scénarios abominables dans lesquels Milan arbore une expression effrayante en braquant une arme dans la direction d'un innocent. Non. L'androïde, lui, voyait plus loin. Déjà parce qu'il refuserait de croire qu'un garçon comme lui puisse un jour avoir été le monstre qu'il croit visiblement être encore.
- Tu n'es plus un junkie, tu ne voles plus, tu n'es pas en prison, là, maintenant. N'est-ce pas? Tu as déjà purgé ta peine pour tes mauvais actes, n'est-ce pas?
Yemeth n'est plus sûr d'être juste. Il refuserait de croire que Milan ait réellement tué quelqu'un. Encore moins sans raison pour justifier un acte aussi horrible. Son mal-être pourrait parfaitement le pousser a être gratuitement impitoyable dans son jugement.
- Miles.
Il ne le connait pas suffisamment pour affirmer quoique ce soit. Concernant les autres il n'en sait absolument rien. Et il s'en moque en fin de compte. Autant qu'il n'a aucune importance pour ces gens qu'il n'a jamais croisé, vu, entendu, eut n'en ont aucune pour lui.
- Gauffrette.
Les mains du croate semblent toujours levées, prêtes a signer autre chose. Plus de haine, de colère, de culpabilité, probablement. Yemeth n'en est pas certain. Il n'en sait rien. Ou si, il sait que s'il reste figé à distance de Milan, il le regrettera. Il se rapproche donc pour prendre ses mains. Il ne l'empêchera pas de signer si il en a vraiment envie, vraiment besoin. Il ne le retiendra pas d'extérioriser toute cette rancoeur qu'il a dû conserver depuis des années. C'est trop pour un coeur tendre comme lui, hein?
- A mes yeux tu es la meilleure gaufrette du monde.
Milan Horvat
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Mar 1 Oct - 22:10
Un rire désabusé lui échappe. Yemeth est si naïf, si innocent... Il a vécu une existence protégée avec ses Ny, cette famille de bourges qui le fringue comme un pingouin démoniaque, une existence d'esclave inconscient de sa condition. Bien traité car précieux et utile. Il n'était qu'utile. Il espère avoir été au moins utile. Souffre-douleur, c'est une position dans la société, n'est-ce pas ? Oh, il l'a tenu, sa position, il a levé le menton, planté les pieds dans le sol et souffert courageusement parce que... parce qu'il n'était utile que comme ça. Tout le monde a sa place, il y en a qui sont en haut, d'autres en bas, c'est ainsi depuis que la Terre est Terre.
Yemeth... Bien sûr qu'il lui donnera l'absolution. On pardonne tout à nos idoles. On leur trouve des raisons, parfois meilleures encore que celles qu'elles auraient pu trouver par elles-mêmes. Il se dégoûte. Il a l'impression d'abuser de sa naïveté. Il est sûrement le premier humain à le traiter comme un individu, pas étonnant qu'il soit si prompt à lui pardonner. "La meilleure gaufrette du monde"... Il a envie de pleurer. Trop d'émotions contradictoires qui s'affrontent en lui, qui ne demandent qu'une chose : exploser dehors, devant tout le monde et causer le plus de dégâts possible pour se noyer dans le bruit.
- Tu ne comprends pas...
Le jeune homme rit à nouveau, de manière plus désespérée. Il s'est choisi un juge déjà acquis à sa cause. Il le regarde comme une chose intéressante ou un animal particulièrement craintif. Un robot qui essaye d'apaiser un animal farouche... Y'a-t-il seulement une procédure pour ça ? Milan veut juste un avis objectif, un avis tranché. Un pêcheur ou un saint. Une enflure ou un citoyen semblable à tous les autres. En dehors du troupeau ou avec. Yemeth lui tient les mains comme le Pape saisirait celles d'un croyant. Délicatesse, tendresse, gentilesse. Il voudrait les lui retirer violemment. Il l'aurait fait s'il s'était senti prisonnier de ces mains sans chaleur. Milan grince des dents sans chercher à s'échapper.
- Tu ne comprends pas ! - il vocifère soudain, les yeux embrasés par sa vieille rancoeur. Il saisit les mains de Yemeth et les immobilisent dans les siennes. - Qu'est-ce que je dois dire de plus pour que tu ouvres les yeux, hein ? Faut que je te raconte ? Faut que je te montre ? Yemeth, tu dois avoir peur ! - il l'attrape violemment par les épaules et le secoue. - Pourquoi tu veux savoir, hein ? C'est pour me renvoyer là-bas ? - il cesse de l'agiter, ses yeux s'agrandissent alors qu'il pense avoir une révélation. - Putain ! Tu bosses pour les flics ! T'es tellement intelligent, t'es pas que majordome, t'es... putain mais quel con !
Il libère le robot et se retourne vers son plan de travail, jettant au sol les ustensiles qu'il avait soigneusement disposés en avance pour préparer leur après-midi. Le bruit le surprend. Il se fige, son corps seulement secoué par ses grandes inspirations. Ces élans de colère le terrifie tout autant que ses malheureux spectateurs. Il a l'impression d'être habité par elle. Parano. Violente. Blessante. Il a envie de se faire mal, sa main droite se porte instinctivement vers son avant-bras gauche et commence à y enfoncer ses ongles. La douleur le calme.
Haletant, il n'ose pas se tourner pour affronter le regard de Yemeth. L'humain qu'il a choisi d'aduler est un humain cassé. Y'en a tellement de bien, comme Anna, comme Mickey, comme Talulla et son putain de mari... Mais non, il a fallu qu'il tombe sur lui, Milan, le timbré, le p'tit orphelin sourd qui s'est fait cogner et qui s'est mis à cogner en retour. Un grand gamin d'un mètre quatre-vingt et de muscles toniques qui ne comprend rien. Qui tremble dans sa propre cuisine à l'idée de croiser les yeux mécaniques d'un androïde éveillé. Il lui sert de cas d'école.
- J'suis désolé. - sa voix est à peine audible pourtant il a l'impression de hurler, encore. - Je... Les mots ont dépassé ma pensée, ça arrive quand je- quand je m'énerve. J'aime pas... J'aime pas ce sujet Yemeth. Pas du tout. Je... J'aurais pas dû en parler. J'aurais pas dû.
Il a envie de vomir. Ses ongles s'enfoncent jusqu'au sang dans sa peau, il se gratte sans y réfléchir. La douleur, ça l'aide à s'ancrer dans la réalité.
Yemeth
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Mar 1 Oct - 23:17
C'est navrant comme situation. Ne pouvoir rester là qu'en spectateur. Poteau sans âme. Juge corrompu par l'admiration qu'il pourrait lui porter sans s'en rendre compte. Mur glacial. Dans l'incapacité de saisir le pourquoi de cet emportement, de ce rire faux, de cette voix emprunte d'une détresse indescriptible. Les seules difficultés qu'il a pu rencontrer son tellement moindre a côté de celles de Milan. Un robot qui n'a jamais rien connu d'autre que ce à quoi il était prédestiné. Famille aisée, des regards ternes, des voix neutres, une routine quasiment morne, rien de plus rien de moins. Un, deux, trois, comme un disque rayé, refrain qui se répète sans s'épuiser. Un, deux trois, comme une danse, toujours la même. Quotidien immuable. Une boucle. Rien de particulièrement mauvais, rien de particulièrement bon. Une forme de sécurité en dépit d'une condition lui rappelant qu'il ne s'appartient pas. A tout moment elle peut se figer, s'arrêter.
Evidemment, qu'il ne le comprend pas. Pourtant il aimerait tellement. Malheureusement il ne reste qu'un maudis pantin. Un pantin de fer et de polyester au cœur artificiel. Assemblage de câbles et métaux rares. Des codes, une logique écrite, tapée sur un clavier de même espèce que lui.
Evidemment qu'il ne comprend pas. Il ne le connait pas aussi bien qu'il l'aurait voulu. Il n'a de lui que l'image qu'il lui laisse sur le moment lorsqu'ils se voient. Il lui laisse l'image de ce qu'il est avec lui, avec lui seulement. Milan lui a offert tout ce qu'aucun aurait pu ne serait-ce qu'envisager un jour. Milan est devenu ce tout qui créerait un vide immense s'il le perdait. Un vide qu'il ne pourrait probablement pas combler, et qui ne ferait que s'agrandir.
Et là, il s'emporte. Yemeth ne parvient pas a s'imposer, un vague son s'étouffe dans sa boîte vocale rouillée par la honte, enraillé par tant de violence. Avoir peur? Peur de quoi, de qui, pourquoi? Bosser pour la police? D'où est-ce qu'il sortait ça? L'androïde voudrait démentir mais l'homme lui tourne soudainement le dos. Un grand fracas suit. Il ne se crispe pas comme l'aurait fait un humain, un vrai, a cause de la surprise. Il reste là, encore comme un poteau, figé. Planté dans le sol, racines profondément encrées. Ne sachant que dire que faire pour venir en aide à Milan.
Ce dernier s'excuse après un long silence.
- C'est de ma faute. Je n'aurais pas dû te poser la question, je suis le seul coupable. Oublie. Je ne te demanderai plus. Jamais.
Il aimerait s'en rapprocher, être capable de poser même juste le bout de ses doigts sur le dos du Croate, mais il craint encore de faire erreur.
- Je suis vraiment désolé, gau-
A-t-il seulement encore le droit de l'appeler gaufrette? C'était devenu tellement naturel.
- Je suis désolé.
C'est tout ce qui lui viens. La formule n'est même pas exacte. La politesse veut qu'il demande pardon et attende une réponse positive avant tout. Yemeth fini par s'en rapprocher lorsqu'il remarque le comportement auto-destructeur que le garçon a, a se gratter l'avant bras aussi nerveusement. Il accoure pour l'en empêcher. Cette fois, il le retient vraiment. Il ne lui laissera pas l'occasion de se blesser. Lui-même en a fait assez.
- Ne t'abîme pas comme ça!
La peur d'agir de travers ne le quitte pas, elle s'accroche a lui. Toutefois, l'envie de le prendre dans ses bras se faisait plus forte. Il se retient durant plusieurs secondes, croise le regard de Milan, puis le sert finalement contre lui.
- Je suis vraiment désolé. Ne te fais pas mal comme ça. C'est de ma faute. Juste ma faute. Ne te blesse pas, d'accord? Excuse moi gaufrette..
Milan Horvat
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Dim 13 Oct - 22:43
Le silence pèse dans la pièce. C'est comme s'ils étaient sous l'eau. Tout semble ralenti, tout flotte. Le son, le temps, la réalité. Ce silence de mort est seulement troublé par ses halètements. Tout son corps est douloureux, comme s'il avait couru un marathon en quelques secondes. Il a mal à la tête, il n'a plus envie d'entendre quoi que ce soit, pas après le vacarme des ustensiles de cuisine tombant sur le sol. Ses oncles qui s'enfoncent dans sa peau sont tout ce qui le raccroche à la réalité.
Sa gorge est un étau, sa tête une prison, ses ongles des griffes. Sa langue est lourde, il a un goût de métal dans la bouche, le sang lui bat aux tempes. Il n'aurait pas dû, une affirmation qui se répète en boucle, tonitruante, prononcée par des voix qu'il n'oubliera jamais.
Alors que ses ongles tirent le sang, la main froide de Yemeth s'abat sur son bras et l'éloigne de l'autre, rendant impossible le contact. Milan reprend son souffle de manière tremblotante, il ne comprend même pas ce que l'androïde dit. Il croise son regard et brusquement, sent le contact du corps en métal contre le sien. C'est froid, c'est glacé et c'est dur. Il n'y a rien d'humain. Milan devrait s'éloigner aussitôt, le repousser violemment comme il le ferait avec n'importe qui d'autre, mais... C'est Yemeth.
Un androïde éveillé. Un être conçu par un humain pour être meilleur qu'un humain.
Alors il le laisse faire, le regard vide tourné vers le plafond alors que sa cage thoracique continue à se soulever de manière exagérée. Toute la fatigue du monde semble lui tomber sur les épaules, ajoutant encore au poids qui y pèse constamment. Il en a assez. Le goût métallique dans sa bouche le dégoûte, il lui donne de mauvaises idées, comme celle de mordre et de frapper. La violence, c'est un excellent moyen de s'oublier : la rage aveugle qui vous guide, c'est une des meilleures compagnes. Puis il y a l'alcool, la drogue, la douleur... Tous d'excellents paliatifs. Rien d'accessible à cause de ce robot. Grâce à ce robot ?
Milan ferme doucement les yeux et s'oblige à respirer profondément, lentement. Comme Mickey le lui a appris. Stew' lui a également donné quelques techniques. Le moment semble être idéal pour les mettre en pratique. Un, deux, trois, on expire... Un, deux, trois, on inspire... Ses pensées se font plus claires. Il a mal là où il s'est lui-même blessé. En vérité, ce n'est pas grand chose, Yemeth est intervenu avant qu'il ne puisse représenter un réel danger pour lui-même. Cela dit, ça gratte. Et il a toujours cet horrible goût métallique dans la bouche, qui lui colle au palais et aux joues.
Il se détache de l'androïde, sourit - un sourire vacillant, qui ne convainct ni lui, ni Yemeth, mais qui a le mérite d'être esquissé. Les mots ne viennent pas. Il ne pense pas qu'il viendront pour la suite. D'un geste tranquille, Milan retire de ses oreilles ses aides auditives et les rangent dans leur petite boite tirée de la poche arrière de son jean. Il a assez entendu de choses pour aujourd'hui.
Je préfère signer.
Ne sois pas vexé.
Ne sois pas triste.
Je suis juste fatigué.
Ces phrases signées, il se dirige vers le plan de travail de sa cuisine et attrape une plaquette de chocolat, qu'il entame sans état d'âme. Le goût sucré du chocolat noir lui fait un bien fou. Il s'adosse au plan de travail et mâche consciencieusement. C'est tellement agréable d'avoir ce goût en bouche et pas l'autre...
Tu veux toujours apprendre ?
On continue à cuisiner ?
Yemeth
Mails : 144
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Surnom : "ptit sucre" by Milan
Emploi/loisirs : Au service des Ny
Portrait robot :
- Te taquine en #e01e44
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Lun 14 Oct - 18:38
Je me surprend a vouloir cesser d'exister, n'être plus qu'un souvenir pour ne jamais te quitter, ne plus te blesser. Pour que de l'horreur de cette scène qui vie a travers tes iris teintés par toute la haine que pèse ton âme, il n'en reste que les ruines d'un passé qui se meurt. Qu'il disparaisse. Pour que le vacarme de tes peurs qui se fond dans le silence de ton heur, se taise à jamais. Que je puisse combler ce vide qui t'anéanti. Si j'aimerai compter a tes yeux, ça n'est que pour dénombrer tes infinies qualités. Que tu sois en mesure de les remarquer. Je me surprend a vouloir devenir ce rien que tu regarderais sans voir, que tu écouterais sans entendre, que tu sentirais sans toucher.
Que les pensées restent ce qu'elles sont.
Milan ôtait ses aides auditives. Il lui dit qu'il n'a pas lieu de se vexer, mais il se sent mal. Yemeth a la trop forte impression de n'être qu'un poison pour lui. D'abord le présent, qui au début la mit mal a l'aise. Puis le sujet qu'il n'aurait pas dû aborder, et qui l'a mis en colère. Qu'est ce que ça serait la prochaine fois? La culpabilité le ronge davantage a mesure que le pâtissier essaie vainement de lui sourire.
Autant d'esquisses sur la pointe d'un crayon un peu trop bien taillé, qui percerait une feuille vierge aussi bien que le ferait un cutter parfaitement aiguisé. L'androïde revient a la réalité lorsque l'homme l'invite a reprendre leur activité, comme si rien était arrivé. Comme s'ils étaient toujours le garçon timide et la machine froide. Le sont ils encore?
- Gaufrette... est-ce que toi tu en as envie, de continuer?
Il se rappelle aussitôt qu'il ne sert a rien de parler, alors il signe, une fois pour se répéter. Puis une seconde fois pour s'excuser a nouveau. L'angoisse l'étreint, l'étouffe.
Est-ce qu'il est fatigué de lui? De ses questions? De ce qu'il est? Ce qu'il fait? Dit? Est-ce qu'il le déteste un peu, beaucoup, énormément? Comment est-ce que ça a pu déraper autant.
Il en avait oublié le cd, les paroles d'une chanson qui s'évaporent non loin d'eux. Pas un mot ne s'arrêtera dans sa mémoire puisque toute son attention se porte sur Milan. Il devrait se concentrer sur autre chose. C'est toujours la solution, non? Faire un truc pour un laisser un autre de côté, jusqu'à ce que ça revienne comme un refrain, qu'on le châsse alors qu'on sait pertinemment que ça nous hantera tant qu'on ne s'y sera pas attardé pour résoudre le problème. Yemeth est et restera un lâche après tout.
Milan Horvat
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Lun 14 Oct - 22:05
Les lèvres de Yemeth bougent, Milan est reconnaissant de n'entendre que le silence. Oh, il pourrait lire sur celles-ci, bien sûr, mais là, tout de suite, il n'a vraiment pas envie d'en faire l'effort. L'après-midi a pris une tournure complètement imprévue, pas franchement bienvenue. Tout aurait dû se passer comme dans une de ces séries qu'on voit à la télévision... Un cours de cuisine entre "amis". Ils auraient ri, se seraient moqués l'un de l'autre, auraient échangé quelques ragots... Et il avait tout gâché avec sa sensibilité d'enfant fragile. Quel champion.
Il observe d'un air distant Yemeth signer ses questions. Il se sent vidé de toute énergie et pour être honnête, il n'a même pas la force de réagir à ce qu'il lui demande. Le grand dadais se contente d'être debout et de le regarder. Ne pas avoir sa voix en bruit de fond est presque étrange. Yemeth parle tout le temps, un peu comme Mickey, ou comme Stewart. Peut-être a-t-il une affinité particulière pour les moulins à paroles. Peut-être qu'ils l'aident à combattre le poids du silence. S'il en avait le courage, il se pencherait là-dessus, il y a sûrement quelque chose à comprendre là-dedans. Pas aujourd'hui. Demain peut-être ?
C'est un synonyme de jamais.
Moi, j'ai envie de continuer.
Continuer à l'avoir près de lui.
J'ai faim.
Ce n'est pas vrai. Cependant, il lui faut bien une excuse pour inciter l'androïde à rester avec lui. Il lui sourit gentiment et l'invite à se rapprocher d'un geste de la main. Il lui indique ensuite une feuille de papier où il a gribouillé ce qui lui reste des étapes de la recette. Juste au cas où, il avait peur de sécher en face de lui. C'aura été une bonne initiative.
Pendant que l'androïde déchiffre ses pattes de mouche, Milan ramasse les ustensiles de cuisine tombés au sol. C'est tellement reposant de ne pas entendre les bruits de ceux-ci quand il les repose sur le plan de travail... Il a l'impression d'évoluer dans du coton. La fatigue y joue sûrement un grand rôle. Les muscles de ses bras et de son dos sont courbaturés. Il faut dire qu'il s'est crispé d'un seul coup, ça a été assez violent pour son corps. Le voilà qui passe à l'âge des seniors...
Quand il a terminé son rangement sommaire, le garçon se tourne vers l'androïde et vient l'aider avec les premières étapes. Il se lave consciencieusement les mains. Ses yeux sont attirés par les stries rouges qui habillent son avant-bras droit. Un souffle moqueur lui échappe. C'est vraiment... Il pensait que c'était derrière lui. Il faut croire que ça ne s'en va jamais vraiment. Il hausse les épaules puis s'essuie les mains avant de se retourner vers Yemeth. Il choisit de signer la première question qui lui passe par la tête.
Tu as appris à signer pourquoi ?
Tu ne sais pas que je suis sourd.
Je ne te l'ai jamais dit.
Yemeth
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Lun 14 Oct - 23:28
D'abord tenté de travestir la réalité pour lui servir une histoire un peu bête mais susceptible de lui décrocher un sourire sincère, Yemeth décide finalement de lui livrer la vérité. A quoi bon chercher à dévier sur un sujet différent sans aucune raison? Il n'est pas question non plus de le taquiner. Ce n'est plus le moment. C'est le moment de quoi, alors? Hormis être celui des confessions déprimantes qui déboucheront sur une scène de ménage tragique? Milan a eut sa dose.
Il y a quelques temps j'ai été engagé par quelqu'un pour veiller sur un garçon qui préfère signer plutôt que parler. Pour l'aider et pour ne pas trop lui faire entendre ma voix. Pour qu'il ne soit pas mal à l'aise. J'ai appris.
Ce qui est assez dérisoire quand on sait que ses couleurs rouges flashy ont définitivement aveuglé le pauvre Numa. Si déjà elles n'ont pas eut raison de lui, c'est probablement parce que sa tolérance au flashy n'est pas trop basse.
C'est un garçon un peu.. particulier, va-t-on dire. Il est gentil.
L'androïde marque une pause, hésitant, avant de reprendre:
Tu te souviens de ce jour, où on a réglé le problème dans mes codes? Tu m'en a parlé. Tu m'as dis que tu as attendu tes huit ans avant de pouvoir entendre pour la première fois. Alors j'ai appris encore, plus, pour être certain que tu comprendrais lorsque je signerai. Et pour te comprendre toi, aussi.
Probablement par peur de trop replonger dans le passé de Milan, qui semble être un sujet particulièrement délicat, Yemeth va pour attraper une casserole qu'il remplie d'eau à faire bouillir. Il cherche le sucre du regard tandis qu'il réfléchi au peu qu'il a pu en apprendre du pâtissier aujourd'hui, autant que les jours précédents. Ce ne sont que des fragments, mais il parvient a assembler les pièces une a une. Un jour il reconstituera ce puzzle, et il y verra sans doute plus clair.
Lorsque le Croate s'approche a nouveau il ne se retient pas de poser sa tête contre son épaule. Ne pas pouvoir se faire entendre a du bon en fait. Au moins il ne débite pas un nombre incalculable de connerie. Moins de risque de se planter. De blesser. Et puis... il peut profiter de ce silence pour exprimer ce truc qui coince depuis plusieurs jours. Ce morceau de quelque chose qu'il ne parvenait pas a définir jusqu'à que ça sorte comme ça. Sans qu'il ne s'en rende réellement compte. Milan n'en saura rien de toute façon. Qu'il se trompe ou que soit vrai, ça n'a aucune importance. Les mots se perdront dans le vent, dans le rien.
- Je t'aime tu sais..
Les yeux rivés sur l'eau qui boue lentement, machinalement, il passe à autre chose. Le sucre, donc.
Milan Horvat
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Jeu 24 Oct - 17:42
Attentif aux signes qu'esquisse de manière fluide l'androïde, Milan suit avec intérêt l'histoire qu'il lui raconte. Toujours dans le don de soi, ce robot. S'il avait été humain, il se serait sûrement spécialisé dans l'assistance. Infirmier, assistant social, psychologue ? Tout est possible. Peut-être même serait-il rentré dans les ordres. Dans ce cas-là, ce qui se passe aujourd'hui entre eux serait tout à fait… eh bien, contre ses vœux d'une part. Et en parlant de vœux, sans s'avancer sur celui de la chasteté, Yemeth serait bien incapable de tenir le vœu de silence. Ça peut être handicapant pour un religieux, du coup il aurait sûrement été orienté vers autre chose. S'il avait été dans les forces de l'ordre ? Milan secoue imperceptiblement la tête. On aurait eu droit à une sorte de réécriture de Roméo et Juliette.
La description de son « client » est brève. Milan se demande s'il le décrit de la même manière succincte : ça l'arrangerait. Il n'aime pas qu'on parle de lui. Il n'aime pas qu'on en sache trop sur lui. C'est un vieux réflexe, on garde la tête basse, on avance silencieusement, sans jamais attirer trop d'attention. Moins les autres en savent, plus il est libre d'agir comme il le souhaite. Que Yemeth le décrive comme « le pâtissier qui s'est blessé », ça lui convient parfaitement.
J'espère qu'il est gentil avec toi aussi. signe-t-il en retour, la tête légèrement penchée d'un côté. Le silence lui fait un bien fou. Il offre un sourire au robot pour l'encourager en le voyant hésiter sur les prochains signes. Pour sûr, ça ne sera pas une autre question sur lui ou son passé. Il en a assez parlé pour le mois. Peut-être pour les trois prochains.
Yemeth se lance finalement. C'est comme une pelote de laine qui se déroule et qui se termine avec un Milan rose d'émotion. Il a appris pour un autre, mais il s'est perfectionné pour lui. Pour être sûr qu'il puisse toujours le comprendre. C'est tellement généreux, Milan n'a pas les mots pour exprimer sa reconnaissance. D'être placé dans les priorités de quelqu'un, ça ne lui est arrivé que quelques rares fois. Que Yemeth l'estime suffisamment important pour faire des efforts avec son confort à lui en tête… Milan baisse la tête, aussi bien pour cacher son embarras que son sourire de bienheureux.
Ils reprennent leur recette là où ils l'ont laissée. Pas bien loin, donc. Ils s'affairent de leur côté, chacun trop conscient de la présence de l'autre près d'eux. C'est paisible tant ça semble naturel. Le calme après la tempête.
Milan s'approche pour observer l'eau qui boue. C'est un processus tellement bruyant d'ordinaire, c'est presque hypnotisant de le voir sans le son. Yemeth en profite : sa tête vient s'appuyer naturellement contre son épaule. Milan se fige quelques secondes avant de lentement se détendre. Il a la taille idéale. Comme si il avait été conçu pour ça.
Ils restent un long moment comme ça, immobiles, à fixer bêtement l'eau où apparaissent peu à peu les bulles. Milan profite de ce contact physique. Il respire doucement, calmement. Ça lui fait du bien. Yemeth est froid, comme d'habitude, et lourd. C'est un peu comme si votre frigo s'appuyait contre vous, sauf que ce frigo est capable de se mouvoir et de vous répondre. Et de vous rouler une pelle. Milan expire par le nez, amusé par ce détail qui a tout de même son importance.
Il se concentre sur sa respiration, sur les grains de sucre qui s'échappe du récipient que verse doucement Yemeth. C'est drôle, d'être à deux et de n'avoir qu'un seul rythme de respiration. Milan trouve ça… reposant. Apaisant. Il est le seul humain, le seul faillible, le seul égoïste. Il n'est pas parfait, mais son compagnon l'est, ou quasiment. Avec un peu de temps et son aide, il le sera totalement. Un nouveau sourire lui échappe. Il aime vraiment cet étrange androïde qui s'est invité dans sa vie.
Timidement, il appuie son menton sur sa tête et attire son attention sur ses mains.
Excuse-moi de t'avoir fait peur.
Un jour, peut-être…
Je pourrais en parler.
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